Brouillage d'information
Bientôt un mois...
Mais notre attention est déjà émoussée.
Les médias s'occupent d'autres choses: graves, comme en Côte d'Ivoire ou futiles, comme les débat franco-français de l'heure. C'est la loi de l'événementiel, de la nouvelle-spectacle.
_Aux dires de certains spécialistes, le pire du pire attend le Japon et pas seulement la zône concernée par la centrale nucléaire progressivement abandonnée pour sa dangerosité, en attendant d'immenses et de longs travaux de démantèlement et d'enfouissement des matériaux radioactifs.
_Déjà ébranlé par une crise économique qui s'éternise, comment le Japon, que l'on dit particulièrement apte à la résilience, pourra-t-il s'en sortit seul?
La gravité du désastre nippon a été sous-estimée dès le début par le gestionnaire privé de la centrale, le gouvernement et les medias du pays et la plupart des organes de presse, notamment français, alors qu'il est vite apparu que rien n'était sous contrôle et que la situation s'aggravait inéluctablement. Les spécialistes dépêchés par Areva, repartis très vite, semblent l'avoir compris.
Les silences coupables de Tepco sont maintenant connus. La sécurité a été sacrifiée sur l’autel du profit.
Les problèmes techniques, mais surtout les dissimulations et les mensonges se sont étalés sur 30 ans
On a pu parler d'un monde du Silence.
L'opacité est la caractéristique du monde du nucléaire civil en général, mais là s'est ajouté une incroyable incurie et la prévalence d'intérêts coupables à court terme.
__Le brouillage d’information sur Fukushima est proprement renversant...
"... Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, a (aussi) reproché à Tepco de faire de la rétention d'information, même dans cette situation extrême où l'on attendrait une coopération parfaite. Mardi, le premier ministre a sévèrement critiqué l'imprévoyance de l'exploitant, qui a construit un mur de protection contre les tsunamis d'une hauteur de 5,50 mètres, alors que la vague du 11 mars était trois fois plus haute. Et a englouti les générateurs diesel de secours qui auraient pu permettre de prévenir le désastre...
L'attitude de Tepco conduit les experts français à recourir à des périphrases pour expliquer, comme l'a formulé André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), que « la priorité de l'exploitant japonais est de remédier à la crise et non d'informer les experts internationaux »... Ce qui contraint lesdits experts à jouer aux devinettes alors que leur diagnostic serait fort utile! Dans son point d'information du 28 mars, l'ASN indique ainsi que l'état très dégradé des réacteurs 2 et 3 et les pressions mesurées dans les cuves «semblent permettre de conclure à la perte d'étanchéité des cuves 2 et 3 ou de leurs circuits de connexion; les relevés de pression au sein des enceintes semblent permettre de conclure, pour les réacteurs 2 et 3, à une perte d'étanchéité de l'enceinte métallique [...] Les données actuellement disponibles ne permettent pas de confirmer l'intégrité des cuve et enceinte du réacteur n°1, dont le combustible a été fortement dégradé.» En clair, il se peut que trois réacteurs sur les six de la centrale laissent échapper du combustible fondu, ce qui expliquerait les niveaux élevés de contamination de l'eau contenue dans la salle des machines, ainsi que les pics de radioactivité dans l'eau de mer...
En dépit du brouillard jeté par l'exploitant sur sa propre installation, un certain nombre de faits semblent incontestables. En premier lieu, il est certain que les conditions de travail à la centrale de Fukushima Daiichi sont désormais très dangereuses, et ralentissent toutes les interventions, étant donné qu'on mesure des débits de dose supérieurs à 1000 mSv/h en certains points du site. De l'eau très fortement contaminée a été trouvée dans les salles des machines des réacteurs 2 et 3. Selon André-Claude Lacoste, en raison du niveau de radiation élevé sur le site, les durées d'intervention des techniciens se comptent «en minutes de travail». Dans ces conditions, il faudra des semaines ou plus pour rétablir la situation, à supposer qu'elle ne s'aggrave pas brutalement.Or, si l'on s'en tient au résumé de l'ASN, il est probable que trois réacteurs sont en train de fuir, alors que leur combustible a partiellement fondu et continue de se détériorer...
Dans un communiqué daté du 28 mars, Tepco indique que la concentration en plutonium n'est pas dangereuse pour l'être humain. Mais là n'est pas la question: le problème est que le plutonium n'existe pas naturellement dans l'environnement et ne peut donc provenir que d'un des réacteurs. Une fois de plus, Tepco répond aux questions qu'on ne lui pose pas pour éviter celles qui sont vraiment importantes. Ces contorsions rhétoriques seraient comiques si la région de Fukushima n'était pas en train de vivre une tragédie. Car quel que soit le mécanisme exact qui produit les rejets et le chemin précis par lequel l'eau contaminée atteint l'océan, la centrale de Tepco est en train de provoquer une très grave pollution radioactive dans une zone qui s'étend bien au-delà de la zone d'évacuation d'un rayon de 20 kilomètres autour du site. De fortes contaminations ont d'ores et déjà été détectées jusqu'à des distances de l'ordre de 100 kilomètres de la centrale...
Mercredi 30, Yukio Edano, le porte-parole du gouvernement japonais, a suggéré que toute la centrale soit démantelée. Mais cela ne peut se faire aussi simplement que s'il s'agissait d'envoyer une voiture à la casse. Les six réacteurs de Fukushima Daiichi sont encore loin d'être neutralisés. Et le compte à rebours du désastre continue de s'égrener..."(M de Pracontal_Mediapart)
_Il faudra peut-être 50 ans pour procéder au démantèlement de la centrale, si rien de plus grave n'arrive dans les prochaines semaines ou les prochains mois.
___________On peut suivre ICI tous les billets ("suites") d'une journaliste spécialisée, qui suit au jour le jour la situation, s'efforce de réparer les silences entretenus et de faire des projections à partir des éléments connus.
Espérons qu'elle se trompe parfois....
_________________
Dernier point de vue
L'accident de Fukushima classé au même niveau que Tchernobyl
Fukushima au même niveau que Tchernobyl
Une trentaine de réacteurs dans le monde risquent d'être fermés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire