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jeudi 27 novembre 2008

Crise : retour sur les causes


-Les sources internationales de la crise actuelle:

"Au delà d’une erreur d’appréciation du risque comme on l’évoque parfois, ce sont bien la dérégulation des mouvements de capitaux, la pression à la baisse sur les salaires, génératrice d’endettement et de déficits structurels, avec en miroir, les politiques mercantilistes de développement des pays émergents, basées sur l’exportation et l’accumulation de réserves qui sont les facteurs déterminants de la crise actuelle. Au passage, Sapir règle leurs comptes à quelques mythes, tel celui de la supériorité de l’économie américaine, ou du surendettement de la France...
Si les politiques économiques de chaque pays considéré ont eu leur part de responsabilité, la politique américaine est très certainement celle qui a eu l’impact le plus fort, en raison justement du rôle particulier que jouent les Etats-Unis dans le système monétaire et financier international depuis Bretton Woods.
La politique américaine a largement consisté en la mise en oeuvre des prescriptions néolibérales dans la finance et le commerce à l’échelle mondiale. Ce sont les Etats-Unis qui ont fait pression sur le FMI pour que celui-ci inscrive dans ses statuts l’obligation d’une convertibilité en compte de capital là où il n’y avait auparavant - et Keynes y avait veillé de toutes ses forces déclinantes - qu’une convertibilité de compte courant. La différence entre les deux notions est pourtant essentielle. Dans la seconde, on met l’accent sur les flux de devises qui sont la couverture de transactions réelles, d’échanges de biens et services, de flux touristiques ou qui encore correspondent aux rapatriements des revenus des migrants. Dans la première notion ce sont toutes les opérations en portefeuille, tous les instruments possibles de spéculation, qui deviennent autorisés. Le FMI reconnaît aujourd’hui que ces flux financiers n’avantagent en rien la croissance des pays en développement. Ceci avait été montré presque dix années plus tôt par Dani Rodrik, qui ne fut ni entendu ni même écouté . De la même manière, le FMI se fit l’apôtre d’une ouverture de tous les marchés financiers aux innovations financières, qui justifiaient à ses yeux cette libéralisation totale des mouvements de capitaux, que le sommet du G-20 du 15 novembre vient encore de sanctifier. En 2008, ici encore, le FMI reconnaît son erreur et on peut lire dans le rapport annuel sur la stabilité du système financier
« ...certains produits complexes et a niveaux multiples ont ajouté peu de valeur économique au système financier. Au-delà, ils ont très probablement exacerbé la profondeur comme la durée de la crise » .
On connaît bien en psychiatrie le syndrome du pompier pyromane. Du moins une telle personne, dans les tréfonds de sa maladie ne prétend-elle pas détenir une quelconque vérité scientifique. En réalité, les principales recherches théoriques mettaient en garde contre l’illusion d’une efficience des marchés financiers . Keynes, ici encore, le savait bien lui qui, tout en étant théoricien avait aussi été un grand praticien de ces marchés en tant qu’administrateur de fonds de pension. La libéralisation financière dont on nous a tant vanté les charmes était donc bien ce sommeil de la raison qui engendre des monstres.
Les monstres en question, ce furent ces crises à répétition qui scandent l’histoire de la finance libéralisée depuis les premières mesures des années 1980, de la crise des caisses d’épargne américaines de 1990-1991 jusqu’à la crise de 1997-1999. Celle-ci ne fut pas la dernière, puisque nous en vivons une nouvelle, et une pire. Dans le cours de cette crise, la faillite du fonds spéculatif Long-Term Capital Management condensait en un seul exemple la plupart des pathologies qui ont été à l’oeuvre entre 2002 et 2007 dans le processus conduisant à la crise du marché hypothécaire américain et des produits financiers dérivés qui en étaient issus . En dépit des beaux discours de l’époque, en particulier sur la faillite des procédures de notation, qui devait se vérifier à nouveau lors de la faillite d’Enron, nulle leçon n’en fut tirée. Les avertissements, pourtant, n’avaient point manqué ..."

- L’injustifiable prééminence de la finance sur le travail:
"Le gouvernement US vient de voler au secours de Citigroup mais laisse languir General Motors. Comment justifier une telle différence de traitement ? Robert Reich, ancien ministre du travail de Clinton, nous fournit la réponse. Citi représente le monde de l’argent, et General Motors celui du travail. Reich dénonce le rôle central que la finance s’est octroyé - et que les autorités continuent de lui concéder - au détriment de l’économie réelle;.."
-La démesure de la finance:
Le secteur financier totalisait récemment à lui seul jusqu’à 40% des gains des entreprises cotées à New York, contre 8% dans les années 1980. De toute évidence, la finance était devenue obèse, et le prélèvement qu’elle opérait sur l’activité économique complètement disproportionné par rapport au service rendu. Yves Smith dénonce la complaisance dont bénéficie ce secteur de la part des autorités et des médias, qui ont souvent repris à leur compte la vision du monde autiste de Wall Street. Pourtant, le dégonflement de la bulle devra s’accompagner de celui de la finance, tout comme de celui de l’égo des financiers, juge-t-elle. Et il n’existe aucune raison pour privilégier la survie des établissements bancaires à ceux de l’économie réelle, aujourd’hui étranglés par les conditions drastiques du crédit que leur imposent pour se sauver la mise ceux là même qui sont responsables du désastre actuel...."
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Système qui se mord la queue ?

1 commentaire:

zelectron a dit…

L’injustifiable prééminence de la finance sur le travail.
c'est juste, il est anormal que les produits, les clients, les employés et même les "patrons" soient inféodés à ce point par des financiers qui exigent, que dis-je ordonnent que tout soit ainsi fait selon leurs critères qui vont jusqu'à l'abjection au sens litéral du terme.