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mardi 3 février 2009

Université: quelle réforme ?          


A marche forcée...

"...Cette transformation radicale de la formation des enseignants et des concours de recrutement a été engagée sans demander l’avis de celles et ceux qui assurent cette formation ou en bénéficient. Ce mépris manifeste pour les principaux intéressés (enseignants et étudiants) va de pair avec l’imposition d’un rythme effréné qui dissimule mal la volonté de faire taire toute réflexion critique. Récemment, plusieurs présidents d’universités parisiennes ont pu parler de véritable « farce » à propos de ce processus. Le manque de précision quant au contenu des futurs concours et le calendrier absurde proposé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche nécessitent donc une réponse ferme et claire.Soucieux de ne pas nous laisser imposer un traitement dans l’urgence d’une question aussi importante socialement et scientifiquement, nous demandons l’abandon de tout calendrier pour la remise de nouvelles maquettes de masters et le retrait de ce projet ministériel sous sa forme actuelle..."
(Appel du 8 Novembre)

-Jean-Louis Fournel : «Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une remise en cause de la liberté d'enseignement et de recherche. Ce qui est en jeu, c'est un choix social : quelle place de l'université dans la nation? Aujourd'hui on va vers un désengagement de l'Etat et la promotion d'une culture de la performance qui est contraire à celle de l'université
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-Le prix Nobel Albert Fert dénonce une réforme de l’université « incohérente et mal pensée »:
"...Depuis des mois, le gouvernement proclame sa volonté de réformer le système de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le hisser au meilleur niveau mondial.De nombreux représentants de la communauté scientifique, parmi lesquels des signataires de ce texte, ont manifesté un grand intérêt pour ce projet et ont proposé de nombreuses pistes de réflexion. Le ministère les a pieusement écoutés pour ensuite ne tenir aucun compte de leurs suggestions et remarques. Et les orientations finalement retenues, souvent en contradiction avec le but affiché, sont extrêmement préoccupantes.Ainsi, alors que l’objectif affiché est l’excellence de nos universités et de notre recherche, alors que Mme Pécresse a proclamé sa volonté de porter nos meilleurs établissements aux premiers rangs du fameux classement de Shanghai, comment comprendre que les réductions d’effectifs annoncées touchent notamment les universités les mieux placées dans ce classement ?Le ministère réplique que ces suppressions de postes pourront être compensées par la possibilité de moduler la charge d’enseignement des universitaires en fonction de leur activité de recherche, possibilité qu’introduit un récent projet de décret. Une modulation des services, dans son principe, pourrait avoir l’intérêt de réduire la lourdeur de la charge d’enseignement qui handicape l’activité de recherche de nombreux universitaires, notamment vis-àvis de certains collègues étrangers. Mais ses modalités de mise en oeuvre en font une mesure dangereuse, hypocrite et contre-productive...."

-Recherche: comment le pouvoir veut liquider le CNRS | Mediapart:
Ecouter et voir sur le site de l'Elysée le discours sur l'avenir de la recherche que N. Sarkozy a prononcé le 22 janvier 2009 est un exercice instructif et éprouvant. Dans ce discours était confirmée la mise en place d'un comité de 18 personnes, toutes nommées par le gouvernement (7 universitaires, 6 chefs d'entreprise, 5 personnalités politiques ou de la haute administration), connues pour leur positions proches du gouvernement en la matière, et chargées de rédiger très rapidement et en toute indépendance un rapport dont une des principales conclusions était annoncée à l'avance : retirer au CNRS la gestion de ses laboratoires et de ses personnels, le transformer en un ensemble de petites agences de répartition des moyens financiers pour la recherche, dans des laboratoires désormais universitaires. Cette année devrait donc voir la fin du CNRS, la fin d'un des centres de recherche les plus réputés au niveau international, le centre qui vient d'obtenir le plus de financements européens pour des jeunes équipes de recherche de pointe, un centre qui attire d'ailleurs de nombreux étrangers (actuellement, 20% des recrutements). Ce Centre, N. Sarkozy a décidé de s'en débarrasser, et vient de choisir soigneusement des personnalités qui pourraient donner leur caution à cette opération.--Ce discours a provoqué la honte et la colère de nombreux scientifiques. Honte d'avoir un tel Président pour la France. Là où l'on pourrait espérer la hauteur de vue d'un homme décidé à bâtir, on a vu un homme qui semble toujours vouloir remettre en place, de façon pathétique, un habit de président bien trop grand pour lui. Dans Mesure pour Mesure, Shakespeare parle de ces « Grands de la terre » enivrés de pouvoir, qui n'ont d'autre projet que de « remplir le ciel de tonnerres, rien que de tonnerres ». Il les décrit ainsi : « ... Mais l'homme, l'homme vaniteux, drapé dans sa petite et brève autorité, connaissant le moins bien ce dont il est le mieux assuré, sa fragile essence, il s'efforce, comme un singe en colère, à faire à la face du ciel des farces grotesques qui font pleurer les anges et qui, s'ils avaient nos ironies, leur donneraient le fou-rire des mortels. » Celui qui annonçait qu'il allait casser le CNRS avait-il la dignité d'un Président de la République, ou mimait-il la mine menaçante, méprisante de ceux qui, dans une bande se préparent pour une baston et brûlent d'en découdre ?Cet homme provoque la colère par l'absurdité de ses raisonnements, qui sont lourds de conséquences. Il est vrai que la recherche effectuée dans le secteur privé est très en retard en France, comme en témoigne le faible nombre de brevets pris par les entreprises (car dans le monde entier, ce sont ces dernières et non les universités, qui prennent l'essentiel des brevets). Ce fait est évidemment en rapport avec la faible culture en matière de recherche des dirigeants d'entreprise français, avec l'absence de considération que certains d'entre eux ont pour le doctorat (le plus haut diplôme universitaire dans tous les autres pays), regardé de haut par ces Elèves de Grandes Ecoles. N. Sarkozy ignore ce problème et invite même ces chefs d'entreprise à faire des propositions de réorganisation de la recherche ... publique. N. Sarkozy regrette que les découvertes qui ont valu le prix Nobel à Albert Fert aient été insuffisamment valorisées par des entreprises françaises, mais l'aient été plus souvent à l'étranger. Sa conclusion est ... qu'il faut casser le CNRS, c'est-à-dire la structure qui a rendu possibles ces découvertes, aux dires d'A. Fert lui-même.C‘est aussi par ses mensonges et ses insultes proférés d'un air gourmand que N. Sarkozy a provoqué la colère. Selon lui, les chercheurs français refuseraient d'être évalués, se contenteraient d'un confort douillet (« il y a de la lumière, c'est chauffé... ») et seraient largement improductifs, sauf peut-être les mathématiciens et les physiciens, qui sont « l'arbre qui cache la forêt ». La vérité est que la recherche est un des domaines les plus évalués : pour pouvoir être publié dans un très bon journal, mon travail est évalué par des experts internationaux (mes collègues) ; pour obtenir un contrat de l'ANR, je suis évalué par des comités d'experts, qui tiendront compte de mes publications, donc de l'avis précédent. Même chose pour les évaluations par l'AERES, par les commissions du CNRS ou de l'INSERM. Comme il sait parfaitement que c'est faux N. Sarkozy est un menteur quand il dit que les chercheurs ne sont pas évalués, et refusent de l'être. Il justifie son insulte par des chiffres sortis d'on ne sait où, car il fait aussi partie de ces ignorants qui croient que n'importe quel chiffre dit forcément la vérité, fût-ce celui donné par un thermomètre truqué ou cassé.J'affirme que dans tous les domaines de recherche en France il y a des gens remarquables, pas seulement en physique et en mathématiques. J'affirme que dans mon domaine, l'immunologie fondamentale, les chercheurs français font jeu égal avec les chercheurs anglais, et mieux que les allemands (chiffres disponibles sur demande). N. Sarkozy pourrait faire interroger les jeunes qui ont fait un post-doctorat aux USA. Ce sont des chercheurs compétents, qui ont pu comparer directement les performances des deux systèmes. Ils disent le plus souvent qu'avec les moyens financiers qui sont les siens, la recherche française n'a pas à avoir honte de ses performances, loin de là. Mais leur avis n'intéresse pas le Président. Il veut noyer le chien CNRS. Il faut donc qu'il ait la rage.-N. Sarkozy est un homme agité, qui pense que toute réforme est bonne, même quand elle est destructrice, parce que pour lui tout changement est bon, même s'il est climatique. Il affirme que la politique scientifique doit être débattue et revue chaque année. Et il est vrai que lorsqu'il s'agit de décider de très gros équipements (comme l'EPR), un débat s'impose. Hélas, cette décision discutable (très lourde de conséquences financières) a été prise en 2005 par un gouvernement auquel appartenait N. Sarkozy, sans aucun débat public sérieux. D'autres questions, aux implications financières bien moindres, comme de savoir si on doit financer la recherche en neurobiologie fondamentale, ou s'il faut faire pression sur les neurobiologistes pour qu'ils travaillent tous sur des pathologies, Alzheimer de préférence, de telles questions ne devraient en aucun cas faire l'objet de décisions politiques, mais être laissées à l'appréciation des scientifiques. Ce n'est hélas pas le cas. Ce gouvernement veut un pilotage détaillé, effectué en bonne partie par des non scientifiques (voir la composition du dernier comité créé), et pouvoir changer rapidement et régulièrement les sujets à la mode, tout changement étant bon par définition-.Le pilotage détaillé est important pour N. Sarkozy, car il permet d'exister politiquement en multipliant les effets d'annonce, et dans la multiplication des millions d'euros déversés sur la recherche, N. Sarkozy déploie un véritable talent de joueur de bonneteau. Ce pilotage est important aussi car il permet de limiter les investissements de recherche à quelques secteurs visibles, même si cette limitation signifie l'assèchement, qui pourrait être irrémédiable, de secteurs qui auraient été précieux dans l'avenir. Pour le gouvernement, cette économie est indispensable en période de crise, même si l'on sait que faire l'économie du cerveau n'est pas la meilleure façon de préparer une économie de la connaissance...."

-Les universitaires votent la grève illimitée | Mediapart:
"...Se profile une grève généralisée des cours, des jurys, des travaux de recherche, et non simplement la rétention de notes, des maquettes d'enseignement et des résultats de qualification qui a cours dans certaines UFR..., «la vraie grève, comme font les salariés!» annonce la coordination.Déjà, le 29 janvier – lors de la manifestation pour le pouvoir d'achat – , le Snesup a recensé au moins 20.000 universitaires et chercheurs dans les défilés de Paris et de province. Pour Jean Fabbri, son secrétaire général, «c'est inédit depuis 15, 20 ans». Depuis, les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) ont rejoint la contestation. Et le collectif pour la défense de l'université, réunissant essentiellement des juristes, a voté samedi la poursuite de la grève...Pour Jean Fabbri, de Snesup: «Les textes modifiant la modulation de services et instaurant la masterisation de la formation des enseignants sont des provocations absolues. Nous ne voulons pas que les enseignants-chercheurs soient soumis au bon vouloir des présidents d'université, et nous ne voulons pas de présidents d'université transformés en managers.»Porte-parole de Sauvons l'université (SLU), association précurseure de la mobilisation actuelle (notamment avec l'appel du 8 novembre «pour une vraie formation des enseignants»), Jean-Louis Fournel explique: «Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une remise en cause de la liberté d'enseignement et de recherche. Ce qui est en jeu, c'est un choix social : quelle place de l'université dans la nation? Aujourd'hui on va vers un désengagement de l'Etat et la promotion d'une culture de la performance qui est contraire à celle de l'université

-Recherche Google : greve université
-Sauvons l’Université
-Ce qui tue l'Université française
-La révolte enseignante face aux inégalités
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-USA : Université et marché

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