...Il n'y a pas loin?
Certaines entreprises ou firmes diverses ont tant à cacher, à masquer dans des pratiques souvent illégales mais parfois bien occultées qu'on ne voit pas comment l'information sur des pratiques frauduleuses (comme les pratiques de Volswagen sur ses moteurs diesel "arrangés", les évasions fiscales multiples, les malversations bancaires comme sur le Libor les gestions parfois toxiques de certains personnels...) pourra à l'avenir filtrer, de l'intérieur comme de l'extérieur.
Comment des journalistes d'investigations pourront encore faire leur travail jusqu'au bout, sans lourdes sanctions potentielles, Elise Lucet et les autres?...
Certes, il est nécessaire de protéger le coeur d'une production et d'opération commerciales normales au sein de pratiques concurrentielles qui ne se font pas de cadeaux, l'espionnage industriel, direct ou indirect étant toujours d'actualité.
La loi discutée sur le sujet, en nombre très restreint, a fait réagir une bonne partie de la presse, même la plus tiède habituellement. On se souvient de ce journaliste de La Croix qui avait fait une enquête approfondie sue les pratiques de certaines banques suisses, de l'affaire Panama Papers, qui bouscula un peu des usages financiers devenus courants.
Il n'est donc pas étonnant que certains, en face de ce projet de loi équivoque, évoquent une possible marche vers une censure qui ne dit pas son nom ou une plus grande difficulté à accéder à des dossiers sociaux ou écologiquement sensibles, comme récemment pour Challenges.
Comme l'avait souligné à sa manière François Ruffin devant une assemblée clairsemée et une ministre en apparence attentive.
Comme le note Europe n°1:
........Plus d'une centaine de rédactions, d'ONG et de journalistes ont interpellé Emmanuel Macron pour qu'il modifie la proposition de loi sur le secret des affaires, "un outil de censure inédit" selon une lettre ouverte publiée mercredi, à la veille de son vote définitif à l'Assemblée nationale.
"Désormais, la loi donnera aux entreprises le pouvoir de poursuivre tous ceux qui oseront révéler des informations sensibles dans l'intérêt général. Pis, avant même toute publication, elle réinstaurera une forme de censure a priori du juge, abolie en 1881 par la loi sur la liberté de la presse", regrette le collectif "Stop secret des affaires" dans cette lettre publiée dans Libération." "Aucun débat public digne de ce nom". "Entre les mains de vos députés, cette loi constitue un outil de censure inédit. C'est une attaque sans précédent contre le droit d'informer ainsi que le droit d'être informé de manière libre et indépendante", déplorent les signataires, parmi lesquels une quarantaine de sociétés de journalistes, (dont celle d'Europe 1) ou de rédacteurs, une trentaine d'ONG et de syndicats et une soixantaine de signatures individuelles (journalistes, producteurs et avocats)...."La procédure parlementaire n'ayant permis aucun débat public digne de ce nom, ni aucune concertation entre les partenaires sociaux, vous êtes, avec le Premier ministre, le seul à pouvoir changer le contenu de cette loi", écrivent-ils au président de la République. "Si comme nous, vous considérez la liberté d'informer comme un pilier de la démocratie ; si comme nous, vous êtes attaché à l'équilibre des pouvoirs et à la défense l'intérêt général, vous devez modifier cette loi. Vous devez limiter le champ d'application du secret des affaires aux seuls acteurs économiques concurrentiels", poursuivent-ils. Le texte doit être voté par le Sénat le 21 juin. La proposition de loi LREM, qui transpose une directive européenne, fait l'objet de vifs débats depuis plusieurs mois, médias et ONG demandant à ce que les lanceurs d'alerte, les syndicalistes ou les journalistes en soient exclus. En l'état actuel, "les lanceurs d'alerte seront systématiquement traînés en justice, avant même de pouvoir faire la preuve de leur bonne foi. Les représentants du personnel pourront être poursuivis pour avoir diffusé des informations aux salariés. Les ONG devront démontrer qu'elles agissent pour le bien commun. Et les organes de presse pourront être assignés devant des tribunaux de commerce", énumère la lettre ouverte. Le texte sera voté une dernière fois par l'Assemblée nationale le 14 juin, puis par le Sénat le 21 juin....
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