Notre Président, dans sa volonté réformatrice, s'est plusieurs fois référé, comme d'autres avant lui, au modèle scandinave, et tout particulièrement à celui d'une Suède qui aurait opéré une mutation économique et sociale exemplaire dont il conviendrait de s'inspirer.
Pour nos gouvernants, leurs conseillers ou leur think tank, c'est une tendance constante, voire un tropisme récurrent, de se référer à un modèle étranger de gouvernement économique. Presque une obsession. Les clés de la réussite n'étant pas à la maison et l'herbe étant supposée plus verte ailleurs, on se tourne vers un modèle supposé qui servirait de référentiel pour sortir de nos problèmes. La solution serait ailleurs...
Après Le défi américain de JJSS, vint le modèle japonais, puis le modèle allemand schröderisé, qui séduit déjà moins. Sans se poser le problème de l'adaptabilité à notre propre culture, à notre type de démographie, à l'histoire de nos institutions, à notre culture.
Depuis sa révolution libérale, beaucoup regardent maintenant ver la Suède, supposée avoir établi un équilibre entre les performances économiques, les questions de l'emploi et celles de la redistributionn, dans le contexte d'une même mondialisation et de ses rudes exigences d'adaptation et de mutations.
...Mais ce modèle ferait-il long feu?
Après examen, on comprend vite que la petite taille de ce pays, son histoire propre, sa culture si spécifique, son héritage luthérien si particulier interdisent une transposition simple à nos propres normes, faute de trouver chez nous nos propres solutions. On remarque aussi que chaque pays scandinave a ses modes de fonctionnement qui ne ressemblent pas à l'autre. La politique de Stockholm n'est pas celle d'Oslo ni celle de Helsinki, étant donné l'histoire, les différences des ressources, des modes d'organisation , des choix politiques. Malgré certaines analogies que l'on peut faire de Paris, en matière éducative par exemple, où il y aurait beaucoup à apprendre.
Le modèle scandinave n'est pas si idéal que ça, si l'on veut bien y regarder de près. Il faut cesser de s'y référer de manière mythique ou naïve.
Le type de capitalisme mis en place là-bas depuis quelque temps n'est pas "exportable" tel quel, comme le disent eux-mêmes certains responsables économiques de ces pays. De plus, il n'est loin d'être sans imperfections, même si on vante à juste titre l'excellence du système éducatif finlandais, par exemple, mais qui investit énormément de moyens pour la formation des maîtres et la réduction des effectifs de classe.
De plus, si le taux d'emploi est plus élevé de 10% en Suède, et que le taux de chômage de longue durée y est plus bas, le revenu d'activité y est plus faible, comme la sécurité de l'emploi. Si l'on retrouve plus facilement un emploi en Suède, la part des contrats d'au maximum 6 mois y est bien plus grande qu'en France (13,86% en Suède, contre 9,30% en France). Ce sont donc deux système très différents : si dans l'un, l'emploi est plus difficile à obtenir (la France), les revenus d'activité y sont meilleurs et les emplois stables plus fréquent, quand dans l'autre (la Suède) il est plus facile d'y trouver ou retrouver un emploi, mais avec plus de précarité et un peu moins de revenus. "
Les secteurs publics sont soumis à la dure loi de la privatisation et de ses arbitraires, lieux d'une compétitivité organisée.
Les tableaux comparatifs parlent d'eux-mêmes. Si d'un point de vue macro-économique, les réformes suédoises ont eu un effet positif, il semble que celles-ci ne se répercutent pas aussi profondément sur la qualité de vie des populations : logement, revenu, et santé sont mieux placés en France, tandis que le chômage, et les disparités entre les sexes sont moins importants en Suède. Le modèle suédois, selon l'OCDE, ne serait donc peut-être pas la panacée...
L'esprit du capitalisme suédois, sous ses jours les plus divers, montre ses limites et n'est pas transposable chez nous.
Malgré un système social encore très protecteur, beaucoup sont d'avis que le modèle social suédois serait en train de se fissurer, par création de nouvelles inégalités.
Un système hybride, avec ses qualités et ses défauts, mais qu'il serait impossible et vain de vouloir "copier", même si tel ou tel aspect mériterait réflexion.
C'est à chaque pays de trouver, de manière originale, ses voies de renouveau, avec son génie propre.
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