Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

samedi 7 janvier 2023

Retraites (suite)

 Et si on en reparlait...(contribution à un débat mal engagé)

                   Pourquoi cette précipitation, alors qu'il n'y a pas le feu au lac, qu'il n'y a pas urgence et que les avis sont si partagés? Même pour ceux qui y sont favorables, les modalités sont contestées, .En allant à l'essentiel, même d'un point de vue libéral, on peut juger des faiblesses des propositions faites, ou plutôt de leur parti pris.  Rassurer les marchés financiers? Les arguments ne manquent pas:  "...Non, le système de financement des retraites n’est pas en déficit. En tout cas plus maintenant. Le déficit était de 13 milliards d’euros en 2020 mais, un an plus tard, les caisses de retraites étaient excédentaires de près de 900 millions d’euros, d’après le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié en septembre 2022. Le Conseil, composé de parlementaires, de chercheurs, de représentants de syndicats et des administrations, a pour fonction de remettre régulièrement ses analyses et recommandations à la Première ministre.  Cette amélioration des finances « s’explique en très grande partie par la croissance importante des ressources due au rebond de l’activité, alors que l’effet de la surmortalité des retraités liée à la Covid sur les dépenses de retraite est resté limité ». Le COR estime que l’amélioration « se prolongerait » en 2022 avec « un excédent de 3,2 milliards d’euros.... "                                            Une nouvelle mouture revient en force, qui sent la précipitation et l'improvisation, qui fait l'impasse sur une récente étude. Alors que le COR ne tire pas la sonnette d'alarme, qu'une partie de la droite rechigne, que le patronat lui-même n'est pas enthousiaste, que les syndicats s'opposent frontalement et que surtout la situation économique que nous vivons demande une urgence prioritaire. Ce n'est pas le moment de mettre le feu aux poudres. Cela sent le passage en force, dans le plus grand des brouillards. De plus cela peut être un piège pour le chef de l'Etat qui en fait une affaire personnelle? Et la solidarité nationale serait un peu plus en péril. Il y a d'autres moyens pour réduire la dépense publique...                                                                                                                                                 C'est récurrent, quasi prévisible. Même quand le problème est prétendu réglé. il se passe peu de temps entre les projets de réforme des retraites, qui se suivent et se ressemblent beaucoup dans leur logique de fond, malgré les discours parfois contradictoires. Mais le diable se cache dans les détails.  Qu' une simplification et une certaine harmonisation soit nécessaire en ce domaine complexe, parfois illisible,  là n'est pas la question. Pour consolider aujourd'hui la cohésion sociale, y compris entre les générations, il n'est tout de même pas anormal qu'un pays riche dont la population vieillit consacre progressivement une part plus forte du PIB aux retraités. Mais il doit aussi améliorer l'équité du système. Car si les inégalités chez les retraités sont aujourd'hui du même ordre que chez les actifs, c'est en partie le résultat d'une illusion statistique : parce que les pauvres vivent nettement moins longtemps, leur poids est plus faible chez les retraités que chez les actifs...Il faut du temps pour réformer le moins mal possible un problème de cette ampleur, qui engage l'avenir.  « Hâte-toi lentement », comme disait Auguste. Ou comme Euripide: «Chez un chef, prudence vaut mieux que témérité. »       Comme l'exprime à sa manière Hervé le Bras aujourd'hui. Quand il a fallu dix ans dans certains pays pour réformer (imparfaitement) le système des retraites....La précipitation et le passage en force sont souvent contre-performants dans le domaine social et politique.   Il y a plus d' un paradoxe à  relever. Le brouillard s'épaissit...derrière la simplicité des messages envoyés ( "On vit plus longtemps"), surtout quand il est en partie artificiellement entretenu.      Le pourrissement? Non, vous n'y pensez pas...  Un glissement progressif vers le privé.   Des problèmes en suspens..                                                                                                                                  ____Il faut écouter la parole d'un "sage "... Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage, dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l'âge légal. Quand, aujourd'hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver déjà à 62 ans...Mais on va dire: "Maintenant il faut passer à 64 ans?...Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans. Les gens vous disent: les emplois ne sont plus bons pour vous. C'est ça la réalité.. ...On doit alors gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens: "Mes bons amis, travaillez plus longtemps." Ce serait hypocrite...." (E.Macron, conf. de presse, 25 avril 2019). ....Contraste...            



___________Un point de vue qui ne manque pas d'intérêt:   Valérie Rabault: : « Dans cette campagne présidentielle, les retraites constituent une vraie ligne de clivage entre les différents candidates et candidats. Pour l’illustrer, voici 5 vérités que les tenants d’un départ à la retraite à 65 ans peinent à voir. __ Première vérité : Les réformes des retraites sont révélatrices des boussoles politiques. Ainsi, entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a augmenté, à la fois, l’âge légal de départ et la durée de cotisation. Dès mai 2012, François Hollande a permis aux personnes qui ont commencé à travailler tôt de prendre leur retraite à 60 ans : ce sont environ 60 000 Français qui chaque année en bénéficient. Il a également pérennisé le financement des retraites avec une hausse des contributions à laquelle chacun prend sa part : 1/3 employeurs, 1/3 Etat et 1/3 salariés. Quant au Président sortant, il a été mis en échec sur son projet de refonte de tout notre système de retraite, projet pour lequel il n’a jamais établi de maquette budgétaire claire, ce qui lui permettait de raboter des droits en catimini.     __  Deuxième vérité : c’est le quinquennat Hollande qui a remis à l’équilibre les régimes de retraite. Ainsi, grâce à la réforme de 2013, le régime général devient - dès 2016 - excédentaire de 900 millions d’euros, et les régimes obligatoires de base de la sécurité sociale de 1,6 milliards d’euros. Pour mémoire, ils étaient déficitaires en 2012 de respectivement 4,8 milliards d’euros et de 6,1 milliards d’euros. Dès 2019, ces régimes redeviennent à nouveau déficitaires du fait notamment de la décision du Gouvernement d’exonérer de cotisations sociales les heures supplémentaires, sans en compenser le manque de recettes induit. Ce déficit s’est aggravé avec la crise du Covid qui a eu pour conséquence de réduire les cotisations encaissées et en 2021, il s’élève, pour le régime général, à 3 milliards d’euros.    __ Troisième vérité : contrairement à ce que prétendent le Président-candidat et les autres candidats de droite, l’âge actuel de 62 ans pour le départ à la retraite ne met pas en péril notre régime de retraite. Ainsi, dans son dernier rapport de juin 2021, le Conseil d’Orientation des Retraites prévoit qu’à long terme, même une fois les retraites des générations du "papy-boom" liquidées, le système de retraites serait à l’équilibre voire excédentaire d’ici 2070, pour 11 des 12 scénarii établis sur la base d’un âge légal de départ à la retraite de 62 ans. Seul l’un des 12 scénarii affiche un déficit autour de 0,7 point de PIB.    __  Quatrième vérité : celles et ceux qui veulent reporter à 65 ans l’âge de départ à la retraite privent cyniquement de retraite celles et ceux qui décèdent entre 62 et 65 ans : ils sont statistiquement près de 27 000 par an. Ils contribuent aussi à accroître les inégalités face à la mort. En effet, les 5% de Français les plus pauvres risquent - statistiquement -5 fois plus d’être morts à 65 ans que les 5% des Français les plus riches. Quant à la pénibilité, il est curieux qu’elle soit désormais évoquée par le Président-candidat qui l’a tout simplement balayée lors de son quinquennat, en supprimant 4 des 10 situations de pénibilité (port de charges lourdes, postures pénibles, poste de travail soumis à des vibrations mécaniques et à des risques chimiques) qui ouvraient droit à un départ anticipé. La prise en compte de la pénibilité était une avancée sociale créée par la gauche sous la présidence Hollande, et financée via une cotisation patronale dédiée.   __  Cinquième vérité : l’allongement à 65 ans de l’âge de départ à la retraite n’a qu’un seul objectif : augmenter les recettes publiques pour couvrir une partie des dépenses engagées lors de la crise Covid. En la matière, les chiffrages de celles et ceux qui proposent un âge de départ à la retraite à 65 ans, laissent apparaître 15 milliards d’euros de recettes supplémentaires, sans qu’aucune affectation ne soit indiquée. Dès lors, il est à supposer que par une mécanique de transferts à construire, cet argent soit en réalité utilisé pour éponger une partie de la dette de la crise Covid.     Plutôt que recourir à ce tour de passe-passe, il eût été plus démocratique d’engager un débat national sur le financement de la crise Covid, comme nous l’avions demandé dès avril 2020. En reportant l’âge de la retraite à 65 ans, ce sont mécaniquement les plus pauvres de nos concitoyens qui vont le plus contribuer au paiement de la facture Covid, tout simplement parce que c’est essentiellement à eux qu’on va confisquer des années en retraite. C’est injuste.  Maintenir à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite, comme le propose Anne Hidalgo, relève de la justice indispensable pour assurer la cohésion de notre pays. Engager un vrai débat sur le financement de la crise sanitaire relève d’une impérieuse responsabilité démocratique. Manifestement, les candidats de la droite et de la République en marche ne veulent ni de l’un ni de l’autre. »                _________________________________           

Aucun commentaire: