Il serait temps de ne pas singer les anglos-saxons. de la manière la plus ridicule qui soit, au sein même de nos institutions. "... La dernière étude d’Education First, publiée ce mois-ci, place la France à la 31ème place des pays maîtrisant l’anglais, derrière le Costa Rica, le Nigéria, l’Estonie et l’Argentine. Pas de quoi fanfaronner..."
Vidéo de l’humoriste Karim Duval sur le franglais.
"Publicité, ministères, grandes administrations, conseils régionaux… les anglicismes ont envahi tous les champs lexicaux. On est loin de l’injonction gaullienne intimant de stopper « l’emploi exclusif de l’anglo-saxon ». Quand Clairefontaine, marque bien connue des écoliers, vend son slogan « September is coming » tout en revendiquant son ancrage économique français, on se gratte la tête. Idem quand Roche Bobois évoque son « French art de vivre » ou Michelin son « motion for life ». À la tête du Conseil de l’éthique publicitaire, le sociologue Dominique Wolton s’agace du ridicule assorti à la prétention de certains slogans pour lesquels « il semble impossible de justifier le non-usage du français, particulièrement lorsque ceux-ci s’adressent aux Français et plus encore lorsqu’ils émanent d’entreprises hexagonales ». Malgré les efforts de la loi Toubon, qui fête ses 30 ans, les termes anglo-américains pullulent dans la publicité, le commerce et l’entreprise. Mais il y a plus grave. L’Académie française, qui a publié un rapport sur le sujet, désormais disponible en librairies – N’ayons pas peur de parler français (Plon) –, dénonce une présence massive et nouvelle du franglais dans « le langage des responsables des institutions » Une "modernisation" dérisoire
Les Français sont en train d'être "managés" rapidement , insidieusement. Sous prétexte de "modernisation". Cela ne date pas d'aujourd'hui et le phénomène restait dans des limites acceptables. Toutes les langues participent à des échanges linguistiques au cours de leur histoire, mais là on assiste actuellement à un mimétisme accéléré, généralisé, encouragé par le business ambiant et certaines élites américano-centrés, un tropisme étrange, qualifié de ridicule par ceux qui nous jugent, même sur les bords de l'Hudson. Ce n'est plus seulement: parlez-vous franglais? Tous doivent s'y mettre pour ne pas être jugés has been. Il suffit de parcourir les rues d'une ville pour s'apercevoir que les rues sont bourrées d'anglicismes plus ou moins douteux. Même Paul Bocuse s'y met allégrement. Mais où va-t-on?... L'anglomanie domine, au fur et à mesure que notre langue s'affaiblit, que son apprentissage se réduit. Le globish se répand à grande vitesse. Ce qui stupéfierait un Québecois. François 1er se retournerait dans sa tombe. Le Général aussi. Si encore on utilisait un anglais de bonne tenue, modérément, à l'égal des autres, même au sein du Conseil de l'Europe, ce serait un moindre mal, mais c'est tout le contraire qui se produit: un mauvais globish sans retenue et à tous propos fleurit dans tous les domaines, pas seulement commercial. Dans les aéroports, on comprendrait, mais dans le commerce de base notamment, c'est l'envahissement, voire la colonisation. Même chez mon coiffeur et mon chauffagiste... Le globish business est partout.. La loi Toubon, c'est pas tout bon. Les barrages symboliques ont cédé. Un dispositif qui a largement échoué dans la course à la mondialisation sans frein sous hégémonie anglo-saxonne. La loi linguistique du vainqueur s'est imposée, ou plutôt des sous-produits. Pourtant ce n'était pas inéluctable. Les résistances canadiennes le prouvent. ________ "....En 1994 cette loi était passée pour « protéger le patrimoine linguistique français ». Déjà, le Conseil Constitutionnel en avait limité la portée au service public. Vingt-sept ans après, elle est tellement inefficace que notre future carte d’identité sera bilingue, et le globish bourgeonne dans bien des communications de nos services publics, sans même parler du secteur privé. La France a donc besoin d’une nouvelle loi pour rétablir le français comme seule langue de communication de notre pays...." Globish is fun. Il est partout, même là où il n'a pas lieu d'être, et gagne du terrain tous les jours., cet anglais rétréci à quelques centaines de mots, qui est a mille lieues de la langue-mère, fine et complexe. Utile dans certains usages techniques et professionnels, il devient en dehors parfois du plus haut ridicule dans ses usages quotidiens de plus plus fréquents, se voulant sans doute une pratique de la plus haute modernité.
"... What did you expect ? », « what else ? », la gamme « make up » de l’Oréal : lentement, mais sûrement, la langue anglaise gagne du terrain sur notre territoire, dans tous les domaines. Slogan publicitaire, noms de produits ou de magasins, noms des films. A quand le coup d’arrêt ?
Il est sacrément paradoxal de constater que depuis le vote de la loi Toubon, insidieusement, mais sûrement, notre belle langue perd des parts de marché dans notre espace public national.
"..;Tout le problème vient du fait que cette progression, aussi certaine soit-elle, est lente, et donc peu spectaculaire. Pourtant, pour qui parvient à se souvenir de la situation d’il y a 20 ou 30 ans, la situation s’est largement dégradée. Nous allions faire nos courses dans des Atac ou des Champion, et non des Simply Market ou des Carrefour Market. Le nom des films était presque toujours traduit dans la langue de Molière. Relativement peu de produits avaient des noms aux consonances anglo-saxonnes.
Bien vu. Et ça continue, jusqu'à la saturation, ce qu'éviteraient de faire les Québécois Voilà notre langue bien mise à mal. Et le mimétisme se répand en tous domaines.
Un choix qui n'est pas neutre:
"...Ceux qui prônent l’anglais comme langue internationale voient moins clair, moins net et moins loin que David Rothkopf, ancien conseiller de l’administration Clinton qui, en 1995, avait écrit : "Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent." (In Praise of Cultural Imperialism, Foreign Policy, Number 107, Summer 1997, pp. 38-53)
Le globish évolue souvent en proportion inverse de la maîtrise de sa propre langue, dont on finirait presque par avoir honte..face à la langue des "maîtres".
Il colonise la toile
Pas seulement nos rues.
Hors de lui, point de salut.
L'anglais, du moins celui que nous parlons mal facilement, comme disait Churchill, est devenu notre nouveau latin, avec la montée en puissance technologique de l'Empire, avec le triomphe de la Silicon Valley, avec la numérisation galopante d'une grande partie de notre vie, dont les clés sont ailleurs.
La langue ou la sous-langue du colonisateur fait florès jusque dans nos rues, se niche dans moindre aspect de notre vie quotidienne, jusqu'au coiffeur du coin qui a mis son enseigne à l'heure de Londres ou le petit restaurateur qui ne fait plus la cuisine, mais des happy meal..
Un globish à tout faire, en quelque sorte, pour faire "moderne".
Dans le monde des open space, on jargonne sans retenue un globish douteux.. A Science Po, on se démarque du vulgum pecus. Les élites se délitent.
La langue dénaturée de Shakespeare et ses dérivés ont pris le haut du pavé dans notre enseignement.
Certains résistent encore, mais au Québec on fait de la résistance. La dérive est constante depuis plus de vingt ans
Le New York Times lui-même se moquait avec mordant de ce que nous sommes devenus:
"...Ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France et dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe » restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketing qu’on lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame. Ainsi à la télévision française organise-t-on des « Talk », comme si la langue française était sans ressource pour nommer une émission de variété. Même le monde de la littérature se place sous le patronage de l’anglo-américain. Ainsi, s’inspirant du Courrier International, pourtant fondé comme une entreprise d’ouverture à la diversité linguistique, un magazine de recensions de livres a pris le nom de Books , façon désinvolte d’annexer une publication française au modèle anglo-saxon de revue littéraire (comme le New York Review of Books). Sur la scène parisienne, se faire jouer les trésors de la littérature française en anglais semble être du plus grand chic : ainsi le renommé théâtre du Châtelet a-t-il mis à l'affiche du 28 mai au 4 juillet 2010 une production anglaise de la comédie musicale Les Misérables d'Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg originalement conçue en français d'après le célèbre roman de Victor Hugo. (Quand verra-t-on sur les scènes londoniennes une comédie musicale Hamlet ou King Lear en français?)
Dans les grandes entreprises françaises, l’anglais a supplanté le français dans les rouages névralgiques; mêmes les entreprises à vocation strictement nationale voient arriver à leur tête des armées de jeunes managers formés à l’anglo-saxonne, pressés d’appliquer les recettes apprises en anglais à la lecture de manuels américains. Les universitaires français se convertissent aussi frénétiquement à l’anglais. Le prestige des publications dans les grandes revues et maisons d’éditions françaises a faibli ; les embauches dans les universités, les promotions, les honneurs se jouent de plus en plus sur la capacité à publier en anglais dans les forums mondialement cotés, à s’insérer dans les réseaux de recherche « européens » où tout se décline en anglais. Les grandes écoles et les universités françaises, au nom d’une autonomie fraîchement accrue, multiplient les programmes et les formations bilingues ou donnés strictement en anglais, dans l’espoir de toucher une part du marché lucratif des étudiants étrangers qui rêvent de vivre « a french experience » sans dépaysement linguistique. Il n’est pas rare que des professeurs français se vantent de donner leur cours en anglais, sans protestation des bacheliers français, au grand dam des étudiants…. étrangers que la France séduit encore par la langue et la culture. Même le vocabulaire de la politique française se ressent de cette anglomanie. Le secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a proposé en avril 2010 de renouveler les politiques sociales françaises en s’inspirant du « care » britanniquev. La diplomatie française s'est mise aussi à l'english, en publiant, sous l'impulsion de Bernard Kouchner, ses cahiers (Mondes) en version bilingue. On applaudit même en France à « l'impérialisme cool de l'anglais », ainsi que l'a fait le thuriféraire de la culture américaine Frédéric Martel, dans un texte publié dans Le Point du 28 juillet 2010, « Français, pour exister, parlez English », où il clame sans ambages sa conviction que le français est incapable d'être autre chose qu'une langue de Gaulois rétifs à la modernité, sans dimension internationale ni même européenne. ______
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