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mardi 18 janvier 2011

Le livre et le numérique

Livres au coeur

-"Mettez des livres partout..." (V.Hugo)
-"Quiconque veut assurer son pouvoir sur autrui s'emploie à le maintenir dans l'ignorance. Par la censure ou l'autodafé, bien des despotes ont voulu faire taire les livres, la subversion de l'écrit." (Manguel)







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Diffuser largement les livres, encourager le lecture.
. Oui, mais, sous quelle forme? quand aujourd'hui d'autres supports que le papier peuvent et pourront de plus en plus nous donner accès aux trésors écrits du passé et aux créations du présent?
Faut-il exclure l'un au détriment de l'autre?
Faut-il craindre le livre numérique? Peut-il mettre en péril l'analogique?

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Doit-on défendre le papier contre l’électronique , dont la création et le développement semblent marginaliser le livre traditionnel, qui permettrait une lecture différente, un accès au savoir d'une autre nature, que la dématérialisation viendrait compromettre?
____On pèse le pour et le contre, dans le manque de recul que nous avons encore, car les technologies du numérique bougent très vite

"On a comparé l'apparition d'Internet avec l'idéal des Lumières, c'est à dire que c'est un savoir universel, encyclopédique et accessible à tous.
Avec l'édition sur Internet on a des avantages mais aussi des inconvénients.
Les avantages c'est qu'il y a une interactivité possible, une universalité des connaissances, une plus grande liberté d'accès aux connaissances et le fait que le livre se soustrait au monde commercial.
Les inconvénients c'est que l'accès est de moins en moins gratuit et il y a des concentrations importantes internationa
les qui ont tendance à verrouiller l'offre.
On se retrouve avec des choix culturel imposé (par exemple : la dominance de l'anglais et de l'américain).
La diversité culturelle devient moins importante.
L'apparition du texte électronique va modifier notre façon de lire.
Avec le livre on a une lecture linéaire (début, milieu et fin), alors qu'avec Internet on a une lecture non linéaire, plus fragmentaire.
Ce sont nos choix personnels qui font notre lecture, c'est le lecteur qui fait l'œuvre.
Deux lecteurs n'auront jamais lu le même livre de la même façon.
Le lecteur est beaucoup plus acteur mais c'est moins riche de sens.
L'hypertexte produit l'hypolecture, c'est à dire un niveau de lecture inférieur à celui du texte imprimé donc le type de lecture change.
Le texte électroni
que pose aussi le problème de la conservation et de l'archivage des textes puisque le texte électronique est beaucoup plus mouvant, un site peut changer chaque jour son contenu, on n'a pas la mémoire du passé.
Il y a des accès à des banques de données, des archivages mais ce n'est pas quelque chose de matériel ce qui fait que lorsqu'on se désabonne on n'a plus accès à tout ça.
Pour le patrimoine, Internet est un excellent outil.
Le serveur de la BnF par exemple propose des œuvres numérisées gratuitement (www.bnf.fr)
Il y a l'apparition ces dernières années de nouveaux supports qui ont essayés de marier le support du livre et le texte électronique : le e-book, le e-cartable et le e-ink
..." (Roger Chartier)
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Le débat est toujours en cours, renforcé par la peur bien présente et fondée du risque de la privatisation des oeuvres, de la googelisation généralisée, pour le plus grand profit d'un monopole, aux ambitions financières apparemment sans limites.
Google s'avance comme une pieuvre pour phagociter toutes les productions littéraires mondiales et, pour l'instant, compte le nombre de livres dans le monde . Une entreprise gigantesque qui ne semble pas sans danger dans notre rapport même au texte, au savoir.
Est-ce que Google nous rend idiot ? se demandent certains...


_______Et si c'était un faux problème?
Dans un récent livre, Apologie du livre , Robert Darnton pose le problème en termes plus distanciés, moins passionnés.
Cet homme de caractères, conservateur d'une des plus grandes bibliothèque du monde, prône un équilibre entre les deux formes de transmission de la culture. Deux formes qui peuvent utilement se compléter et se renforcer à ses yeux, à certaines conditions, considérant que la crainte de voir le livre disparaître, écrasé par le rouleau compresseur du numérique, relève du fantasme. A condition que des projets comme ceux de Google n'aboutissent pas.
Pour lui, une cohabitation des anciennes pratiques de lecture est compatible avec les nouvelles qui s'installent. L'information n'est pas le savoir
"En son temps, la bibliothèque d'Alexandrie rassemblait, dit-on, 70 % de toutes les connaissances de l’humanité. Aujourd’hui, le défi de l’ère numérique est de faire encore mieux – et pour plus longtemps... "
(Digital Libraries Initiative )
Optimisme exagéré? Pari sur l'avenir?
Bilan dans quelques décennies...
_____________________________En tous cas, la lecture est un acte complexe, historiquement déterminé, comme l'a bien montré Manguel (extraits). On indique et expérimente combien elle reste encore mystérieuse, tout autant que nécessaire.
Qu'est-ce que lire ?
Une activité qui reste encore à élucider...

"...
Ceux qui considèrent les détracteurs d’Internet comme des béotiens technophobes ou passéistes auront peut-être raison, et peut-être que de nos esprits hyperactifs, gavés de données surgira un âge d’or de la découverte intellectuelle et de la sagesse universelle. Là encore, le Net n’est pas l’alphabet, et même s’il remplacera peut-être l’imprimerie, il produira quelque chose de complètement différent. Le type de lecture profonde qu’une suite de pages imprimées stimule est précieux, non seulement pour la connaissance que nous obtenons des mots de l’auteur, mais aussi pour les vibrations intellectuelles que ces mots déclenchent dans nos esprits. Dans les espaces de calme ouverts par la lecture soutenue et sans distraction d’un livre, ou d’ailleurs par n’importe quel autre acte de contemplation, nous faisons nos propres associations, construisons nos propres inférences et analogies, nourrissons nos propres idées. La lecture profonde, comme le défend Maryanne Wolf, est indissociable de la pensée profonde.__Si nous perdons ces endroits calmes ou si nous les remplissons avec du “contenu”, nous allons sacrifier quelque chose d’important non seulement pour nous même, mais également pour notre culture. Dans un essai récent, l’auteur dramatique Richard Foreman décrit de façon éloquente ce qui est en jeu :
“Je suis issu d’une tradition culturelle occidentale, pour laquelle l’idéal (mon idéal) était la structure complexe, dense et “bâtie telle une cathédrale” de la personnalité hautement éduquée et logique, un homme ou une femme qui transporte en soi-même une version unique et construite personnellement de l’héritage tout entier de l’occident. Mais maintenant je vois en nous tous (y compris en moi-même) le remplacement de cette densité interne complexe par une nouvelle sorte d’auto-évolution sous la pression de la surcharge d’information et la technologie de “l’instantanément disponible”.” (N.Carr)

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- Libraires: encore un effort pour être numériques

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