Un modèle de dématérialisation galopante, mais pas des conditions de travail
Quoique en dise le Top Employer Insitute , qui ne tarit pas d'éloge à l'égard de l'aventure internationale de Jeff Bezos et des conditions de travail idylliques qui y règneraient, la réalité est toute autre quand on écoute d'autre échos que la langue de bois officielle. Un simple recherche suffit pour entendre d'autres sons de cloche. Certes, rien à dire sur l'extrême rationalisation des tâches au sein du groupe, mais beaucoup sur les conditions de travail générées par l'organisation des tâches et de leur répercussions physiques et psychologiques, à Denver comme à en Europe. A l'échelle mondiale. Le récent film sur le sujet, On Falling, en est un récent témoignage. Un calvaire parfois; c'est Challenges qui le dit...
Jeff Bezos n'est pas un patron comme les autres. Ça se passe comme ça, chez lui...Les Licenciements massifs de ces derniers temps ne sont qu'un exemple de ses méthodes de marketing particulière. Toujours plus de robots, telle est la logique...qui se substituent à des tâches toujours plus robotisées et remplacent les prolétaires du clic. Merci l'IA! Où s'arrêtera-t-on? Chaque seconde compte. Time is Money... Et l'aide publique ne manque pas....Pourvu que les clients soient satisfaits.... "....Le regard ultradocumenté sur les gestes ouvriers ne s’accompagne d’aucun pathos, d’aucun discours surplombant : le personnage incarné par Joana Santos, qui se vide au fil des scènes, reste d’un bout à l’autre du film une présence insaisissable, passionnant corps de cinéma. La découverte d’On Falling nous a donné envie d’échanger sur le film avec David Gaborieau, sociologue du travail, maître de conférences à l’université de Paris, et qui avait consacré sa thèse aux « usines à colis » ; raison pour laquelle il a régulièrement travaillé en entrepôt par le passé, en tant que préparateur de commandes, exactement comme l’héroïne du film. David Gaborieau : C’est le poste majoritaire dans un entrepôt. Plus de la moitié des salariés y travaillent. On voit le personnage prélever des produits dans les allées et les placer dans des bins, de petites caisses en plastique, avant de les envoyer sur les tapis roulants. Oui, dans le film, cela se passe avec un écran et une douchette pour flasher les codes-barres. Dans d’autres entrepôts, la commande vocale peut intervenir. Le principe est similaire, la machine lui indique d’abord où se rendre dans les allées. Elle doit confirmer qu’elle s’est rendue au bon emplacement en flashant un premier code-barres. Ensuite, la machine lui indique le produit à trouver : elle trouve le produit, le flashe, flashe son chariot, et ainsi de suite.Il y a tout un jeu dans le film autour du fait qu’elle ne connaît pas le produit qu’elle cherche avant de flasher le code-barres. Ce n’est pas anodin : cela montre à quel point le geste de préparation est déconnecté totalement de l’objet, qu’il est devenu abstrait. La rationalisation est telle que son poste consiste à flasher, prendre, flasher : on ne sait plus quel est le produit....Dans cet univers très abstrait, dicté par la machine, il suffit que l’humain intervienne et change une étiquette pour faire bugger le système. Dans tous les entrepôts, on observe ce genre de microrésistances. C’est une manière de montrer qu’on n’est pas des machines. Dans les entretiens que j’ai menés, deux phrases revenaient tout le temps : « On n’est pas des robots », ou alors justement, « On est des robots ». Toutes et tous sont confrontés au stigmate du robot, parce que leurs gestes très répétitifs sont dictés par la machine. Pour s’éloigner de ce stigmate, il leur reste de petits gestes, comme ceux d’échanger une étiquette. Parfois, cela peut être des résistances plus importantes : j’ai vu des gens ranger volontairement au mauvais endroit une palette d’huîtres, qui a pourri....." ______ Ça se passe comme ça chez Amazon, malgré des résistances... _____
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