...Et récolte la tempête
On assiste presque incrédules à un jeu trouble dans un nid de frelons, dont la situation change vite et des alliances improbables se mettent en place.
Un jeu de billard à multiples bandes où on ne trouve aucun bon camp..Comme dit Védrine : il faut choisir le moins pire en vue du seul objectif qui vaille: éradiquer, si c'est possible, le monstre Daesch, en laissant pour plus tard les négociations et les recompositions inévitables, en mettant de côté pour un temps ses préférences morales et politiques.
Le jeu ambigü et largement souterrain de la Turquie dans le conflit syrien laisse place à des hypothèses parfois encore peu vérifiables et fait apparaitre en tout cas le jeu trouble d'Ankara
Après les dernières élections, la cohésion du pays est en péril et le durcissement du régime s'accentue.
Le lancinant problème kurde fait partie du jeu pervers auquel se livre le système
Mais le Sultan est dans une impasse stratégique, surtout avec la montée de l'Iran à ses portes
La complicité au moins économique avec Daesh, dénoncée par certains journalistes turcs, connue des Russes et des Américains, lève les derniers doutes, obligeant le pouvoir à quelques inflexions.
Le durcissement des relations avec Poutine, qui a modifié ses positions et qui a trouvé un appui du côté de l'Allemagne, l'amène à revoir ses engagements.
Mais Erdogan ira-t-il jusqu'à fermer sa frontière pour mettre Daesh en difficulté?
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Les accusations de complicité pétrolière entre Ankara et Daech se précisent et font leur trou dans la presse occidentale ; au contraire de ses dirigeants, l'opinion publique des pays de l'OTAN est échaudée par la flagrante complicité avec Daech et l'arrestation
"pour trahison" de journalistes ayant documenté la fourniture d'armes
aux djihadistes syriens. En même temps, de plus en plus de voix se font
entendre qui critiquent vertement le comportement de l'aviation turque, y
compris au sein de la hiérarchie militaire américaine (ici et ici).
Après les lourdes mesures de représailles russes hier, c'est une nouvelle avalanche qui tombe sur Ankara. Le régime de visa est rétabli pour les Turcs. Plus grave, la Russie prépare une résolution à l'ONU sur le financement du terrorisme qui va mettre la Turquie au supplice. Enfin, Lavrov, qui a d'ailleurs prévenu qu'Ankara avait franchi la "ligne rouge", a annoncé
que Russes et Syriens étudiaient le moyen de sceller la frontière
syro-turque, empêchant l'approvisionnement des djihadistes (et, dans
l'autre sens, le transport du pétrole vers qui vous savez).
Tout
cela sans compter l'éventuel armement des Kurdes ! Le petit moment de
gloriole de Ben Erdogan risque fort de se transformer en harakiri
sultanesque ; en quelques jours, il a tout perdu...
Pas sûr, mais la situation évolue très vite ...
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