___La montée des inégalités et la contestation sociale ont produit leurs effets:
Une modification sensible de l'échiquier politique.
Mais quelle en sera la portée?
__La croissance économique de type néolibéral a mis à mal les plus démunis, surtout dans la population arabe, mais a touché aussi les classes moyennes, qui ont été amenées, après les mouvements sociaux inédits de l'année dernière, à modifier leur vote:
"Cette fameuse classe moyenne censée s'être irrémédiablement éloignée de la politique, et qui ne voulait plus rien entendre du
conflit avec les Palestiniens, se mobilise aujourd'hui uniquement sur
les questions sociales et économiques, sur le front intérieur... C'est
elle qui paie les impôts. Et qui en a marre de payer pour les colonies
et l'armée, qui absorbent une grosse part du budget. Ils se dressent
aussi contre les ultra-orthodoxes, et contre ceux qui ne travaillent
pas. Tous ne le formulent pas ainsi, mais au fil de manifestations, les
cibles du ras-le-bol sont néanmoins bien identifiées. Les manifestants
reprochent aussi au gouvernement et aux promoteurs d'avoir construit
quantité de logements pour les juifs français et américains, en vacances
en Israël 15 jours par an, et qui ont fait grimper le prix de
l'immobilier. Et puis, il y a la critique du libéralisme économique, qui
monte en Israël depuis plusieurs années, et dont Nétanyahou incarne le
symbole. De ce point de vue, on peut noter le lien qui est fait par une
minorité entre la demande d'un Etat providence, et d'un Etat davantage
démocratique.» (Marteu)
___Le succès de Lapid, peut-être temporaire, ne doit pas faire illusion: cela ne modifiera que peu les fondamentaux de la vie israëlienne, car la droitisation de la société israëlienne, avec le renforcement de Naftali Bennett, est bien réelle, les partis religieux n'ont pas perdu de terrain et sur le conflit avec les Palestiniens , le grand oublié, il n'y pas d'avancée à attendre: le maintien des principaux blocs de colonies en Cisjordanie n'est même pas contesté.
Rien ne changera en profondeur, aux yeux de certains Israëliens comme Zee Sternhell tant que la droite israëlienne, dans l'intérêt du pays, ne remettra pas en question sa gestion, à terme suicidaire, du conflit palestinien.
___L'extrême fractionnement de la Knesset ouvre la voie aux extrêmes.
«Tant que l’on ne modifiera pas notre système d’élection à la proportionnelle, on aura ces problèmes de coalitions instables», estime la chercheuse Tsilla Hershco,
du Begin-Sadat Center for Strategic studies. Depuis sa création, Israël a
poussé à l’extrême le concept de régime parlementaire en adoptant la
proportionnelle intégrale. Or, en soixante années d’existence, la
population israélienne a été multipliée par 10 – Israël compte 7
millions d’habitants en 2008 –, le sionisme socialiste fondateur a
largement perdu de son influence et le contexte régional a largement
évolué. Mais pas le système politique. «Le
paradoxe est impressionnant : pays jeune, pays neuf, Israël est réputé
pour sa capacité d'innovation dans tous les domaines, hormis son système
politique qui est demeuré à peu près identique», écrivait Denis Charbit, maître de conférences en sciences politiques à l'Open University d'Israël, dans un article publié l’an passé dans la revue Questions internationales, pour les soixante ans d’Israël....
"Le
système politique traverse une grave crise, c’est indéniable. Mais le
problème vient davantage des partis, qui ont subi un long processus de
communautarisation, à l’image du Likoud, et ne paraissent plus capables
de représenter des intérêts civils. Les partis "dominants" sont
aujourd’hui des machines électorales, des outils de communications créés
pour porter au sommet de l’Etat des personnages factices. Ce sont des
coquilles vides de cadres et de programmes politiques.»
___La question se pose encore et toujours: où va Israël?
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