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vendredi 24 janvier 2025

Maltraitance, raison budgétaire

Et obsolescence 

       La course en avant, parfois effrénée vers une production sans cesse développée et, à grande échelle, de moins en moins soucieuse de l'avenir climatique et de la qualité des rapports humains, est de plus en plus dénoncée comme une marche vers l' obsolescence de l'humain, selon l'expression déjà ancienne de Günther Anders. Selon lui l'homme contemporain devient de plus en plus étranger au monde qu'il contribue à construire et perd progressivement le sens des valeurs et des priorités, conditionné par le monde technologique qui l'entoure er la croissance de l'individualisme, coeur d'une consommation toujours plus affirmée. "...Déjà, à l’époque, Anders voyait que la croyance dans un salut par le progrès technologique était vaine si cela ne nous permettait pas de nous resocialiser, de nous rapprocher les uns des autres. Pire, en consommant des loisirs de masse, le travailleur contribue lui même à la standardisation des goûts, des usages, nous dit le philosophe allemand. Les appareils de transmission et les émissions (ou les « contenus » pour être plus moderne) aliènent la singularité de chacun dans un mouvement qui nous rend interchangeables – et donc obsolètes...."     


          Un individualime de plus en plus marqué, conséquence des valeurs de jouissance immédiate, croissante et diversifiée, propres à la société de consommation, qui tend à envahir toutes nos vies. Au coeur d'un système productif et social qui tend à tout mesurer à l'aulne du profit et de la rentabilité:                                                                                                                                                           
"Que valent les politiques sociales et économiques qui, au nom de la raison budgétaire, ne tiennent absolument pas compte des maltraitances et des morts des humains abandonnés dans la rue, dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et jusqu’à l’hôpital, produisant des catastrophes sanitaires et humaines ?   La vulnérabilité des patients et des soignants, l’angoisse des familles et des professionnels, sont méprisées et rendues invisibles par une bureaucratie aussi féroce qu’inefficace.   Ces violences symboliques et matérielles font le jeu des populismes et des extrémismes avec d’autant plus de facilité que la culture et l’information sont marchandisées sous l’effet des modes et du « présentisme », bradées comme spectacles éphémères et inconsistants. Cette obsolescence de l’humain est aggravée par un déclin des humanités, par un effondrement des dispositifs de formation à l’esprit critique et à la réflexion traditionnellement assurés par l’éducation, la recherche et la culture. Le lien démocratique et la pensée critique, fondés sur le goût de la liberté et de la justice, sont sacrifiés par des dispositifs d’intimidation sociale qui se prétendent « expertises ». Ça suffit !  Il ne faut plus céder à la curatelle technico-financière des humains accomplie par ces pseudo évaluations qui ignorent délibérément le gâchis humain qu’elles produisent, la perte du sens de l’existence, la dévalorisation des vies, le désespoir et le malheur, au profit d’une logique de domination sociale. Aujourd’hui où, de nouveau, des printemps de colère et de désespoir émergent refusons ces pseudo évaluations, vecteur essentiel d’une politique de prolétarisation des métiers et de paupérisation des professionnels.  Arrêtons ces impostures que sont les évaluations comptables et les fake news sur lesquelles elles s’appuient. Exigeons que les mesures de la valeur prennent en compte le coût humain. Face à l’hyper-libéralisme mondialisé et au gâchis humain qu’il produit, des violences radicales s’expriment, elles lui appartiennent. « Les hommes ressemblent plus à leur époque qu’à leurs pères » rappelait l’historien Marc Bloch. La nôtre ne fait pas exception..."  __________________

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