Plus rien à perdre?...
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
Les hôpitaux vont continuer à fermer, les enfants à étudier sans chauffage dans les écoles, beaucoup à ne pas manger à leur faim......
Le désastre humanitaire continue, sauf pour une oligarchie qui va perdurer.
Il y a tellement de bonnes affaires...
La dette se creuse davantage. Le chaos ne pourra être que plus grand, sachant que cette dette s'approfondit avec le temps et qu'elle ne pourra jamais être remboursée. La dette de la Grèce est à peu près du même niveau que ce que les
autorités monétaires et économiques allemandes ont versé à leurs banques
pour leur éviter la faillite.
L'espoir, le suspens semble s'évanouir, et c'est le plus grave. Pour l'instant.
Autrement dit, le peuple grec est invité à crever la gueule ouverte, mais démocratiquement, c’est-à-dire d’après les traités....
... Ce que, par paresse intellectuelle, on nomme « la dette grecque » n’est en fait pas la dette des Grecs :
l’explosion des déficits et l’effondrement de la croissance à partir de
2010 sont moins le produit de l’incurie grecque que d’un assassinat de
politique économique administré par l’Union en guise de « sauvetage ».
De sorte que lorsque les Etats-membres prêtent pour tenir la Grèce à
flot, c’est en bonne partie pour écoper le naufrage qu’ils ont eux-mêmes
causé. On pourrait dire par court-circuit qu’au travers de la Grèce,
l’UE prête pour l’UE ! Splendide opération qui aurait toute sa place
dans un théâtre de l’absurde – si l’on excepte les investisseurs dont
certains, en dépit de la restructuration, auront bien profité au
passage.
Le coup d’Etat financier de la BCE relève d'une grande irresponsabilité et d'un grand aveuglement
"...Pour les Grecs, la décision de la BCE risque d’avoir une traduction
simple : leurs banques n’ont plus le soutien de la banque centrale
européenne. Il ne pouvait y avoir plus mauvaise annonce au plus mauvais
moment. Elle revient à verser de l’essence sur un foyer enflammé. Depuis
l’annonce des élections anticipées, fin décembre, les banques grecques
font face à une fuite de capitaux sans précédent. Le chiffre de 100
milliards d’euros circule dans les milieux financiers. Selon l’agence
Bloomberg, 14 milliards d’euros auraient été retirés des comptes
bancaires en janvier avant les élections législatives. Comment la
situation va-t-elle évoluer dans les jours à venir ?
Mais l'action de la BCE fait polémique chez les économistes
Patrick Artus (Flash Natixis, n° 12, 5 janvier 2015), que l’on
ne peut soupçonner de complaisance vis-à-vis de Syriza, note qu’un
effacement total de la dette grecque « ne changerait pas
significativement la solvabilité budgétaire des pays de la zone euro ».
Les États pourraient par exemple effacer les prêts bilatéraux (53
milliards) qu’ils ont accordés à la Grèce sans que cela pèse sur leur
dette puisque l’effet de ces prêts sur cette dernière a été déjà
comptabilisé.
Mais c’est surtout la BCE qui peut résoudre facilement le problème de
la dette. Elle possède 27,7 milliards d’euros de la dette grecque et
refuse obstinément (pour le moment) toute annulation. Elle pourrait
rayer d’un trait de plume ces 27,7 milliards et pourrait aussi racheter
aux institutions publiques (États, FESF) les titres grecs que ces
dernières possèdent, et ce sans aucun risque économique. En effet, une
banque centrale ne court aucun risque financier puisqu’elle peut se
refinancer elle-même en cas de problème par création monétaire.
La BCE a d’ailleurs acheté déjà des titres publics sur le marché secondaire : le SMP (Securities Markets Programme)
lui avait permis d’acheter 217 milliards d’euros d’obligations d’État
de mai 2010 au début 2012. Elle vient d’annoncer qu’elle allait acheter
sur le marché secondaire 60 milliards d’euros de titres par mois (dont
les deux tiers seront des obligations d’État) de mars 2015 à septembre
2016, soit en tout 1140 milliards. Elle pourrait donc, dans ce cadre,
tout à fait acheter de la dette grecque. Mais elle a décidé qu’elle
n’achèterait que les emprunts publics les mieux notés, sauf si le pays
accepte un programme d’aide du FMI, c’est-à-dire se soumet à la purge
sociale que sont les réformes structurelles. La BCE ne laisse le choix
qu’entre la ruine financière et la dévastation sociale. C’est évidemment
la Grèce qui est visée ici. Soit, elle accepte de continuer à se
soumettre au diktat de la Troïka, soit la BCE n’achète pas ses titres,
ce qui reviendrait à livrer la Grèce à la spéculation financière. On le
voit, la question n’est donc pas technique mais avant tout politique et
renvoie à l’avenir de l’Europe.."
____Joseph Stiglitz, prix de la Banque de Suède en sciences économiques en
mémoire d’Alfred Nobel en 2001, président du conseil des économistes du
président Bill Clinton de 1995 à 1997, économiste en chef et
vice-président de la Banque mondiale de 1997 à 2000, apporte des
arguments forts à ceux qui plaident pour la suspension du remboursement
des dettes publiques. Dans un livre collectif |publié en 2010 par
l’université d’Oxford, il affirme que la Russie en 1998 et l’Argentine
au cours des années 2000 ont fait la preuve qu’une suspension
unilatérale du remboursement de la dette peut être bénéfique pour les
pays qui prennent cette décision : « Tant la théorie que la pratique suggèrent que la menace de fermeture du robinet du crédit a été probablement exagérée ...»
Un clash des légitimités se fait jour en Europe, révélatrice de ses dysfonctionnements structurels.
On assiste à une forme d'impasse. On peut s'interroger, dans ce
contexte, sur le fait que les institutions politiques censées
représenter le « peuple européen », qu’il s’agisse du parlement européen, qui lui a un mandat supranational et démocratique (à l'inverse des trois « indépendantes », ndlr), des parlements nationaux, voire ces fameux « partis politiques européens »
dont on avait pourtant fait grand cas pendant la campagne des élections
européennes de mai 2014, restent muettes, ou presque. Comme si elles
avaient d’emblée renoncé à jouer un rôle dans les affaires de l’Union.
Depuis la victoire de Syriza, la médiation politique est le fait des
seuls grands États européens. Le parlement de Strasbourg, dans ce
jeu-là, en est à nouveau réduit à la portion congrue..."
_____________ Ne reste-t-il plus aucune solution, dans un contexte où une sortie subite, envisagée par Greenspan, pourrait approfondir le chaos et donner des chances à une extrême-droite brutale, qui créerait des précédents?
Est-ce ce que souhaitent les instances européennes, accrochées à l'intransigeance allemande du moment? Elles qui acceptèrent la Grèce en leur sein sans sourciller, qui laissèrent les banques s'y goberger avec la manne déversée, qui ont laissé leurs (très bonnes affaires) affaires s'y déployer sans scrupules.
Sans new deal, souhaité par Athènes, avec volonté de réformes structurelles et restauration d'institutions normales, c'est le risque d'un échec sur toute la ligne d'un euro déjà mis à mal et la plongée vers l'inconnu.
"Notre pays et notre peuple furent les victimes de corruption
à grande échelle qui ne se limite pas aux frontières nationales et ne
concernent pas uniquement notre « chez nous ». Il est de l’obligation
des États européens également de collaborer et de nettoyer notre « chez
nous » collectif européen." (Présidente de l'Assemblée grecque)
La Grèce est dans une trappe à dette d’anthologie ou dans tous les cas de figure, la dette augmente
plus vite que la richesse créée.Monnaie surévaluée, demande interne en
effondrement constant, la situation rappelait fâcheusement celle de la
France en 1934 (déflation Laval), qui se termina comme chacun le sait
par l’arrivée du front populaire et une solide dévaluation.
______
- D'autres options?
- Les syndicalistes allemands soutiennent la Grèce
- La porte reste-t-elle entrebaillée?
____________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire