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mardi 19 juillet 2011

Démystifier le PIB


"La France produit trois fois plus qu'il y a trente ans. Sommes-nous trois fois plus heureux?...les richesses sont-elles mieux réparties?" (E.Joly)
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____Le PIB, utile outil économique, mais indicateur imparfait de croissance, apparaît souvent comme une notion fétiche, une sorte de référence absolue, par laquelle on juge la richesse d'un pays et souvent sa qualité de vie.
Or, cette
notion est à revoir.
Le PIB est une mesure de la valeur de l'ensemble des biens et services produits sur le territoire d'un pays donné au cours d'une période donnée . C'est essentiellement une valeur comptable.
Elle ne reflète en rien la valeur d'une société, la qualité des rapports sociaux.
Elle peut même paradoxalement représenter une absence de progrès social. "Imaginons, disent Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice.. que « si un pays rétribuait 10 % des gens pour détruire des biens, faire des trous dans les routes, endommager les véhicules, etc., et 10 % pour réparer, boucher les trous, etc., il aurait le même PIB qu'un pays où ces 20 % d'emplois (dont les effets sur le bien-être s'annulent) seraient consacrés à améliorer l'espérance de vie en bonne santé, les niveaux d'éducation et la participation aux activités culturelles et de loisir."
_ Le bonheur ne se mesure pas, si on ne craint pas d'affirmer un tel truisme, qu'expriment tant de remarques de bons sens populaire.
Il n'est donc pas dans le PIB : "L’interprétation des données de satisfaction de vie, comme de toutes les enquêtes d’opinion, est délicate, notamment parce que les normes sociales de bien-être sont évolutives. On n’est peut-être pas plus « heureux » aujourd’hui en disposant de deux fois plus de biens qu’en 1970, mais si nous étions contraints d’en revenir au niveau de vie de 1970, nul doute que la majorité d’entre nous estimerait que son bien-être est affecté. Il en va de même des comparaisons entre pays : le bien-être subjectif est plus élevé au Honduras (et dans d’autres pays d’Amérique latine) qu’en France, alors que le PIB/h y est dix fois inférieur, mais les Français apprécieraient peu les conditions de vie qui règnent dans ce pays."
__________ _Dans un discours étonnant, à l'Université du Kansas, Bob Kennedy, Le 18 mars 1968, quelques semaines avant son assassinat, Bob Kennedy disait:
Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l'air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants.
En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue”.

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