Pas de la piquette.
Même si l'ouvrage n'est pas d'essence biblique. Même si le titre est quelque peu trompeur.
Il revient, avec un autre pavé dans la mare de la bien-pensance.
Certes, ce n'est pas révolutionnaire, mais c'est stimulant, en remettant les idées en place sur la prétendue naturalité de tout système économique, tendant toujours à s'auto-justifier pour durer, avec son train d'injustices. Tout cela par un vaste parcours historique qui va dans le détail. Sans apporter toujours du nouveau, mais le plus souvent de l'érudition et de la cohérence.
Il n'est pas le prophète que certains imaginent, il ne fait qu'analyser tantôt la genèse et la structure des inégalités, tantôt en montrant combien l'idéologie dominante cautionne les structures sociales, les rapports de pouvoir, l'état des forces productives. En escamotant cependant le trou noir du vrai pouvoir financier.
Une pensée et une analyse stimulantes sur de nombreux points dans le domaine des sciences sociales et économiques, même si elle ne sont pas subversives sur plus d'un point. L'auteur laisse le soin aux politiques de tirer les conséquences de ses analyses, en montrant simplement un chemin pour un système plus équitable, à l'heure où les inégalités explosent comme jamais.. Pour un capitalisme participatif, qui reste à inventer, à partir d'exemples existant ça et là.
Ses analyses vont notamment à contre-courant des orientations adoptées depuis les années 70, celles du conte néolibéral.
Le chercheur obstiné ne tombe pas dans trop d'abstractions, mais nécessite tout de
même quelques clés pour être mieux compris.
Chercheur obstiné à l'Ecole des Hautes Etudes, il trace un chemin parfois ardu pour dépasser le capitalisme, du moins sous sa forme actuelle. une gageure qui doit encore prendre corps. Utopie ou réalité? Au lecteur de se faire une opinion.
En dénonçant l'explosion des inégalités, la primauté de l'actionnaire, plus que gâté, il va à l'encontre des dogmes reçus, ceux notamment d'un néolibéralisme débridé qui met en péril le système, notamment par des crises de plus profondes et rapprochées. Rien n'est écrit dans l'histoire, même ce qui paraît inéluctable.
...Voilà plusieurs années que le thème des inégalités est devenu un sujet obligé à Davos ou dans les grands colloques internationaux. Tous les dirigeants se sentent désormais tenus de faire de longues phrases sur « la croissance plus inclusive », « la préservation de l’environnement », « la lutte contre les inégalités ». Sans modifier en rien leur comportement. « Tout cela n’est que leurre », a prévenu Anand Giridharadas, ancien éditorialiste du New York Times, dans The Winners take all, un pamphlet au vitriol publié en 2011 sur la capacité des élites dirigeantes à se présenter comme les sauveurs du monde....
La question de la propriété est au coeur d'une analyse qui comporte aussi des limites, mais ne manque pas de réveiller le citoyen, souvent devenu passif et fataliste.
A condition de bien le lire...sans tomber dans la pikettymania.
La question de l'impôt est au coeur du sujet étudié.
Il fut un temps où Roosevelt ne ménageait pas les riches en temps de crise. Ses mesures confiscatoires lui ont succédé un certain temps.
Naguère Warren Buffet et d'autres grosses fortunes américaines revendiquaient plus d'impôts, comme un juste retour de choses, un acte de décence. _Une étourderie passagère ou un coup de pub?.._
L'impôt, dans son principe, représente tout simplement une exigence de solidarité à la mesure des moyens de chacun.
Même en payant beaucoup (à nos yeux), il restera encore énormément à Bernard Arnaud ou à Vincent Bolloré pour mener grand train...
Il est temps de réhabiliter l'impôt en changeant la donne et non seulement en faisant de la tactique électorale
Le débat tarde à revenir dans une gauche en lambeaux. .
__________________________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire