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samedi 26 avril 2025

Pistes de réflexion

__  Blocus

__ Autocratisme

__ Illégalité

__ Contestations

__ Prédation       

__ Un fidèle

__ Vinum bonum?

__ Le chouchou

__ Merdification

__ Trous noirs

__ Drill Baby!

__ PS sans projet

__ Lutte sans fin?

__ Chômage en hausse

__ Chine en pointe 

__ Expérience policière

__ Pesticides et cancers

__ Communion par le pape  

    ____________________  * Tsahal, l'armée la plus morale du monde?   __________  

________       * Quand un Israëlien parle  de la situation de son pays...                                                                                                                              "...Conseiller juridique des ONG humanitaires Yesh Din et Peace Now. Petit-fils du sociologue et philosophe Zygmunt Bauman, il étudie dans son dernier livre (« Occupation From Within: A Journey to the Roots of the Israeli Constitutional Coup », titre traduit de l’hébreu), récemment paru en Israël, les racines profondes de la dérive autoritaire et illibérale de la société israélienne. Il livre ici les résultats dérangeants de ses recherches....                                            Il est clair pour moi que tout ce que fait Nétanyahou depuis des années, depuis sa tentative de coup d’État constitutionnel jusqu’à sa conduite de la guerre à Gaza, obéit à un seul et même objectif : échapper au procès pour corruption intenté contre lui.  Sa survie politique et personnelle dépend de son aptitude à rester à la tête du gouvernement, à consolider son pouvoir et à préserver sa coalition. Il pense ainsi pouvoir interrompre son procès, voire en obtenir l’annulation.  Sa coalition possède trois composantes : le Likoud, les partis religieux ultraorthodoxes et l’extrême droite fasciste et raciste de Smotrich et Ben Gvir. Et chaque composante a ses intérêts, que le gouvernement doit servir. Le Likoud cherche à profiter de la situation pour placer ses hommes aux postes de pouvoir en contournant les mesures anticorruption et les dispositions contre le favoritisme politique.                                                                                                                                                                    Traditionnellement, les ultraorthodoxes cherchent surtout à préserver les avantages et privilèges alloués par les gouvernements successifs à leur électorat…  Exactement. Aujourd’hui, ils veulent surtout continuer de bénéficier du financement gouvernemental très généreux alloué à leurs communautés, et en particulier aux centaines de milliers d’étudiants de leurs yeshivas. Ils entendent aussi conserver l’exemption de service militaire accordée à ces étudiants qui vivent des ressources publiques.Ce n’est pas très facile lorsqu’il faut affronter, comme c’est le cas aujourd’hui, des règles de droit qui interdisent la discrimination entre les étudiants des yeshivas et les étudiants et étudiantes des universités, astreints au service militaire. Le tout alourdi par les exigences que tentent désormais de faire prévaloir les ultraorthodoxes en matière de respect de leurs valeurs, notamment sur les questions de séparation des genres. Autre domaine dans lequel ils doivent se conformer à des lois qu’ils contestent.                                                                                                                                                    Il y a enfin cette troisième composante, les partis des colons. Le Parti sioniste religieux de Smotrich et la Force juive de Ben Gvir ont le même programme radical : ils veulent imposer par la force la suprématie juive du Jourdain à la Méditerranée, c’est-à-dire annexer la Cisjordanie et Gaza, et organiser si possible le nettoyage ethnique d’Israël pour en chasser les habitants palestiniens.  C’est donc avec ces trois composantes et leurs intérêts que joue Nétanyahou. Il s’est maintenu au pouvoir grâce à son « coup d’État » du début 2023 contre le système juridique, grâce à sa politique économique, à sa politique dans le domaine de l’éducation, et grâce à sa conduite de la guerre à Gaza.                                                                                               Si la guerre s’interrompt demain, il sera impossible à Nétanyahou de rester au pouvoir.   Mais cette conduite, de même que ses responsabilités dans ce qui s’est passé le 7 octobre 2023, rend impossible sa réélection. Depuis le 8 octobre jusqu’à aujourd’hui, pas un seul sondage d’opinion ne le donne vainqueur en cas de nouveau scrutin législatif. Il le sait. C’est pourquoi il poursuit sa politique, qui consiste à continuer la guerre tout en fournissant à chacune des composantes ce qu’elle réclame en échange de son soutien. Si la guerre s’interrompt demain, il sera impossible à Nétanyahou de rester au pouvoir. Si elle s’arrête sans qu’il ait achevé le nettoyage ethnique de Gaza réclamé par les colons, qui entendent se réinstaller dans l’enclave, leurs deux partis quitteront la coalition, ce qui entraînera la chute du gouvernement et de son chef. Ils n’accepteront aucun arrangement.  Et si la guerre s’arrête après une négociation avec échange entre les otages du Hamas et les milliers de prisonniers palestiniens détenus en Israël, et si parmi ces prisonniers se trouvent des hommes tenus par l’extrême droite pour coupables de « crimes haineux », les colons radicaux n’hésiteront pas à quitter la coalition et à provoquer de nouvelles élections.                                                                               Si la guerre cesse, rien ne pourra empêcher la création d’une commission d’enquête sur le 7-Octobre qui sera fatale à son gouvernement. Car actuellement, la seule explication avancée au fait que cette commission ne puisse pas être réunie est précisément que nous sommes en guerre.  Dans le livre que je viens de publier, j’invite le lecteur à un voyage jusqu’aux racines politiques, juridiques, morales et philosophiques de ce que je considère comme une mutation de l’ADN de la société israélienne. Une mutation qui n’a pas été dominante pendant des décennies. Et qui l’est désormais, disons depuis une décennie et demie. J’essaie de comprendre où nous en sommes et ce qui s’est passé au sein de cette société, de ce pays, pour que cet État, qui devait être la patrie du peuple juif, devienne le régime sous lequel a été forgée la philosophie de la domination juive, le régime qui a imposé l’apartheid aux Palestiniens et qui veut soumettre à tout prix ceux qui le critiquent. Comment tout cela a-t-il commencé ? Et pourquoi ?                                                                                                                                                                                 Je suis remonté loin dans notre histoire et je crois être arrivé à une conviction. Le « Ground Zero » du sionisme tel que nous le connaissons aujourd’hui est l’Holocauste. C’est à ce moment que ce que devaient devenir ce pays et cet État s’est cristallisé. Et que remonte la face cachée, ténébreuse, d’Israël que nous affrontons aujourd’hui. En fait, il existait plusieurs courants au sein du mouvement national juif. Certains de ces courants étaient authentiquement « inclusifs ». Au point d’imaginer que l’État du peuple juif pourrait héberger aussi les Arabes qui vivaient à l’époque en Palestine. C’est-à-dire les Palestiniens. Le centre est notre tragédie majeure. […] Dans laquelle des gens avec de bonnes intentions font des choses désastreuses. Le centre est totalement vide. Mais ces courants, à un certain moment, ont perdu face aux courants ténébreux, plus nationalistes, militaristes, chauvins, fascistes. La face obscure, cachée d’Israël.        Après le génocide du peuple juif, après Auschwitz, s’est développée, chez beaucoup de juifs, l’idée selon laquelle l’humanité se divisait désormais en deux catégories : les victimes et les bourreaux. « Nous avons été les victimes et cela ne nous a pas plu, disaient-ils. Si, pour ne plus jamais connaître ce sort, nous devons à notre tour faire des victimes, nous en ferons. »     C’était il y a trois quarts de siècle. Entre-temps, Israël est devenu un État solide et une puissance militaire redoutable et redoutée, adossée à des alliés forts et sûrs, et dotée d’une dissuasion nucléaire crédible.    C’est vrai. Mais le problème est que cette version très problématique des leçons de la Shoah, issue d’un traumatisme abominable, continue de nous habiter et de nous hanter.  Les Israéliens sont éduqués, endoctrinés, manipulés pour penser qu’un second holocauste est à leur porte, menaçant. N’importe quel événement inattendu renforce chez eux cette terreur omniprésente.          Alors vous imaginez dans quelle épouvantable peur de l’annihilation les a plongés le massacre du 7-Octobre. C’est ce qui me fait dire que le « coup constitutionnel », le projet de bâtir un État autoritaire interdisant toute critique et imposant la suprématie juive, était un virus dormant (inactif) au moins depuis le génocide.                                                                                         Donc, le projet de réforme judiciaire de Yariv Levin, début 2023, qui a été dénoncé par nombre d’Israélien·nes comme un danger mortel pour la démocratie, au point de provoquer pendant des mois d’énormes manifestations populaires, n’était qu’une étape dans ce processus ?   Oui. Comme je viens de vous le dire, il faut remonter beaucoup plus loin dans notre histoire pour trouver les racines de ce projet autoritaire. Bien au-delà, même, de la guerre de 1967 et de l’occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza qui a été, c’est vrai, une étape majeure dans la promotion de la suprématie juive, un accélérateur de la mutation de l’ADN de la société israélienne. Et un activateur de cet ADN muté; Manifester ici en faveur de la démocratie et agir là-bas comme nous le faisons, ce n’est pas seulement de la folie, c’est une tragédie.  près cela, l’arrivée au pouvoir du Likoud en 1977, à la place des travaillistes qui avaient contrôlé le pays depuis sa création en 1948, puis l’assassinat de Rabin en 1995, la construction au début des années 2000 du « mur de séparation », et l’adoption en 2018 de la loi « Israël État-nation du peuple juif » ont été des jalons déterminants de cette mutation dont les racines, je le répète, sont très anciennes.                                                                                                                                                  Le centre est notre tragédie majeure. Ce n’est pas une tragédie dans laquelle les mauvais font de mauvaises choses. Cela, c’est la droite. C’est une tragédie dans laquelle des gens avec de bonnes intentions font des choses désastreuses. Le centre est totalement vide. Dépourvu de toute pensée globale, de toute idéologie politique, philosophique ou morale. Il a été le collaborateur de la droite, s’est comporté avec une stupidité sans nom, lui fournissant des victoires gratuites, sans jamais penser à offrir une alternative. Le mal a un système de valeurs. Le centre n’en a pas.... les manifestants de la rue Kaplan exprimaient une volonté sincère de vivre dans un régime démocratique, dans un pays doté d’institutions démocratiques. Mais leur aptitude à ignorer totalement qu’à quinze minutes de là vivent depuis des générations des millions de gens sans démocratie, privés de leurs droits civiques et politiques, et que le régime que nous leur imposons est un régime d’apartheid, était accablante. Car ce régime déverse continuellement dans nos veines un poison. Continuellement. Et nous nous habituons ainsi à administrer aux autres un système non démocratique totalitaire qui nous aveugle.                                  En fait, manifester ici en faveur de la démocratie et agir là-bas comme nous le faisons, ce n’est pas seulement de la folie, c’est une tragédie. Notre tragédie. Car la démocratie ne s’administre pas par doses certains jours de la semaine. La démocratie, c’est tous les jours pour tout le monde ou cela n’existe pas. Nombre de manifestants, même parmi ceux qui veulent vraiment vivre dans un système démocratique, ne peuvent pas comprendre que la démocratie doit être pour tous, c’est-à-dire pour les juifs et aussi pour les autres.      Ce qui signifie qu’ils vont perdre. C’est-à-dire que nous allons tous perdre. C’est pourquoi j’ai écrit mon livre. Je propose que tous ceux qui entendent se battre pour la démocratie se battent à la fois contre l’occupation, et y mettent un terme, et pour qu’en Israël, juifs et non-juifs soient égaux... le fait que ces courants soient aujourd’hui en pleine croissance ne signifie pas nécessairement que ce développement n’aura pas de fin. Ces courants peuvent aller jusqu’à s’inverser très rapidement. On a déjà vu ça souvent dans l’histoire. Le fait que depuis une vingtaine d’années la droite israélienne ne cesse de se renforcer, que les courants racistes, chauvins, nationalistes soient devenus de plus en plus forts au sein de la société israélienne, ne veut pas dire que cette évolution n’aura pas de limites.  À nous de guetter ce moment et d’être prêts pour accueillir ce changement. À la communauté internationale de continuer à soutenir, d’ici là, le camp démocratique et humaniste en Israël. Pour qu’il soit en mesure de concevoir et de présenter une alternative crédible au pouvoir actuel.  ...                                                                                           La Cour suprême, que Nétanyahou entend toujours supprimer, est-elle la gardienne de la démocratie, comme le pensent les manifestants qui continuent à descendre dans la rue pour la défendre, ou la protectrice d’institutions conçues au bénéfice exclusif des juifs, comme le pensent, instruits par l’expérience, les Palestiniens ?   La Cour suprême a été très importante. Elle demeure l’un des gardiens, sinon l’unique dernier véritable gardien des valeurs démocratiques, du règne des lois et des droits humains en Israël. Mais en même temps, elle a supervisé l’occupation et l’apartheid, et apporté son soutien aux violations de pratiquement tous les droits des Palestiniens sous occupation. C’est pourquoi j’ai l’habitude de dire qu’il y a en réalité deux cours qui siègent dans le même bâtiment, qui sont composées des mêmes juges. Une sorte de cour Dr Jekyll et Mr Hyde.                        Au fil des ans, elle a été très précieuse pour les Israéliens en garantissant leurs libertés, protégeant leurs droits, préservant le pluralisme, la séparation des pouvoirs et autres valeurs démocratiques. Et en même temps, elle a tracé la voie juridique qui permet aux institutions israéliennes de voler légalement les terres des Palestiniens occupés, de leur imposer toutes les violations possibles de leurs droits, les dominer, les contrôler, les soumettre et permettre de perpétuer l’occupation et l’entreprise de colonisation.     Lorsque l’histoire aura à juger qui est coupable de ce qui se passe aujourd’hui, la Cour suprême sera tout en haut de la liste....                          ... je veux être très clair. Il ne s’agit pas du droit à exister, que chaque État peut légitimement revendiquer, mais de la justification de cette existence. Dans une perspective démocratique, humaniste, un État n’est pas une fin en soi. C’est une construction humaine, sociale, une entité politique qui a vocation à servir les êtres humains. Son but est de créer un environnement légal, politique, culturel, économique et de sécurité, dans lequel les citoyens peuvent valoriser leurs talents, poursuivre leur recherche du bonheur, être les auteurs de leur propre histoire. Cet environnement n’est possible que s’il est bâti sur une base normative qui sanctifie les libertés fondamentales, la dignité humaine et l’égalité. C’est pourquoi les droits humains et la démocratie sont inséparables. Toute vision de l’État comme une fin en soi plutôt qu’un moyen nous rapproche dangereusement du fascisme ou d’un régime à goulag où les opposants sont emprisonnés.                        En 2025, Israël est dirigé par un gouvernement qui abandonne ses citoyens, trahit l’engagement conclu avec eux en étant incapable d’empêcher leur enlèvement et, lorsqu’ils sont détenus en otages, en allant jusqu’à saboter l’accord qui pourrait les libérer. Et cela pour quoi ? Pour servir les rêves messianiques et coloniaux de l’extrême droite et permettre à Nétanyahou d’assurer sa survie politique et de conserver la résidence du premier ministre, rue Balfour, à Jérusalem.En 2025, le régime israélien hait un cinquième de ses citoyens, les Palestiniens d’Israël, et leur impose des politiques et des pratiques discriminatoires destinées à les tenir éloignés de tous les centres de pouvoir. Le gouvernement israélien est raciste, soutient le nettoyage ethnique, dévore ceux qui le critiquent, entretient le mépris pour ses citoyens non-juifs et se montre incapable de compassion pour ses civils pris en otages. Quelle justification reste-t-il à l’existence d’un État dirigé par un tel gouvernement ? Tout ceci peut et doit changer. Je crois que c’est possible. Mes amis et moi travaillons dur à ce changement." [René Backmann _______________

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