Bien malin celui qui dira, en l'état actuel des choses et en méconnaissance absolue des échanges et des tractations qui ne manquent pas de se produire officieusement entre les chancelleries et avec les instances européennes, ce qui va se passer demain et après-demain. Ce qui est sûr, même si le nouveau ministre grec des finances demande du temps pour la réflexion, la concertation, est que l'incertitude ne pourra durer longtemps dans la marche rapide de Athènes vers un new deal.
Les prises de contact se multiplient et les premières impasses, provisoires mais prévisibles se manifestent.
Dans ce qui apparaît déjà comme un bras-de-fer entre Berlin et Athènes, les plus optimistes misent sur un compromis permettant de lever les crispations et les blocages,et d'entamer des échanges, comme le résume un observateur, avançant l'hypothèse qu' "il y aura une négociation un peu sur le taux, peut-être symboliquement sur les montants et beaucoup sur les maturités (les dates d’échéance). » C’est à l’évidence ce qui va se passer. L’UE n’a en effet pas d’autre choix, sauf à radicaliser les positions et à courir le risque d’une implosion de la zone euro qui serait préjudiciable à tous. C’est pourquoi cet arrangement sera accepté par le gouvernement d’Athènes, le remboursement de la dette étant de facto renvoyé aux... calendes grecques !...Ce faisant, les autres pays du sud de l’Europe pourraient tirer parti de ce précédent, pour peu que l’exemple politique grec fasse tache d’huile. Et ça, ce serait une sacrée bonne nouvelle car cela ouvrirait très vite la nécessité de revoir le Traité constitutionnel, malgré l’opposition d’une Merkel sans doute déterminée, mais fragilisée..".
Syriza et l’Europe sont condamnés à s’entendre, car ils sont dans le même bateau en péril, à moins que l'un deux ne le quitte pour ramer sur un radeau de fortune mais avec un cap clair.... sauf si la position de Merkel s'adoucit, elle qui ne peut défendre une politique sans reproche. Etonnant d'ailleurs que Berlin soit à la barre sur le pont au nom de l'Union européenne, le pauvre Juncker, rigide dans ses bottes, ne jouant qu'un rôle de second sur un pont très glissant et se laissant aller à une franchise très révélatrice: " Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens.
Naguère, l'Allemand Ulrich Beck dénonçait l'Europe (devenue de fait) allemande, la politique hégémonique d'un pays plus fragile qu'on ne le dit. (*)
Si la Grèce a des problèmes structurels (connus) depuis longtemps, on ne s'interroge guère sur la manière et les conditions dont l'Europe intégra la Grèce en son sein.
Les solutions les plus satisfaisantes et souhaitables devraient converger vers une évidence: il est impératif d'aider la Grèce pour sauver l'Europe. Si l'Europe ne peut être sauvée telle qu'elle, il pourrait être possible que cette crise constitue une ouverture salutaire vers des renégociations globales et concertées, avec consultations populaires, sur une monnaie unique qui ne marche pas, sur une direction qui mène à des impasses, l'absence de solidarité, une gestion démocratique pitoyable....
La France, pour l'instant, semble vouloir jouer un rôle d'intermédiaire modérateur.
Mais tout peut évoluer très vite, dans des sens pas forcément faciles à anticiper.
____[La question de la dette de guerre allemande reste encore en suspens. L'Allemagne a bénéficié plusieurs fois d'une remise de dettes et ses créanciers fermaient les yeux. Il fut un temps où la Grèce acceptait d'effacer la dette allemande...]
Même aux yeux d'un banquier, la situation n'est pas désespérée:
Mathieu Pigasse, dirigeant de la banque Lazard qui a conseillé le gouvernement grec sur la restructuration de sa dette jusqu'en 2012, préconise une réduction de moitié de la dette détenue par des créanciers publics, a-t-il indiqué vendredi sur la radio BFM Business.
"Cette restructuration est absolument nécessaire. Elle est non seulement nécessaire mais elle est possible", a estimé Matthieu Pigasse, ajoutant que "la Grèce est devenue le laboratoire de ce que peut être l'Europe demain".
"Je pense qu'il faut réduire de moitié la dette détenue par les institutions publiques en Grèce", selon le vice-président de Lazard en Europe, dont la banque a conseillé la Grèce de 2010 à 2012 et qui est actuellement le conseil du fonds de restructuration bancaire grec.
Lors de la restructuration de 2012, seule la dette privée a été restructurée et non celle détenue par l'UE et le FMI, a-t-il rappelé: "sur les 320 milliards et quelque de dette (actuelle, ndlr), 75% est détenue par des mains publiques. La restructuration doit porter sur cette dette publique ", soit environ 200 milliards d'euros. (1) __"Il y a toute une panoplie de solutions possibles: l'allongement des maturités, la baisse des taux d'intérêt et une solution beaucoup plus radicale qui est ce qu'on appelle un +haircut+, un abattement de la dette", a-t-il expliqué..."
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Celui qui roule à contre-sens...(?) |
(1) La dette publique ne concerne pas que la Grèce, loin de là...
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_ Le dilemne
- Deux poids, deux mesures?
_ Varoufakis: "Nous détruirons le système oligarchique grec"
- La Grèce engrange des soutiens: "...Demander chaque année à Athènes un surplus budgétaire (hors charge de la dette) allant jusqu’à 4,5% du PIB, au prix de lourds sacrifices sociaux, c’est vouloir «tirer du sang à une pierre», écrivait le 28 janvier le prix Nobel d’économie Paul Krugman. Ou c’est imiter Sisyphe, ce personnage mythologique condamné, pour avoir défié les dieux, à pousser pour l’éternité une lourde pierre jusqu’au sommet d’une montagne, dont elle retombe à chaque fois. «La bonne stratégie pour Sisyphe est d’arrêter de pousser son rocher, pas de monter jusqu’en haut de la colline», dit le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis lundi dans Le Monde..".
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