Faut-il déprésidentialiser?
Et dans quelle mesure? Notre "pôle de stabilité" a ouvert la voie à une aventure institutionnelle inédite. L'homme que les Français ne méritent pas..(.selon, dit-on, la dame de l'Elysée) cherche en vain une issue, dans un pays déclaré par lui "non réformable"!.. La grenade élyséenne n'a pas fini de produire ses effets dévastateurs... Un nouvel équilibre est à trouver. De nouvelles voies sont possibles. La dissolution a été le geste de trop, qui a mené à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. "...Il faut écouter la fin du propos de François Mitterrand à l’égard du chef de l’État (de l'époque) : « Le premier ministre est son aide de camp, les autres ses ordonnances. Ce qui ne l’empêche pas de surveiller son petit monde de près et d’entretenir une escouade d’attachés obscurs et diligents qui oriente et contrôle, de l’Élysée, les actes ministériels. Les membres du gouvernement savent qu’ils dépendent d’une humeur et pour s’y adapter s’entraînent au dressage qui assouplit l’échine. La plupart y réussissent sans forcer leur nature. Certains en souffrent, mais tirent un mérite supplémentaire de la difficulté qu’ils ont à se montrer serviles. » Et si on modifiait la consititution? En publiant « Sortir de la Ve », Carolina Cerda-Guzman revient efficacement sur les raisons d’en finir avec le régime hyper-présidentialiste actuel. Plutôt qu’un nouveau texte constitutionnel fait en chambre, la juriste propose une méthode pour que les citoyennes et les citoyens participent à son écriture.
Comme le signalait à l'époque le constitutionnaliste René Capitant, c'est« Une occasion perdue », et « le texte le plus mal rédigé de notre histoire constitutionnelle, [ce qui] restera une cause d’humiliation permanente pour ceux qui ont tenu la plume. » Seule la crise algérienne en cours, censée être résolue par de Gaulle, invite à soutenir le nouveau régime. Car « [s’il] fallait juger le projet de Constitution métropolitaine pour lui-même, isolé de son contexte […], il y aurait peu de raisons de l’approuver .." Et si le problème majeur consistait à changer une constitution qui ne cadre plus avec les nouvelles donnes de la vie politique, qui ne respecte plus les équilibres des origines, adossée à une figure d'exception et qui encourage une course sans fin vers le pouvoir suprême? Trop de verticalité de la part d'un président devenu jupitérien. Une politique du secret et parfois... du mépris et finalement, au cours du temps, une République affaiblie. Il y a danger à maintenir le système en place. Que l'on songe à la critique de Villepin et aux propos de Mendès-France en son temps. Déprésidentialiser est une voie possible et nécessaire. "...En 1962, dans La République moderne, Pierre Mendès France fustigeait la Ve République, qui souffrait selon lui d'une "totale absence d'équilibre entre les principaux organes de l'Etat", la concentration des pouvoirs dans les mains du président de la République faisant obstacle à la démocratie. Que dirait-il aujourd'hui, à l'heure des "hyperprésidents" ? Certes, nombreux sont ceux qui se réjouissent ou s'accommodent de cette prépondérance ; reste que d'autres continuent à raison de s'en alarmer et appellent à repenser nos pratiques et notre Constitution. C'est le cas du think tank Generation Libre, qui publie Déprésidentialiser la Cinquième République, un riche recueil collectif signé par huit auteurs - des chercheurs, des professeurs de droit, un ancien ministre ou encore un préfet. "...Un système qui sape les fondements, en conférant quasiment les pleins pouvoirs à un homme seul, à ses caprices ou ses emportements. Et qui abaisse ou bâillonne toute forme de contre-pouvoirs véritables, qu’il s’agisse des syndicats, des autorités indépendantes ou de la presse. À la volonté de tous, ce système oppose la tyrannie d’un seul. Maintenant que le gouvernement Barnier vient de tomber, on mesure mieux encore à quel point ce combat démocratique est impérieux. Car, de crise en crise, le présidentialisme français est désormais crépusculaire et est en train d’amener le pays dans un chaos dont on voit mal comment il en sortira. C’est peu dire que les alertes pointant les ravages du présidentialisme sont anciennes. Elles sont presque aussi vieilles que la République. Elles ont été particulièrement virulentes sous le Second empire : de très grandes voix, comme celle de Karl Marx (1818-1883) dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, ou de Victor Hugo (1802-1885) dans Napoléon le Petit, ont dénoncé chacun avec leurs mots les errements de ce régime autoritaire. Et tous les républicains de l’époque ont enfourché ce même cheval de bataille, en étant envoyés en prison ou au bagne pour cela..." ____________________
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