Sont-ils timbrés ?
Un exemple après d'autres de la " bruxellisation" de notre secteur public...dans le droit fil du projet de libéralisation des services .
"L'Union européenne reste un monstre à deux visages. Côté face, les professions de foi sociales et la promesse de défendre le modèle européen. Côté pile, libéralisation et privatisation à tout crin des services publics et incitations au dumping social."____________
Certains accusent la Poste d'une dégradation de certains de ses services. C'est oublier que celle-ci est le produit d'une privatisation déjà bien avancée dans les faits..._______________
La Poste accélère sa privatisation:
-"La Commission de Bruxelles a confirmé en début de semaine sa volonté de voir tous les services postaux privatisés d’ici trois ans. En France, les gouvernements successifs ont imposé cette voie au service public du courrier depuis 1990, en procédant par étapes pour éviter de vives oppositions. Et la Poste a largement entamé cette privatisation.Bruxelles assure qu’elle ne se prononce pas sur « le statut juridique de l’entreprise », qui peut rester public, mais elle impose une mise en concurrence des entreprises, incompatible avec un service public moderne et de qualité.Ainsi la course aux parts de marché les plus rentables impose de différencier le traitement des usagers, devenus clients, en privilégiant les gros opérateurs (grandes entreprises) au détriment de petits (particuliers, artisans, très petites entreprises) ; elle implique également des augmentations de tarifs (hausse du prix des timbres au début d’octobre, disparition des colis ordinaires au profit des « Colissimos » plus onéreux) ; elle entraîne une disparition des bureaux de poste — ce que M. Christian Kozar, directeur général appelle le « déplacement » des bureaux vers des endroits où « nos produits peuvent se vendre » ; le facteur — qui n’a que le courrier à distribuer et rien à vendre — va se faire de plus en plus rare, notamment dans certains villages des zones rurales, où il assume pourtant un lien essentiel entre les habitants et contribue au maintien à domicile des personnes âgées.Au Royaume-Uni, la « libéralisation » et la recherche du tout-profit de Royal Mail se sont traduites par une telle dégradation du service qu’une pétition géante a été lancée par la Fédération nationale des receveurs des postes : 4 millions de personnes ont réclamé le maintien des bureaux de poste...."
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-La poste fonctionne beaucoup moins bien depuis quelques années, où l’on a commencé à faire appel à des sous-traitants privés. Pourquoi cela: tout simplement parce que si le système économique libéral fonctionne très bien pour tout ce qui fait appel à l’innovation (par exemple, le secteur informatique, alimentaire etc…), il n’en va pas du tout de même pour des services comme la poste, qui ne réclame pas de l’innovation, mais de l’efficacité. Or, le jeu de la libre-concurrence ne favorise nullement l’efficacité: soit on est face à une multitude de petites compagnies, qui ont peu de structures et de moyens, et offrent donc des services de moindres qualités ; soit on est face à de grosses structures qui usent et abusent de leur statut monopolistique pour instaurer des prix prohibitifs. Bref, dans les deux cas, on aboutit à un résultat totalement irrationnel, face à la terne, mais tranquille gestion de l’État. Qui plus est, il ne me semble pas très sain que des services aussi essentiels que la poste, l’énergie ou le réseau ferroviaire sortent du giron de l’État. De même que la guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires, le noyau économique d’un pays est trop vital pour être l’apanage des économistes. D’abord en théorie: étant par essences des agents irrationnels, capables du pire comme du meilleurs, on peut difficilement laisser les économistes jongler avec le cœur du système."(un lecteur de Rue 89)
-La Poste ou la persistance de l’erreur européenne | AgoraVox
-Sur le terrain, la privatisation de la Poste semble déjà bien engagée
-La poste allemande : la face cachée de la privatisation
-"Une petite remarque, en passant : lorsque vous comparez les performances de la Poste française avec celles de la Poste étasunienne, vous négligez un détail, c’est que le service postal étasunien est public. Merci donc pour cette démonstration incidente qu’il n’y a aucune fatalité constitutive au service public.De même (et toujours de manière incidente), votre conviction que le coût de l’appel téléphonique est moindre depuis l’ouverture à la concurrence est sujette à discussion : j’imagine que vous savez ce qu’il en est de l’opacité des tarifs des opérateurs téléphoniques. Si vous parvenez à comparer les tarifs de France Télécom public à ceux d’Orange, chapeau : vous me refilez le mode d’emploi ?Néanmoins, je vous suis tout à fait sur le bénéfice que nous pourrions attendre d’un référendum : il serait extrêmement bénéfique de tirer au clair ce que nous entendons par service public (qu’on traduit, je crois, en européen par service d’intérêt général).Tout votre argumentaire repose en fait sur le service de délivrance du courrier : pourquoi ne pas ouvrir le service de délivrance du courrier à la concurrence à la condition expresse que les concurrents éventuels de la Poste acceptent les mêmes servitudes que la Poste. Précisément, c’est la qualité de ce service rendu qui pourrait définir avec quelque pertinence ce que nous attendons du service public.Toutefois (et je doute que vous l’ignoriez), une part significative du travail de la Poste concerne les activités bancaires. A ce titre, la Poste remplit également une fonction sociale, notamment celle de banque de ceux que les banques n’acceptent qu’avec réticence, c’est-à-dire les pauvres. Privatiser la Poste, c’est aussi privatiser ce service bancaire dans lequel des comptes rentables contribuent à financer des comptes qui le sont moins. Eu égard à l’ensemble de l’oeuvre des sociétés privées (dont le but est le profit), vous me permettrez de douter que cette mission serait aussi bien remplie par une société privée.Plutôt que privatiser ce que nous avons contribué à construire, il serait peut-être plus opportun d’améliorer la qualité de service de la Poste. Evidemment, il s’agit d’un choix. Mais c’est bien ce dont il question là : choisir entre deux possibilités. Vous avez raison : le référendum permettrait sans doute de savoir quels choix nous voulons faire en termes sociaux, économiques et politiques.(autre lecteur de Rue 89)___________________