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mardi 7 décembre 2021

Crédit à gogo?

  Toxique ou non?         

                 La pratique du crédit n'est pas nouvelle. Elle prospérait déjà dans le domaine marchand à l'époque de l'ancienne Venise et on en trouve déjà des traces dans l'Antiquité, notamment à l'époque de Nabuchodonosor. Le prêt permettait de développer une affaire, un projet avec engagement de restitution des sommes engagées si elle avait prospéré. Une sorte de moteur du développement de la richesse, plus ou moins régulée. Les banques finirent par jouer un rôle central dans cette fonction de prêt, à partir des dépôts engrangés par des particuliers, sur une base de confiance, où l'épargne était drainée vers les investissement divers. Tout cela en théorie...Car le prêt à intérêt non régulé fut aussi parfois un moyen de pression, voire d'exploitation (comme dans certaines campagnes d'Inde)  et le rôle des banques fut parfois perverti, comme par exemple dans les pratiques qui furent à l'origine des surprimes dans le début de la crise financière et économique de 2008.   Une arme à double tranchant donc, si elle n'est pas encadrée par une institution neutre et vigilante.  L'endettement peut devenir un moyen de contrôle dans le cadre d'une consommation sans frein et créer les conditions d'une servitude.

     Un peu de crédit, ça va. Beaucoup de crédits, bonjour les dégâts !
                                           Au pays où le crédit est roi, érigé en quasi vertu, faire des économies est considéré comme peu civique. Le consumérisme est une deuxième religion.
   Avoir une dizaine de cartes de crédit est entré dans la normalité.
 Spend a lot of money is american. Même pour démarrer dans la vie...
La crise des surprimes a montré jusqu'où pouvait aller l'endettement des particuliers, même très modestes, et l'aplomb des banques qui sont sorties des clous.
 Pour faire face à l'urgence, l'américain moyen ne dispose que de peu de réserves...   Il faut parfois s'endetter pour assurer le minimum vital. Et même pour des soins hospitaliers.   Ne parlons pas des études, cette nouvelle bulle...qui menace.    Après la crise des surprimes, machiavéliquement organisée pas les banksters, la fièvre acheteuse a repris de plus belle.   Un Américain dans la norme est un Américain endetté qui rembourse les échéances en temps et en heure...quand il peut. Et pourtant, comme dit Robert Reich, ancien ministre du Travail de Bill Clinton, dans le New York Times « ...aujourd’hui les ouvriers travaillent beaucoup plus pour gagner moins. Le revenu moyen d’un travailleur aujourd’hui, après correction de l’inflation, est moins élevé qu’il y a 30 ans. Et puisque le pouvoir d’achat décline, un ouvrier d’aujourd’hui travaille en moyenne 100 heures de plus chaque année qu’il y a deux décennies pour rester la tête hors de l’eau..."
    Une vieille tradition de l'américan way of live, dont Barber a montré la toxicité.
          Aux USA,"Il faut être riche pour mener une vie de pauvre", comme dit le Washington Post.   Car les pauvres paient plus. C'est aisément vérifiable.
Et on ne prête (bien) qu'aux riches.
 D'une certaine manière, les pauvres sont rançonnésabandonnés par les banques traditionnelles.
 Le Payday Loan, ( prêt sur salaire), autrefois inexistant,devient courant. C'est un emprunt à ultracourt terme (quinze jours au plus) que l’on rembourse le jour de sa paie avec de gros intérêts. Un client peut ainsi obtenir un prêt de 300 dollars qu’il rembourse 346 dollars le jour où il touche son salaire.
 Une étude publiée par Bankrate.com suggère que 37 % des Américains ont une dette de carte de crédit supérieure ou égale à leur épargne d’urgence, ce qui signifie qu'une facture médicale un peu conséquente, un accident de voiture ou une autre dépense imprévue pourrait les pousser vers un désastre financier personnel. 
 Le crédit devient une servitude dans ces conditions, un instrument de contrôle social.
                                                                      Il est urgent que les pouvoirs publics mettent un minimum de régulation dans un système qui tend toujours à s'emballer, pas seulement aux détriments des particuliers, la monnaie perdant sa fonction essentielle de simple fluidifiant économique.
Le phénomène régulier des bulles qui s'accumulent représente un péril pour le système tout entier, comme on l'a vu trop souvent, les dettes souveraines prenant le relai.    
La debtocracy a de beaux jours devant elle.   Comme le signale Thiery Porcher: La dette a été inventée pour promouvoir des coupes dans les dépenses sociales »   Encore fort de sa monnaie de référence, de son armée et de sa planche à billets, l'empire fonctionne à crédit...astronomiquement_____
Pour prolonger:
        Les pièges de l'endettement:... "L'endettement est un élément central du dynamisme économique. C'est un pari sur l'avenir de celui qui emprunte pour financer ses projets. C'est une marque de confiance du prêteur : il est convaincu qu'il retrouvera l'argent offert. Pas d'économie créative sans cette possibilité donnée à chacun de dépasser ses limites de l'instant. Mais chacun sait aussi les pièges du crédit, les fuites en avant qu'il encourage. La crise qui frappe l'économie mondiale est née d'excès dans le recours à l'emprunt et aux dissimulations qui l'ont accompagné. Elle a provoqué la ruine de beaucoup de particuliers, souvent victimes de pratiques usuraires, et l'effondrement de nombreuses institutions prêteuses par absence de discernement dans la distribution des prêts..."
Le Système Dette : répudier cette arme de domination et de spoliation.    "...David Graeber montre que le vocabulaire des écrits juridiques et religieux de l’Antiquité (des mots comme « culpabilité », « pardon » ou « rédemption ») est issu en grande partie des affrontements antiques sur la dette. Or il fonde jusqu’à nos conceptions les plus fondamentales du bien et du mal, jusqu’à l’idée que nous nous faisons de la liberté. Sans en avoir conscience, nous livrons toujours ces combats…   Selon l’auteur, l’endettement est une construction sociale fondatrice du pouvoir. Si autrefois les débiteurs insolvables ont nourri l’esclavage, aujourd’hui les emprunteurs pauvres – qu’il s’agisse de particuliers des pays riches ou d’États du tiers-monde – sont enchaînés aux systèmes de crédit. « L'histoire montre, explique Graeber, que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dettes – cela crée aussitôt l’illusion que c’est la victime qui commet un méfait. » Trop d’économistes actuels perpétuent cette vieille illusion d’optique, selon laquelle l’opprobre est forcément à jeter sur les débiteurs, jamais sur les créanciers. »
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