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mercredi 15 janvier 2025

L' Empire empire

       Ce n'est pas une blague  

                                          « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […] L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » [Woodrow Wilson, cité par Bernard Vincent, La Destinée Manifeste, Messène, Paris, 1999]

                          ___ Le futur requin de la Maison Blanche ne rigole pas. Non content de vouloir avaler quelques territoires économiquement stratégiques, il souffle sur les braises de la cité des Anges et rebaptise le Golf du Mexique en domaine de l'Oncle Sam. Il renoue à sa manière avec l' aventure théologico-politique du pays, à la suite des premiers colons. Les boucs émissaires sont identifiés. L'aventure militaire n'est pas exclue, le cas échéant... Une vieille histoire.  Le déclin US sera derrière lui, pense-t-il, comme les menaces sur le dollar, le pilier de la politique extérieure, avec l'armée .        ___ Après une période de déclin, du moins ressenti comme tel, place est venue, pour le nouveau locataire de la Maison Blanche, pour une politique économique agressive, contre une Chine qui inquiète par sa nouvelle puissance, au dépend d'une Europe vassale et désunie. 

                    L' exceptionnalisme doit rester la règle, à tout prix  Dieu est forcément américain,  et impose une Destinée manifeste ..à ce pays d'exception. (1)                                                 « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […] L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » [Woodrow Wilson, cité par Bernard Vincent, La Destinée Manifeste, Messène, Paris, 1999] Cela vient de loin, de ses mythes fondateurs.                                                                                                                                  ____ Déjà, dans les années 60, Claude Julien avait fait le tableau d'une puissance omniprésente et omnipuissance.                                                                                                                        Noam Chomsky  "met en relief la nature belliqueuse de la politique étrangère américaine, contrairement au discours classique de défense des libertés et des droits de l’homme mis régulièrement en avant par les autorités officielles américaines. Les États-Unis ont imposé un modèle capitaliste qu’ils défendent sur la scène internationale et, selon l’auteur, la guerre vise principalement à protéger les intérêts des grandes entreprises américaines. En effet, le parallèle entre la guerre et la concurrence économique est entièrement assumé par Noam Chomsky, qui s’emploie à justifier historiquement.. Il ne s’agit pas d’éliminer des adversaires, mais de mettre à terre d’autres projets de société alternatifs pour que la mondialisation libre-échangiste serve uniquement les intérêts américains. Les États-Unis ont ainsi systématiquement soutenu des coups d’État militaires pour appuyer une brutalisation consistant « à infliger […] le maximum de souffrances dans l’espoir, non seulement de faire durer [les] difficultés mais aussi de faire en sorte que seuls les éléments les plus durs et les plus brutaux de la population en sortiront » . L’originalité de l’ouvrage tient à l’analyse systématique de tous les régimes appuyés par les États-Unis dans les années soixante, en Amérique latine et en Asie. La Seconde Guerre mondiale fait même l’objet d’une nouvelle lecture, selon laquelle les États-Unis sont entrés en guerre non pas pour s’opposer à la solution finale appliquée par le régime nazi, mais pour protéger les intérêts économiques américains menacés. Selon Noam Chomsky, l’usage de la bombe nucléaire par les États-Unis et la destruction de générations au Japon ne peuvent être ignorés dans ce contexte. Les États-Unis se sont très vite écartés des accords de Genève d’après la guerre qui donnaient un cadre aux conflits pour éviter les massacres des populations civiles..."                                                                                                                           __________ Même dans l'intervention en Europe en 1917 et dans celle, tardive de 1940, les intentions US ne furent jamais désintéressées.            Une histoire qui se répète, sous des formes diverses, depuis deux siècles et demi, jusqu'à l'intervention syrienne, à la fois avouée et déniée. Non sans "bavures", ni sans échecs.                                                                                                                       Les avertissements de Eisenhower à la fin de son mandat n'ont pas eu de portée.  __ "A l'instar des empires d'antan, de la Pax romana à la « démocratisation du Moyen-Orient », les intérêts stratégiques propres à une grande nation sont indispensables au maintien, voire à l'accroissement de sa puissance. Du Mexique, victime en 1848 de l'expansionnisme américain, au Panama, dont le contrôle offre un atout commercial considérable, en passant par l'Irak, objet de toutes les convoitises depuis que l'or noir y est exploité, les exemples ne manquent pas.                  ___Assurer la croissance de son territoire, la maîtrise des matières premières et des débouchés économiques pour la production nationale sont autant d'enjeux qui requièrent parfois l'usage de la force. Le déclin relatif de l'économie américaine, l'explosion d'un déficit commercial apparu dans les années 1970, la contraction de son produit national brut à l'échelle mondiale et l'émergence d'un concurrent comme la Chine rendent, depuis les années 1990, la consolidation et l'extension de ses positions stratégiques plus vitales que jamais. La guerre n'est-elle pas, selon les mots du théoricien militaire Clausewitz, la « politique continuée par d'autres moyens » et un « véritable instrument de la politique » ?              ____ Rabino étudie la contribution de l’armée à la réalisation des films de guerre, la torture dans les séries télévisées, le vocabulaire volontiers barbare des responsables de la communication militaire, le débat sur les éventuels dégâts sanitaires dus à l’uranium appauvri des munitions, nous donnant, chaque fois que c’est possible, des statistiques sur l’évolution de ces phénomènes significatifs. Les fluctuations d’une opinion mobile, patriotique et démocratique, manipulée ou résistante selon les circonstances, adhérant ou refusant le discours officiel, sont saisies et suivies par des sondages. Il le faut : la réalité de l’Amérique est qu’elle est toujours en guerre, ainsi que son immense armée, son gigantesque budget militaire, ses bases, ses interventions incessantes en témoignent. "                                                            ____ "« Cette conjonction entre un immense establishment militaire et une importante industrie privée de l’armement est une nouveauté dans l’histoire américaine. (...) Nous ne pouvons ni ignorer, ni omettre de comprendre la gravité des conséquences d’un tel développement. (...) nous devons nous prémunir contre l’influence illégitime que le complexe militaro-industriel tente d’acquérir, ouvertement ou de manière cachée. La possibilité existe, et elle persistera, que cette influence connaisse un accroissement injustifié, dans des proportions désastreuses et échappant au contrôle des citoyens. Nous ne devons jamais permettre au poids de cette conjonction d’intérêts de mettre en danger nos libertés ou nos méthodes démocratiques. Rien, en vérité, n’est définitivement garanti. Seuls des citoyens alertes et informés peuvent prendre conscience de la toile d’influence tissée par la gigantesque machinerie militaro-industrielle et la confronter avec nos méthodes et objectifs démocratiques et pacifiques, afin que la sécurité et les libertés puissent fleurir côte à côte. » (D.E.  1961)

           Représentant républicain d'un Etat qui ne manque pourtant pas d'académies militaires, le député de Caroline du Nord Walter Jones assure"Nous ne pouvons pas continuer à policer le monde. "Sénateur démocrate de Virginie occidentale, Joe Mandrin assène : "Reconstruire l'Amérique ou l'Afghanistan, il faut choisir."__Plus significatif encore, le NewYork Times rapporte que la Conférence des maires du pays, réunie en juin, a adopté une résolution à tonalité isolationniste. Elle stipule que les impôts des Américains doivent servir à construire des ponts "à Baltimore et à Kansas City, pas à Bagdad ou à Kandahar". Traditionnellement, le Parti républicain porte haut et fort le drapeau de l'engagement à l'étranger. Cette fois, ses deux principaux candidats pour 2012, Mitt Romney et Jon Huntsman, sont les avocats d'un retrait rapide d'Afghanistan.
   __Est-on encore une superpuissance quand une partie de son budget militaire est prise en charge par un autre pays, en l'espèce, la Chine, acheteur numéro un de bons du Trésor américains ? L'un des papes de l'establishment stratégique du pays, Leslie Gelb, répond : 
"Ce qui déterminera l'avenir de l'Amérique, ce n'est pas ce qui peut arriver en Afghanistan aujourd'hui ou dans les cinq ans à venir, mais ce qui va se passer à propos d'une dette qui nous écrase."  ___________________________

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