Mais de quelle infamie est-il question? et de quelle vieillesse parle-t-on?
Une notion bien multiforme, relative, mal cernée et culturellement marquée. (*)
A une époque, on était considéré comme "vieux" dès la soixantaine et même plus tôt.. Aujourd'hui, ce terme est mal reçu. On a inventé des équivalents plus soft et plus graduels.
On vieillit peu à peu, sans s'en rendre compte, jusqu'au jour où des signes ne trompent pas, où l'évidence s'impose, physiquement et/ou psychiquement. Rares sont ceux ou celles qui, comme Gisèle Casadessus, gardent, au-delà de cent ans, des facultés presque intactes.
Aujourd'hui, après une longue période de dépréciation dans notre culture, la mode est aux vieux, mais pas trop. Le troisième age, notion récente, est l'objet d'attention , souvent commercialement intéressée. C'est d'abord l'âge des seniors sur papier glacé, des seniors privilégiés, qui se mettent à vivre à pleines dents, consommateurs jusqu'au bout de loisirs et d'évasions.
L'or gris est un bon filon et les seniors valent de l'or.
Un marché d'avenir...Un gisement à exploiter dans les nouvelles silver valley
Il y a du pognon à se faire dans ce gérontobusiness, où l'on est sommé d'être consommateurs jusqu'au bout. Sauf si les mamies font de la résistance...
Vieillir, nul n' y échappe, mais comment?
Mourir, la belle affaire, mais vieillir...chantait Brel.
Il est vrai que le grand âge, appelé le "quatrième" est un problème lourd, même en EHPAD.
La solitude est le problème majeur.
C'est la période de L'homme à la casse (selon Colette Plat)
On dénonce aujourd'hui la « mort sociale » de nombreuses personnes âgées.
Le continent gris ouvre bien des portes sur les multiples aspects historiques et culturels de la vieillesse. Entre idéalisme et dépréciation.
Une histoire de la vieillesse en Occident montre comment chaque culture, chaque époque fabrique un type de vieillard conforme à ses valeurs.
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(*) "Les anthropologues remarquent fréquemment l'importance des privilèges dont jouissent les personnes âgées dans les sociétés traditionnelles actuelles : pour l'Asie du sud-est, Georges Condominas notait : « le privilège de la vieillesse se trouve sur tous les plans. Le vieillard, entouré d'affection, a droit à des tas de faveurs. On trouve normal qu'il profite de ce qui lui reste de force pour obtenir des satisfactions de tous ordres … Si le vieillard est ainsi entouré de prévenances, ce n'est pas par devoir de protéger un être affaibli, mais parce que le bonheur irradie et profite à l'entourage de l'homme ainsi favorisé. Atteindre le grand âge est considéré comme un bonheur dont on se réjouit, surtout si le vieillard a une nombreuse descendance. C'est alors un homme comblé ! On ne peut pas, comme chez nous, le mettre à l'écart, l'éloigner dans une maison de retraite, il reste au milieu des siens, car il est la preuve manifeste de la réussite du groupe . De son côté, pour l'Afrique noire, Louis-Vincent Thomas observait le prestige considérable dont jouissaient les vieux dans les vingt-deux ethnies qu'il a pu étudier : « Expérience, disponibilité, éloquence, savoir, sagesse, voilà ce que justifie l'image idyllique que le Négro-africain se fait du vieillard. Et ceci malgré la réalité des vieux séniles, égoïstes, tyranniques ou acariâtres, comme partout dans le monde. C'est qu'une société de pure oralité a besoin de ses vieux, symbole de sa continuité en tant que mémoire du groupe et condition de sa reproduction. Alors, pour rendre plus supportable leur pouvoir et aussi pour se valoriser en les valorisant, le groupe n'hésite pas à les idéaliser. Puisqu'on ne peut rien faire sans les vieux, autant leur accorder toutes les qualités. Et confondre leur somnolence avec le recueillement de la méditation ....C'est ce rôle social, au départ si important, qui va sans cesse être remis en cause dans les sociétés historiques occidentales. Expérience et sagesse du vieillard se trouveraient contestées dans des types de sociétés plus complexes. "
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