Piigs en crise
Les petits et les deux gros cochons
_Ils sont les derniers de la classe. Ils ne jouent pas dans la même cour et sont déconsidérés. Ils n'étaient pas des "héritiers", n'avaient pas les mêmes moyens. On les avait cependant intégrés, pensant qu'ils allaient rattraper les plus avantagés, en jouant le même jeu, avec les mêmes règles.
Las! L'ambition fut démesurée et irréaliste et l'intégration, à marche forcée, irréfléchie. Les "meilleurs" de la classe, aux mauvaises heures, les virent décrocher, "jouer perso", et rejoindre le peloton de queue.
__Ils les appelèrent les PIGS , les "cochons", dénomination peu amène s'il en est...
(Les« porcs » en anglais) qui désigne cinq pays de l’Union européenne indisciplinés sur le plan fiscal : le Portugal, l’Italie, l’Irlande, La Grèce et l’Espagne. Acronyme peu flatteur, il symbolise surtout un quintette d’élèves perturbateurs. Forgé au milieu des années 1990 pour qualifier l’Europe du sud (les « PIGS », dont l’Irlande ne faisait pas partie), l’acronyme devient tendance avec la crise de 2008, dévoilant désormais un quintette de pays en banqueroute. En reprenant la rhétorique des « PIIGS », les bons élèves de l’Europe ont un peu plus enfoncé leurs camarades dans le désaveu. A mille lieux de répondre aux valeurs d’entraide et de solidarité que l’UE est censée incarner."
__Et pourtant les règles devaient être les mêmes pour tous et le projet sous-entendait une solidarité sans faille, une avancée concertée et harmonieuse.
Ce sont les mauvais élèves de l'Europe.
Les plus grands de la classe seraient assez d'accord pour les virer. La maîtresse Angela tempère un peu... Une bonne punition s'impose, en tous cas, une cure d'austérité, qui va peut-être les faire mourir.
Dans cette classe, qui se réfère au dieu Marché, comme son partenaire d'Outre-Atlantique, la solidarité n'est qu'un mot, la concurrence est la règle. Les inspecteurs (les agences de notation, qui font la loi) sont sans état d'âme. Pour les maîtres de la finance , il y a les bons élèves et il y a les mauvais. Il n'est pas question de changer les règles communes, même si elles sont devenues impraticables et produisent des effets pervers.
Pas question pour les "bons" de couler avec les PIIGS
_"...L’expérience de l’euro dresse les peuples d’Europe les uns contre les autres. Nous n’en voulons pour preuve que le succès scabreux de l’expression PIIGS. Elle désigne, on le sait, les pays les plus en difficulté de la zone euro : Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne (Spain). Trois pays méditerranéens, quatre latins, quatre pays catholiques – et un orthodoxe, ce qui, dans l’esprit de ceux qui se complaisent dans cette expression, ne vaut guère mieux. On n’attend que la France au club : ça ne saurait tarder.
Il y a longtemps que les Allemands s’exaspèrent de ce que les pays d’Europe du Sud ne marchent pas à leur rythme. En fait, sur le long terme, ils ont marché à leur rythme : leur croissance, et cela seul importe, a été au cours des quarante dernières années aussi rapide celle de l’Allemagne, mais leur taux d’inflation « naturel » étant supérieur, depuis que l’euro a bloqué les mécanismes d’ajustement, ces pays tirent la langue. Pour être plus exact, il faudrait donc dire que les Allemands s’exaspèrent de ce que le pays du Sud ne partagent pas leur phobie de l’inflation. Une phobie qui tient peut-être autant de la névrose que de la vertu.
Pour exprimer cette exaspération, les Allemands s’étaient longtemps contentés de l’expression plutôt gentille de « Club Méditerranée. » Maintenant on dit PIIGS, et c’est autre chose : les Latins - et accessoirement les Irlandais - sont désormais identifiés à des cochons ! Cet acronyme qui aurait pu n’être qu'une facilité journalistique est aujourd’hui d’usage courant dans le monde de la finance. Cela est profondément inquiétant...
Dans le peloton de l’euro, ceux qui n’arrivent pas à suivre sont des PIIGS. On ne dit pas encore des untermenschen mais l’idée est sous-jacente, pas seulement en Allemagne : une partie de l’élite française, qui a toujours eu les yeux tournés vers le Nord, partage le préjugé, oubliant au passage que si le Royaume-Uni échappe au banc d’infamie, c’est qu'il a prudemment refusé de s’engager dans l’euro : les élites britanniques ont, elles, une vraie culture économique !.."
_________________________________Alors, qui sont les vrais cochons?
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Europe: rien n'est réglé
Finance prédatrice
Europe en péril
Billet lusitanien
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