Deux ans après...
______________Depuis un an, rien ne s'est passé qui puisse vraiment rassurer, après un désastre parfois oublié ou évacué de nos esprits.
Il y en aura encore au moins pour 40 ans avant que le démantèlement soit considéré comme terminé.
__Si tout se passe comme prévu...
Mais on sait ce que valent les paroles et les prévisions pour Tepco et l'administration nippone, malgré les mea culpa tardifs et opportunistes et une minoration de la radioactivité sur le site et dans un large rayon autour.
Le groupe lutte toujours contre les infiltrations d'eau dans les réacteurs, opération qui pourrait prendre encore 4 ans selon Tepco.__Une gestion des déchets bâclée, où la pègre a trouvé un marché juteux.
__Si aucun séisme important ne se produit dans ce délai, ce qui est hautement improbable.
La radioactivité ne baisse pas sur le site et Tepco craint un manque de personnel. Sur les 21.000 ouvriers qui sont déjà passés sur le site de la centrale et où
3.000 travaillent en permanence, près de 200 travailleurs de la centrale ont subi une contamination supérieure ou égale à 100 mSv (En France, l'exposition maximale annuelle est limitée à 20 mSv pour les travailleurs du nucléaire)
__On ne peut s'habituer à la banalisation de la catastrophe et au déni, dans cette zône sanctuarisée, où s'obstine à (sur)vivre un dernier homme.
Les liquidateurs, devenus souvent intouchables exploités, vivent en silence des situations traumatisantes.
Le sentiment d'urgence semble ne pas effleurer les responsables.
La vie quotidienne a basculé.
Ceux qui ont visité la centrale ont eu l'impression d'un savant bricolage plein d'incertitudes. Le responsable de la centrale de Fukushima-Daiichi, Takeshi Takahashi (dans une courte conférence de presse) déclare: « D’abord, je voudrais exprimer mes sincères excuses au monde pour les soucis que nous avons causés », commence-t-il d’une voix basse. L’essentiel de sa présentation consistera à montrer - maquette à l’appui - comment il compte extraire les assemblages de combustibles usagers de la piscine du bâtiment réacteur 4. L’opération est compliquée mais « le plus difficile sera d’extraire de combustible endommagé (N.D.L.R. : fondu) des réacteurs 1 à 3 », prévient-il.)
Une perspective qui ne peut être rassurante, aboutissement d'un système qui a failli.
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__En France, la discrétion là-dessus est de rigueur, même au CNRS.
" ...Le désastre de Fukushima, c’est une diffusion de césium 137 dans
l’atmosphère 500 fois plus importante qu’à Hiroshima, d’après le
physicien artisan du nucléaire japonais Anzai Ikuro. C’est aussi, selon
le Norwegian Institute of Air Research, la plus grande émission de gaz
rare xénon 133 connue en dehors des essais nucléaires : plus de deux
fois les émissions de ce gaz à Tchernobyl. C’est aujourd’hui, selon
TEPCO, une activité de 10 millions de becquerels en provenance de la
source Fukushima Daiichi relâchés à chaque heure.
C’est un tiers du département de Fukushima contaminé à un taux
supérieur à 37 000 becquerels par mètre carré (pour le seul césium 137),
et au moins treize départements contaminés, le tout représentant 8 à
10% du territoire japonais.
C’est 1 532 barres de combustible de 300 kg et de 4 mètres de long
chacune, stockées dans la piscine du réacteur n°4, au cinquième étage
d’un bâtiment qui menace, à la première secousse, de s’effondrer,
suscitant ce commentaire laconique du Pr. Hiroaki Koide, spécialiste des réacteurs à l’université de Kyoto : « Ce serait la fin »...
____Le coût d'un accident nucléaire majeur, dont personne ne peut dire qu'il ne peut se produire, serait astronomique et l'événement serait politiquement dévastateur.
Fukushima oblige à imaginer l'inimaginable.
L'inenvisageable est devenu hyperréel dans la région de Fukushima.
Peut-on encore s'aveugler à poursuivre une aventure à si hauts risques?
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-Archives Tepco
-Constructions de nouvelles centrales en question
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Paru dans Agoravox
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