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jeudi 3 décembre 2015

E-santé: mon code-barre et moi

 Une révolution en marche
                                                  Celle du développement de l'e-santé, d'une médecine de plus en plus liée à l'informatique et à ses applications présentes et à venir. La télémédecine n'en est qu'un des aspects, le moins discuté.
     Parfait dira-t-on. Il faut être de son temps, épouser son époque. Un eldorado serait à nos portes...
 Oui, mais.la médecine du futur , malgré des innovations intéressantes déjà présentes et à venir, parfois fantasmées, pose bien des problèmes:
  François Berger...évoque les neuroprothèses et la robotique, soutient que les algorithmes sont la solution pour décrypter la complexité du vivant, propose la création de laboratoires sur puces avec code barres pour surveiller les maladies.       Pour autant, il prévient des écueils du tout technologique. Il condamne la prolifération d’accessoires connectés liés au bien-être qui se font hors des sentiers bien balisés de la santé pure et dure. «Un bracelet connecté n’a rien à voir avec le médical, déplore-t-il. L’intervention sur un homme sain doit se faire dans des conditions d’essais cliniques». 
   Le philosophe Eric Sadin juge inquiétante cette nouvelle ère technologique. Une confusion des genres entre l’industrie et la santé qui menace la société. «Jamais le champ de la médecine n’a autant été guidé par l’industrie et le profit». La santé est devenu un bien consommable régit par des start-up qui ont envahi le secteur, au nom de l’emploi et de la croissance. Une dictature du bien-être et des courbes évolutives. A cela s’ajoute la marchandisation alarmante des données issues du corps humain : le sommeil, le réveil, l’activité sportive, les pulsations du cœur etc.
         Eric Sadin lance quelques signaux d'alarmes, en pointant les risques de technologisation et de  libéralisation d'une médecins perdant certains de ses repères déontologiques:
  Vu l’ampleur des mutations actuellement en cours, il relève d’une urgence de procéder à un strict encadrement juridique, d’élaborer une charte déontologique et éthique commune impliquant tous les métiers de la santé, et de nous demander si la médecine à laquelle nous aspirons est celle qui à chaque instant de nos quotidiens nous signalera le bon geste à adopter, en vue principalement de nous inciter à acquérir des produits et des services supposés adaptés à nos états.
    Le techno-libéralisme a lancé un assaut final sur la santé. Montesquieu avait en son temps insisté sur la nécessaire séparation des pouvoirs en politique ; il y va d’un enjeu politique majeur de défendre la nette séparation des compétences en médecine. Faute de quoi chacun de nos corps deviendra une sorte de tiroir-caisse ouvert 24h/24 et 7j/7 à l’attention de compagnies et de start-up qui ne cessent d’affirmer vouloir œuvrer au «bien du monde» et qui dans les faits sont littéralement portées par des instincts hautement prédateurs. C’est à nos sociétés dans leur ensemble de veiller à fermement les contenir et à défendre sans concession l’inaliénable intégrité humaine.
      Le corps connecté? Oui, mais avec de solides garde-fous
  Car,comme dit le Dr J.Lucas En France, on s’identifie dans le système de soin avec sa carte vitale. Aux Etats-Unis, pour caricaturer, on s’identifie avec sa carte bancaire et cela a permis d’accélérer le développement de la e-santé. Ce n’est pas lié à l’ingéniosité américaine mais au libéralisme du marché...
  Les risques d'une médecine standardisée  ne sont pas à prendre à la légère.
La médecine de demain, si riche de promesses et de dérives, demande qu'on y réfléchisse sérieusement...
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