Ce n'est vraiment pas une surprise.
Depuis trois ans, au moins, les plus avertis voyaient venir une telle échéance.
Assainissement sévère ou crise systémique ?
Crise des marchés financiers : la sortie, c'est par où ?:
"La crise financière, qui couvait depuis l’été dernier, s’est soudain accélérée ces derniers jours. Après avoir sauvé les piliers du crédit immobilier américain, Fannie Mae et Freddie Mac, le Trésor a laissé Lehman Brothers, symbole du capitalisme américain, se déclarer en faillite. Cette chute d’une institution vieille de 150 ans a provoqué un mouvement de panique sur les places financières mondiales. .."
-Michel Aglietta - "C'est la faillite totale d'un modèle":
"...Cette faillite n'est pas surprenante, parce qu'elle est le prolongement des difficultés que rencontrent les banques d'affaires aux Etats-Unis. Au coeur de la titrisation des crédits immobiliers, elles ont été les premières touchées, à tel point qu'il n'en reste plus beaucoup qui soient à la fois grandes et autonomes aujourd'hui à Wall Street, à part Morgan Stanley et Goldman Sachs.
Si l'on parle de la crise financière, oui, elle est pire. C'est la faillite totale d'un modèle de crédit incarné par la finance américaine, qui sépare les banques de dépôts des banques d'affaire. Les premières peuvent se financer par des dépôts stables et garantis, quand les secondes sont totalement dépendantes des marchés de capitaux, et donc de la communauté des investisseurs. Quand la confiance de ces derniers s'envole, l'accès à la liquidité est en péril et les autorités monétaires doivent organiser ou renforcer des crédits d'urgence, appelés prêts en dernier ressort..."
-Faire face à la déraison financière:
"... Le capitalisme, désormais seul mode de production sur la planète, est aspiré et déréglé par sa finance.
C'est dans ce cadre que s'est produite la crise des subprimes (créances immobilières américaines accordées à des ménages fragilisés) qui a pris sa source dans les produits dérivés de crédits, liés au surendettement global des ménages américains. Des actifs ont été dévalorisés, des banques ont chuté, de nouveaux besoins de liquidités se sont fait jour.Les banques centrales ont injecté des liquidités supplémentaires. Mais ces injections, insuffisantes ou mal réparties, n'ont pu empêcher les banques privées de restreindre le crédit (credit crunch), provoquant un début de récession, une crise de confiance et une chute progressive des cours des marchés boursiers. Aussi, la frénésie spéculative de la finance mondiale, délaissant les subprimes fragilisées, s'est-elle reportée depuis plusieurs mois sur d'autres produits dérivés ayant pour points d'appui le pétrole, les matières premières et les produits alimentaires contribuant à la hausse de leurs prix. L'économie réelle est de plus en plus affectée par l'énormité et les dérèglements de la sphère financière.Dernier trait saillant de la finance globale : son extrême concentration autour d'une caste qui s'approprie une part considérable de la richesse mondiale. Le dernier rapport Capgemini et Merrill Lynch sur la richesse mondiale et sa répartition (de juin 2008) montre que 95 000 personnes dans le monde possédaient chacune en 2006 un patrimoine supérieur - et pour certains très supérieur - à 30 millions de dollars. Le montant total de leur richesse s'élevait à 13,1 T$, soit plus du quart de la richesse produite dans le monde durant toute l'année 2006.Un fossé entre la sphère financière et la sphère productive, une finance globale à la dérive et en proie à la spéculation, un oligopole de grandes banques devenu facteur d'instabilité et une "élite" financière qui crée d'immenses inégalités : tel est l'un des germes de l'instabilité de l'économie globalisée.
Que faire alors ? Face à une finance globale qui s'est libérée des contraintes, il faut rétablir un contre-pouvoir global à travers un nouveau système de régulation, à légitimité incontestable.Dans ce système, la transparence et l'information financière devront être considérées comme une exigence publique mondiale. Par leur action à contretemps, les agences de notation ont joué un rôle néfaste dans le déroulement de la crise. Leur régulation par la communauté internationale est nécessaire. Nous proposons que cette régulation soit assurée par le FMI, avec l'appui d'un organe de règlement des conflits financiers.Toute aussi décisive, une identification beaucoup plus large des porteurs de risques avec une information sur leur portefeuille, accroîtrait la transparence souhaitée partout. Au sein de l'Europe, il faut soutenir la position allemande qui, au sein du G8, réclame la clarté pour l'activité des hedge funds. Mais il faut aller plus loin. La présidence française de l'Union européenne devrait exiger cette transparence pour toutes les opérations des grands groupes bancaires internationaux réalisés dans les paradis fiscaux, que ces opérations relèvent des hedge funds contrôlés par ces banques, ou bien des sociétés transformant des crédits en titres dont elles sont les conseils.Plus fondamentalement et progressivement, la monnaie devrait être considérée comme un bien public mondial et mise au centre de la nouvelle régulation. Par leurs montants considérables, les émissions monétaires sont devenues indissociables des logiques financières, comme la crise actuelle l'a montré amplement. Mais, on l'a vu, il faut porter remède à la distorsion, immense, creusée au fil des ans, entre la sphère financière et la sphère productive.Pour aller vers un dimensionnement plus raisonnable d'une finance aujourd'hui hypertrophiée, une fusion entre le FMI et la Banque des règlements internationaux (BRI) pourrait consacrer le nouveau rôle qu'il faudrait confier à la monnaie. Les premiers ingrédients d'une monnaie internationale seraient ainsi posés, tant du point de vue de sa circulation (taux de change) que de sa rémunération quand elle est prêtée (taux d'intérêt).Avec cette dernière réforme, les éléments d'une fiscalité sur les mouvements des capitaux seraient enfin réunis, permettant de taxer les dérives spéculatives, mais aussi de financer des projets pouvant répondre aux enjeux environnementaux de notre planète, aux défis du développement durable, ou encore aux inégalités et à la pauvreté dans le monde."
-Crise financière: le prix du néolibéralisme- L’économie américaine à vau-l’eau
-Crise financière : la finance contre l’humanité
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