___L'Europe, telle qu'elle fonctionne (mal) aujourd'hui, est-elle sans avenir?
________________________Sans nul doute, sauf remises en question profondes, si on se réfère à des analystes habituellement modérés et même parfois europhiles.
Le sujet, jusqu'ici encore tabou, commence à envahir les medias et la blogosphère.
« C'est l’escalade vers la catastrophe", va jusqu'à dire X.Timbeau de l'OFCE, qui est une organisation plutôt sérieuse et responsable..
Même le très européiste Quatremer, en vient à fustiger le scandale antidémocratique qu'est devenue la zone euro.
Edwin Le Héron exprime aussi, comme économiste, de nombreuses critiques sur l'euroalignement
____Mais la musique de Bruxelles est toujours la même: austérité! leitmotiv d'une administration hors-sol:
"Mais les indicateurs économiques des derniers jours semblent confirmer le sombre scénario d'une Europe qui, selon l'expression du prix Nobel américain Paul Krugman, « s'auto-détruit ». Dans ses prévisions de printemps, la commission anticipe désormais une récession pour la zone euro tout entière (–0,3 %) cette année. Quant au chômage, son taux a atteint, en janvier, un sommet historique, à 11,9 % dans la zone.
« Il faut s'attendre à des tensions sociales et politiques d'une
rare intensité. Les peuples européens vont faire face à une situation
sans précédent », avait prédit l'économiste André Orléan, directeur de recherche à l'EHESS..."
L'eurozone est peut-être condamnée à exploser, les divergences n' ayant cessé de s'accentuer.
Le temps de la nostalgie semble se terminer.
Va-t-on vers un Verdun économique et social ?
De plus en plus de voix s’alarment devant la dégradation sociale de
l’Europe et son chômage insoutenable, perçus comme les nouveaux risques
de la zone euro.
« Comme le montrent les prévisions atroces de croissance et
d’emploi publiées aujourd’hui, l’Europe poursuit une stratégie, qui est
économiquement obscurantiste, politiquement irresponsable, socialement
indéfendable et finalement auto-destructrice, même s’il advient que les
objectifs de réduction de déficit recherchés sont atteints », tonne le groupe de réflexion Re-define, regroupant des banquiers, des hauts fonctionnaires. « Comme
il devient manifeste que les programmes d’austérité conduisent des
souffrances non justifiées spécialement pour des millions de personnes
qui ont été jetées dans le chômage et la pauvreté, la résistance contre
ces programmes ne peut que s’accroître. Une résistance qui peut amener
des millions de personnes à souhaiter se libérer de ce qu’ils percoivent
être les chaînes imposées par l’euro », concluent de leur côté les économistes Paul de Grauwe et Yumei Ji, au terme d’une très longue étude sur les erreurs de la politique européenne, cherchant à complaire des marchés financiers qui ne réagissent qu’en mode euphorie-panique.
Sourde à tous les avertissements, la Commission européenne n’en
démord pas : il convient à tout prix de maintenir cette politique. « La
consolidation budgétaire est nécessaire et devrait améliorer les
perspectives économiques à moyen et long terme, même si elle peut peser
sur la croissance à court terme », dit le rapport, sans s’inquiéter
outre mesure. Un siècle après avoir mené, en version militaire, un
carnage sans raison ni fondement, l’Europe institue le Verdun
économique..".
Cette logique infernale semblait inscrite dans les gènes du projet, biaisé depuis le début, reconnaît J.Attali lui-même.
Sur le modèle de l'Islande, il serait temps de reconsidérer le problème de la dette, d'inverser la logique conduite jusqu'ici:
"...Ce sont deux juristes américains qui ont été les architectes de la restructuration de la dette de la Grèce. Contrairement à ce que les dirigeants européens ont promis, Mitu Gulati et Lee Buchheit -qui a conseillé quasiment tous les Etats en faillite au cours des trente dernières années-, sont persuadés que la Grèce ne restera pas un « cas unique et exceptionnel ». Selon eux, il
faut restructurer les dettes d'autres Etats, c'est à dire imposer des
pertes aux créanciers, plutôt que de laisser les contribuables de la
zone euro payer la facture. « La principale raison qui a poussé les
Européens à utiliser l'argent public pour rembourser intégralement les
investisseurs privés qui détenaient la dette des Etats en difficulté est
qu'ils redoutaient de faire face à une situation du type de celle de
l'Argentine, qui s'est retrouvée piégée par des créanciers récalcitrants
(« hold-outs ») », concluent-ils dans l'article qu'ils ont présenté
lors d'une conférence à Chypre. C'est donc ce problème des « hold-outs » qui doit être traité. Les spécialistes préconisent d'amender le Traité qui instaure le Mécanisme de stabilité européen (MES) afin d'empêcher qu'un créancier floué ne puisse saisir les actifs d'un Etat membre qui bénéficie d'un programme d'assistance financière européen (et qui restructure sa dette). Il s'agit en somme d'immuniser temporairement les biens et les revenus des pays aidés.
« En mettant des bâtons dans les roues des investisseurs prêts à
traîner les Etats devant les tribunaux, cet amendement réduira l'espoir
qu'ils ont de gagner de l'argent en ne participant pas à la
restructuration ». Une proposition qui intervient, ce n'est pas un
hasard, après la saisie rocambolesque d'un navire argentin par le fonds
Elliott, qui a toujours refusé de participer au plan de réduction de la
dette de l'Argentine. Au passage, les auteurs fustigent la manière
dont les dirigeants ont géré la crise. Notamment Nicolas Sarkozy, qui
avait affirmé que « les Européens payaient toujours leurs dettes ». «
C'est bien mal connaître l'histoire de l'Europe », assènent-ils. Ils accusent surtout la Banque centrale européenne d'avoir plaidé pour qu'on n'inflige pas de pertes aux investisseurs. Leur proposition d'amendement a circulé dans les cercles officiels, mais le sujet est trop explosif pour être débattu publiquement. (*
« The problem of holdout creditors in Eurozone sovereign debt restructurings », Lee Buchheit, Mitu Gulati, Ignacio Tirado, 22 janvier
2013)"
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