Pas le moral. Du souci pour Angela.
On nous avait vendu l'idée que les grandes groupes bancaires avaient retrouvé leur santé de naguère. Celle d'avant 20008, qui les avait poussé à l'extravagance, avec la bénédiction des dirigeants politiques, euphorisés par la nouvelle donne financière, qui donnèrent le feu vert à toutes les folies spéculatives, à toutes les dérives, mettant fin à une sorte de mesure inaugurée par Roosevelt.
La bride étant lâchée, les fraudes des banques, devenues plus que des banques, s'engouffrèrent dans les opérations des plus hauts risques, ruinant les Etats, donc les déposants et les contribuables, qui durent les renflouer, du moins celles qui furent déclarées too big to fall.
On tenta de réglementer, de forcer à la reconstitution de fonds propres, mais les pratiques ne changèrent pas sur le fond et l'obscurité règne encore sur la gestion de nombreux mastodontes internationaux.
On tenta de réglementer, de forcer à la reconstitution de fonds propres, mais les pratiques ne changèrent pas sur le fond et l'obscurité règne encore sur la gestion de nombreux mastodontes internationaux.
Ne parlons pas de Goldman Sachs qui fait la loi à Wall Street et qui a pignon sur bureau ovale à Washinton et sur bien des pays, ni même de HSBC, qui veut se faire plus grosse que le boeuf. On sait que nombre de banques italiennes, entre autres, sont dans un état de fragilité inquiétante.
Mais que dire de la Deutsche Bank, dont la seule appellation inspirait confiance aux plus méfiants?
Elle connaît depuis des années des crises successives, une gestion en berne et aujourd'hui des licenciements massifs.
Elle tente de rassurer comme elle peut par gros vent et n'est pas loin de passer pour une bad bank, à cause de ses gestions à risques. Un casino mal en point, dont la chute pourrait faire beaucoup de dégâts à cause de son caractère systémique....Angela Merkel a déjà annoncé qu’il était hors de question que l’État allemand vole au secours de la Deutsche Bank, une institution vieille de 146 ans, pilier de l’économie allemande. Ce qui a accru les tensions sur les marchés financiers. Le ministre allemand de l’Économie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, n’est pas tendre : « Je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer de voir une banque qui a fait de la spéculation son modèle de développement venir se poser maintenant en victime des spéculateurs, a-t-il déclaré le 2 octobre. Le scénario, c’est que des milliers de personnes vont perdre leur travail. Ils payent aujourd’hui le prix de la folie de dirigeants irresponsables ...
Une "vénérable" institution jugée"fragile" et en "difficultés", même pour les autorités américaines.
Les vrais risques sur les banques européennes sont en Allemagne dit Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Bank.
Paradoxal en apparence.
Mais les difficultés de la Deutsche Bank ne serait-il pas un signe que l'Allemagne est un colosse aux pieds d'argile?
"Pour les Allemands, c’était effroyable. Le gouvernement a fait ce qu'il fallait : il a renfloué les banques allemandes en utilisant pleins de subterfuges. La Deutsche Bank, par exemple, a été rapprochée de la Postbank et de ses disponibilités gigantesques. La Deutsche Bank a donc survécu grâce au cash de la Postbank. Les autres banques ont reçu des aides venant d’un peu partout.
Cela dit aujourd'hui, la Deutsche Bank continue de faire trembler les marchés. Elle porte un risque systémique considérable. Berlin va donc renflouer une fois de plus, mais ça va être compliqué. Les aides directes sont impossible : faire payer les créanciers et les déposants risquerait de faire désordre dans le climat politique actuel. A Francfort, on estime que le mieux serait que la BCE rachète des dettes bancaires. Le gouvernement allemand, qui s’y est toujours opposé par principe, serait alors obligé de l’accepter. Tant pis pour le respect du dogme.... la richesse allemande est directement liée à sa compétitivité. Les réformes Schröder mises en œuvre il y a plus de dix ans maintenant, et que tout le monde en Europe envie, ont boosté la compétitivité extérieure de l'Allemagne, en feintant en permanence la demande interne. Les Allemands se sont serrés la ceinture avec des salaires maîtrisés pour éliminer tout risque d’inflation (leur bête noire), et pousser leurs exportations dans un univers mondialisé et très concurrentiel. Les Allemands ont pu ainsi garder leurs industries et leurs emplois. La compétitivité coût et hors coût leur ont permis de fabriquer une des plus belles économies industrielles du monde...
Le feuilleton continue. Quelle en sera l'issue?
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