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jeudi 11 avril 2013

De l'Allemagne

 Je t'aime, moi non plus...
 ______________________Nous n'avons plus le regard neuf sur l'Allemagne que pouvait avoir Mme de Staël à son époque, car les histoires des deux pays, malgré une origine commune, se sont depuis souvent croisées, souvent tragiquement.
Le rapprochement d'après guerre, dans une Europe en voie de reconstruction et d'unification, a vu s'instaurer des relations privilégiées entre les deux voisins.
Depuis la réunification, le point de vue allemand sur notre pays, plus décomplexé avec son nouveau statut international, plus orienté vers l'Est, semble avoir changé. Nous sommes vu désormais comme un pays comme les autres.
Son poids économique la tourne plus vers le monde entier, dans un nouvel activisme tous azimuts et la langue française n'a plus la cote chez les jeunes
Un désamour, malgré la langue de bois officielle? Mais n'y a t-il eu jamais que communauté d'intérêts, comme le reconnaissait De Gaulle.  Les rapprochements culturels sont évidents, mais déséquilibrés et non exempts d'ambigüités.
Les relations économiques et politques deviennent difficiles.
La communauté de destins s'effiloche, comme l'union européenne, et la logique rigide imposée par Berlin et le modèle allemand sont souvent critiqués chez nous, comme dans une partie de l'opposition allemande.
La brutalité de la politique économie menée par A.Merkel et la droite allemande est remise en question, parfois avec excès, mais des voix s'élèvent Outre-Rhin pour en dénoncer les risques:
"... Ainsi, en avril 2010, le philosophe Ulrich Beck a estimé que Merkel « à l'instar du président américain George W. Bush, qui utilisa la logique du risque pour dicter au reste du monde son unilatéralisme par une déclaration de guerre au terrorisme, (…) a utilisé le risque financier en Europe pour imposer au reste de l'UE la politique allemande de stabilité ». L’écologiste Joschka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères (98-05), a, lui aussi, tiré la sonnette d’alarme en juin 2012 : « nous, Allemands, comprenons-nous notre responsabilité paneuropéenne ? Cela ne semble vraiment pas être le cas. En fait, l’Allemagne a rarement été aussi isolée qu’aujourd’hui. Quasiment personne ne comprend notre politique d’austérité dogmatique, qui va à l’encontre des expériences passées, et nous sommes considérés comme faisant fausse route ou comme étant franchement à contre-courant ».
D'autant plus que la précarité monte, dans le cadre de ce que nous persistons à appeler miracle allemand, effet d'une politique délibérée depuis Schröder, certes efficace, mais périlleuse du point de vue social et européen.
Les injustices qu'il secrète sont problématiques à terme.
Selon J.Sapir, " L’Allemagne est prise dans la contradiction suivante : elle profite largement de la zone Euro, qui empêche les autres pays de réajuster leur compétitivité par rapport à elle, mais elle ne veut pas faire les sacrifices qu’imposerait un réel fédéralisme budgétaire au niveau de la zone Euro. Le coût de ce fédéralisme a été calculé. Pour assurer la simple survie des quatre pays de l’Europe du Sud, et permettre à leurs économies de se mettre au niveau de l’Allemagne, il faudrait dépenser 257,7 milliards d’Euros par an. L’Allemagne supporterait, quant à elle, très probablement 90% du financement de cette somme, soit entre 220 et 232 milliards d’euros par an soit entre 8% et 9% de son PIB. Elle devrait maintenir cette contribution pour une période d’au moins 8 à 10 ans. D’autres estimations font apparaître des montants qui sont même plus élevés. On comprend, alors, le refus intransigeant des dirigeants allemands d’accepter quoi qui pourrait engager leur pays dans la voie d’une union de transferts. Et ce refus est d’ailleurs justifié. Du fait de sa démographie, l’Allemagne ne peut pas se permettre une telle ponction sur sa richesse. Ces faits sont connus, qu’il s’agisse de ce que tire l’Allemagne de la zone Euro ou de ce qu’elle devrait contribuer pour la faire fonctionner... La position de l’Allemagne est donc de chercher à conserver les avantages que la zone Euro a pour elle mais en n’en payant pas le prix. On appelle cela en théorie des jeux et en économie une stratégie de « passager clandestin ».
_____Crise du couple franco-allemand ou crise du projet de l'eurozone?
Les deux, mon général...

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