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mercredi 27 avril 2022

Médica-ments (suite)

 Les rois du marché

                          Pas n'importe lequel. Faire la loi dans le domaine alimentaire, pour des produits de base, en jouant sur les prix au niveau international, dans un contexte de dérégulation et de spéculation, c'est déjà un processus potentiellement discutable.       . Mais faire la pluie et le beau temps dans le domaine du médicament, parfois vitalement nécessaire, cela peut-être mortel pour les malades en attente de soins urgents, dans le domaine de l'oncologie, par exemple.  On le savait déjà, les grandes firmes pharmaceutiques, les plus rentables pour les placements financiers, visent d'abord le profit maximal, joue l'opacité et parfois la rétention de certains produits pour jouer artificiellement sur les prix.                                                                                                                            Le document produit hier soir sur Arte, le montre clairement, avec des exemple précis. On croit rêver...Les Etats n'ont que très peu de moyens d'agir sur l'énorme pouvoir financier de "Big pharma" et, malgré la capacité d'autorisation de mise sur le marché, ils n'ont pas la possibilité, même minime, de contrôler ou du moins de superviser les choix, la production et les prix de produits qui relèvent de l'intérêt général, national et international. Au plus haut point.  Des vies sont en jeu, par exemple dans le domaine de l'oncologie: ruptures d'approvisionnement, prix vertigineux, politique du silence ou chantage: le document fournit des exemples de pratiques parfois obscures ou douteuses de la part de méga-firmes qui ont pignon sur rue et qui se nourrissent le plus souvent de la recherche publique. Les profits issus de ces pénuries artificielles sont problématiques, scandaleux. Il est temps que l'OMS s'empare enfin du problème, que les Etats se mettent conjointement d'accord pour contrôler ces monstres sacrés qui font la joie des investisseurs privés.                   .            Qu'on en juge:                                                                                                                                                    "...Le phénomène est loin d’être récent. Partout dans le monde, des patients ne peuvent pas être soignés correctement parce que le traitement dont ils ont besoin n’est pas disponible, tout simplement. En Europe, ces deux dernières décennies, les pénuries de médicaments ont été multipliées par vingt. Au CHU de Rennes, où nous conduit ce documentaire notamment, on manque d’anti-inflammatoires injectables, d’anticoagulants ou encore de traitements anticancéreux. Tous les laboratoires sont concernés par les ruptures de stockLa rentabilité, évidemment, est au cœur du sujet. Et avec elle la question des brevets. Lorsqu'un brevet prend fin et avec lui le monopole d’un laboratoire, le prix baisse mécaniquement. Comment récompenser l’innovation sans pénaliser les patients ? C’est l’un des enjeux.    Autre exemple saisissant, en Espagne cette fois : les stylos injecteurs d’adrénaline. Certains patients allergiques doivent en avoir sur eux en permanence pour éviter le choc anaphylactique. Ces stylos injecteurs sont fabriqués à Madrid par ALK. Mais en 2017, ce laboratoire a cessé de les vendre en Espagne : il refusait une baisse de prix imposée par les autorités espagnoles. Résultat : à Madrid, ALK a continué de produire pour l’exportation, mais pas pour les patients espagnols. Le gouvernement est contraint d’importer de l’étranger des stylos d’adrénaline produits sur son propre sol. Complètement ubuesque.    Les laboratoires n’hésitent pas à retirer du marché des produits lorsque les Etats baissent leur prix. Cela montre à quel point la relation entre les gouvernements et les laboratoires est fragile. Les pénuries, désormais structurelles, sont parfois sciemment organisées par les laboratoires. Les « big pharma », par ailleurs, sont nombreux à avoir délocalisé leurs productions de médicaments en Inde, où les normes environnementales sont moins contraignantes. En délocalisant, les laboratoires ont fragilisé la chaine d’approvisionnement.  Comment reprendre le contrôle de l'économie du médicament? Le documentaire dessine des pistes, mais la première étape est une prise de conscience collective.."

                              Le problème n'est pas nouveau, mais les déplorations, les mises en garde, les signalements n'y font rien. Seule semble compter la "loi du marché", l'intérêt des actionnaires. L'inversion des valeurs règne en maître. Des questions, parfois gravissimes continuent à se poser (Que l'on pense seulement à l'affaire du Médiator). Tant que les labos auront le vent en poupe, seuls maîtres chez eux, faisant la pluie et le beau temps, au gré des valeurs de la bourse, on n'aura pas fini de parler de cette question hautement politique, c'est à dire concernant le bien commun...    ___________________

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