Libertés en question
Il faut y revenir. Les moyens technologiques/numériques ne cessent de se développer, à un point que l'on ne pouvait imaginer il y une vingtaine d'années. Les avancées en elles-mêmes ne sont pas techniquement en question: elles ont neutres. Ce qui pose problème, c'est la manière dont elles sont utilisées à des fins de contrôle social, politique ou commercial, de manière délibérée ou non. L'exemple de l'ampleur de ce phénomène, en Chine, à de quoi faire réfléchir. L'espèce de panoptique systématiquement déployé, permettant la reconnaissance faciale, d'une efficacité redoutable, contrôle tous les déplacements publics ct peut sanctionner les "déviances" civiques à tout instant. Le système est donc performant, dans les mains d'un régime qui veut durer sans contrôle. Mais tous les pays sont potentiellement concernés, quelle que soit l'échelle, quel que soit le domaine. La menace n'est donc pas un fantasme. Il y a lieu d'y réfléchir et de trouver des parades, même si nous sommes déjà bien identifiés à notre insu: "...Aujourd’hui, le plus inquiétant quand on parle de surveillance de masse, c’est la capacité de nos auxiliaires du quotidien que sont les smartphones de nous espionner à travers les applications déployées par les Gafam. Ces sociétés ont mis en place un écosystème complet autour d’elles qui leur permet de capter des données, de les monétiser, de les revendre à d’autres qui vont les exploiter. On l’a vu dans le cas de la société Cambridge Analytica, qui exploitait les données de Facebook pour biaiser quelque part des processus électoraux. Aujourd’hui, il y a une capacité absolument phénoménale à capter des informations à forte valeur ajoutée sur les gens. Quand vous mettez un pouce vers le haut dans une application vous dites énormément sur ce que vous êtes. C’est encore plus calibré qu’une interception de communication ! Vous exprimez ce que vous ressentez. Imaginez ce que ces sociétés sont capables de savoir sur vous quand vous avez mis 100, 500 ou 1 000 pouces levés..." Les Singapouriens ont de la chance: de gentils robots veillent sur eux...Même si certains là-bas s'élèvent contre une surveillance devenant généralisée et tentaculaire. La reconnaissance faciale est au programme, comme en Chine. On vous en présente sur le marché à des prix abordables pour surveiller votre environnement, voire votre voisin. C'est la grande banalisation, à laquelle de plus en plus de personnes se résignent...Comme en Chine. Jusqu'où ira l'absence de réactions sérieuses contre cette évolution politiquement discutable? Alerte citoyens! La question est cruciale et en évolution constante. __A l'heure de développement rapide des technologies de surveillance, parfois pour des causes justifiées, parfois moins et parfois allant à l'encontre les droits fondamentaux des personnes, il est urgent signaler une nouvelle fois combien il y a des risques de voir nos droits s'éroder, voire une partie de notre vie privée compromise. On peut comprendre l'usage du bracelet électronique dans certaines circonstances et dans certaines limites bien encadrées par la loi, mais l'intrusion dans la vie privée des individus à leur insu représente un risque permanent et une tentation forte pour certains régimes tentés par des mesures de contrôle, soft ou non. Les moyens ne manquent pas et peuvent se sophistiquer à l'infini. Jusqu'à atteindre les conditions décrites prémonitoirement par Orwell. Sans aller jusqu'au système chinois. Il n'y a pas que les caméras. L'intrusion dans les données numérique représente un autre danger. Pas seulement à grande échelle. Pas seulement dans certains services demandant à être supervisés en permanence.
____«Plus on est habitué à être observé, moins on est sensible aux atteintes à la vie privée» (A.Rouvroy)____
On ne peut être sans réaction face à cette question, aux menaces qui nous guettent.
Les réponses données ne peuvent nous laisser indifférents.
On ferait bien d'y regarder de plus près, car si le danger est réel, les réponses données en hâte ne sont pas sans péril. Le dossier est complexe. On ne saisit pas toujours tous les tenants et aboutissants de cette mesure exceptionnelle. On nous promet des garanties. Peut-on y compter? On nous annonce des améliorations. Mais comment ne pas se poser de questions? Même l'OSCE s'interroge...
Car le dossier n'est pas que technique. On a beau être non spécialiste des algorithmes, on est confronté à une problème politique, juridique, qu'on ne peut éluder, étant donné l'ampleur et l'ambigüité des moyens informatiques que nous ne comprenons et ne maîtrisons que très partiellement.
La stratégie mise en place par le gouvernement inquiète même un modéré comme Pierre Rosanvallon, qui se pose des questions.
Serions-nous tous suspects? Certes, dira-ton , comme d'habitude, si nous n'avons rien à nous reprocher, qu'avons nous à craindre?
C'est voir le problème par le petit bout de la lorgnette.
Sans tomber dans la schizophréne, sans comparer point par point avec le Patriot Act, (*) sur lequel Obama n'est revenu que très partiellement, nous savons que nos libertés sont déjà sous surveillance.
Comment sortir d'un piège qui n'est pas que commercial et qui peut porter atteinte à des principes essentiels de la liberté de conscience. Si nous n'y prenons garde.
Un mauvais signe: la discussion sur la loi a eu lieu devant une assemblee presque vide! Et les Français consultés seraient plus de 60% à approuver les mesures, n'y connaissant rien ou ou presque.. Ce qui n'est pas pour rassurer. L'indifférence ou l'ignorance peut faire peur, ainsi que les stratégies d'évitement. D'autant que le PS de 2009 s'oppose au PS de 2015.
Cette loi cristallise de nombreuses critiques.
L'ennemi est à nos portes informatiques et il faudrait utiliser des armes radicales pour tout contrôler? (à condition que cela soit possible).
Le Monde, journal (très modéré) s'est livré à une petite enquête qui fait déjà réfléchir.
L'enjeu démocratique est sans précédents, car des questions essentielles nous échappent, comme à certains experts.
Difficile de ne pas mettre en question ce qui va échappe au judiciaire, contre ce que l’on ne perçoit pas vraiment.
On ne peut prêter au gouvernement des intentions perverses, mais une certaine rapidité et une certaine légèreté. D'autant que le gouvernement écarte la Cnil de sa réflexion.
L'objectif des luttes contre les cyberattaques ne suffit pas à nous rassurer.
Et la question des questions: qui contrôlera les services de renseignement ?
Que feront les boites noires de la Loi Renseignement ?
"...le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme demande que toute loi sur la surveillance de la population soit "suffisamment accessible, claire et précise pour qu'un individu puisse s'y référer pour vérifier qui est autorisé à pratiquer la surveillance des données et en quelles circonstances".
N'est-on pas là face à une utopie?
_________-Pourquoi une nouvelle loi?
-_Les taux d'échecs des algorithmes de surveillance sont très élevés
- Renseignement: vu d'Allemagne, le texte français est inimaginable
- Course discutable au durcissement
- Un danger pour la confidentialité des sources
- Les bugs du big data
- Avons-nous vendu notre âme aux Gafams? _ __"....En général, la vie privée est quelque chose que les gens ont tendance à sous-estimer jusqu’à ce qu’ils ne l’aient plus. Les arguments tels que « je n’ai rien à cacher » sont courants, mais ne sont pas vraiment pertinents. Les personnes qui vivent sous la surveillance constante se rendent rapidement compte que la vie privée n’est pas d’avoir quelque chose à cacher. Il s’agit de l’individualité et de l’autonomie personnelle. Il faut être en mesure de décider à qui vous révélez et dans quelles conditions. Il faut être libre d’être un individu sans avoir à se justifier constamment vis-à-vis d’un surveillant. Cette tendance à sous-estimer la vie privée est exacerbée délibérément par les entreprises qui font en sorte que la vie privée ne soit pas un point essentiel pour les utilisateurs. Lorsque vous vous connectez à Facebook, vous ne pensez pas au nombre d’informations personnelles que vous révélez à l’entreprise ; vous discutez avec vos amis. Quand vous vous réveillez le matin, vous ne pensez pas à la façon dont vous allez permettre à tout un tas d’entreprises de vous suivre tout au long de la journée ; vous mettez simplement votre téléphone portable dans votre poche...."_______________________
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