Maudit soit Moody's!...
Les agences de notation refont parler d'elles après la crise de 2008 et ses conséquences délétères sur les finances publiques. Il s'agissait de "sauver le triple A", la fameuse valeur fétiche de référence à Wall Street, qui sévit même aux USA, sans qu'on s'interroge sur le sens de la dette publique, montrée du doigt. ___ Beaucoup se demandent s'il ne conviendrait pas d'abord de noter les noteurs. De quel droit distribuent- ils les bons ou les mauvais points? Qui contrôle les agences notatrices... et leurs décisions arbitraires, qui ont accentué la crise financière ? Les Big Three ne sont pas des entités hors-sol. Elles font des affaires, de bonnes affaires, et leur objectivité est en question: "...Trois entreprises de notation, toutes américaines, se partagent l’essentiel du marché au niveau mondial : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. En 2022, les « Big Three », comme elles sont surnommées, détenaient 93 % des parts du marché de l’Union européenne. Et, malgré la recommandation de l’Autorité européenne des marchés financiers de favoriser l’une des dix-sept autres agences accréditées minoritaires, ces trois mastodontes continuent de régner sur les notations. Les entités publiques françaises ayant commandé des notations financières depuis 2017 n’ont d’ailleurs pas suivi cette recommandation et ont toutes recouru à l’un des trois géants. L’un des « Big Three », Fitch, a eu jusqu’en 2018 des capitaux français..." Et pourtant la dette française reste très demandée. Ouf! L'infamie tant redoutée par Bercy n'aura pas lieu...Rien de changé, finalement...
" Qui a créé les agences ?La création des agences de notation remonte au XIXe siècle aux États-Unis. Après la panique de 1837, la nécessité d'évaluer la solvabilité des entreprises s'est fait ressentir. Quatre ans plus tard naissait The Mercantile Agency, première société d'analyse financière de crédit. Dans le sillage de la révolution industrielle et du développement du chemin de fer naissent d'autres agences, comme celle de John Moody, Moody's Investors Services Incorporation, créée en 1909, ou encore The Fitch Publishing Company en 1922. Depuis les années 70, elles sont davantage contrôlées par la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la bourse américaine. Les trois grandes agences internationales qui contrôlent 90 % du marché mondial de la notation sont toutes américaines : Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's. ___Qui les paie ?Les agences sont détenues par des capitaux privés. Le milliardaire Warren Buffet possède 13 % du capital de Moody's ; Standard & Poor's appartient à l'éditeur américain McGraw-Hill Companies et Fitch est détenue par la société financière française Fimalac. Les agences sont rémunérées par les sociétés qui veulent recevoir ou utiliser une note ; et qui paient un ticket d'entrée plus des commissions à chaque transaction. Arguant de la complexité des marchés financiers pour analyser le risque de faillite des acteurs économiques, les agences se font chèrement rémunérer, ce qui en fait des sociétés florissantes avec des marges de 38 à 58 % !___Comment notent-elles? Lors de la crise financière asiatique à la fin des années 90, durant l'éclatement de la bulle internet ou encore à l'occasion de la crise financière de 2008, leur réactivité et l'exactitude de leurs notes - sous ou sur-évaluées - ont été mises en cause. Les agences ont chacune une échelle de note, allant de AAA (triple A) à DDD. Ces notes sont attribuées après un long travail d'analyse des chiffres économiques et financiers. Dans le cas des États, les analystes peuvent rencontrer des membres du gouvernement. Les trois agences ont toutefois des méthodes d'évaluation différentes, ce qui explique des dégradations brutales ou davantage étalées dans le temps.__Peut-on s'en passer ? Dans un contexte de crise où les investisseurs leur ont délégué leur mission d'évaluation des risques, les agences jouent un rôle important sur les marchés. On pourrait difficilement se passer d'elles, mais comme le suggère l'Autorité française des marchés financiers, il faudrait une « désintoxication de la notation » et donner moins d'importance aux notes. La finance, toujours la finance!... le plus souvent hors-sol... ______________________________________
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