"Clysterium donare_ Postea saignare_ Ensuita purgare _Il doit jurer De non jamais te servire De remediis aucunis _Quam de ceux seulement doctore facultatis_ Maladus dust-il crevare _Et mori de sue male" (Molière)______________Tout ne va pas si mal au pays des Héllènes:
Les armateurs peuvent continuer à mener grande vie, les députés ne sont pas sur la paille, les popes mangent à leur faim et les généraux plastronnent. Seuls problèmes pour les privilégiés: un peu moins de Mercédes, d'Audi et de BMW...
Mais pour la majorité du peuple et des classes moyennes, c'est la spirale infernale, chaque jour devenant plus marquée, comme en période de guerre.
__Un cercle vicieux s'est installé, la détresse est palpable, même si elle n'est pas toujours visible, la faim affecte même des enfants, se soigner devient un luxe, il faut payer les médicaments , quand on en trouve, de nouveaux sans-abri font leur apparition. A court de trésorerie, les entreprises qui résistent encore ne paient plus de TVA, ce qui affaiblit les ressources publiques et compromet encore plus le remboursement de la dette...
_Bref, le naufrage se confirme, dans ce pays pompé jusqu' à la moëlle, où la désespérance s'installe: une situation kafkaïenne et barbare, qui risque d'enfanter les pires désordres.
On dira qu'une mauvaise gestion, longtemps tue par l'Europe et encouragée par Goldman Sachs, est la cause de cette dérive, mais c'est oublier l'absence de solidarité européenne, mettant en concurrence des économies très inégalement développées, sous le joug d'une monnaie favorisant les plus industrialisés et exportateurs. Il s'agit surtout de sauver l'euro.
Cette dette est odieuse aux yeux de la majorité des Grecs d'aujourd'hui.
______Bruxelles veut surveiller les finances publiques grecques. Remède de cheval ou stratégie du choc? Une souveraineté, ou ce qu'il en reste, sous surveillance, un pays mis sous tutelle
"La construction économique européenne montre (là) ses limites, voire son échec. Cette affaire illustre jusqu’à la caricature l’inexistence de toute stratégie concertée et de coopération en matière économique. Même à l’intérieur de l’Union, les Etats sont dans une logique de concurrence exacerbée les uns contre les autres. Les déséquilibres croissants deviennent intenables entre les pays exportateurs et les pays déficitaires, . La tension qui en résulte menace non seulement la monnaie unique mais la construction européenne elle-même, car c’est ici le libre échange intérieur qui est mis en cause, la base de la base du fondement de la construction européenne depuis le traité de Rome !.."(Malakine)
____On le sait peu, mais un chaos de ce genre, la Grèce l'a déjà connu
__Veut-on faire de la Grèce un EXEMPLE ?
" Selon le nouveau plan concocté," le SMIG serait baissé de 22%, les salaires des entreprises publiques diminués, 15.000 emplois supprimés dans le secteur dans l’année et des coupes à hauteur de 15% effectuées dans les retraites complémentaires. Aucune mesure concernant les avantages fiscaux des armateurs grecs, de l’église orthodoxe et des grandes familles n’a été divulguée. Sous couvert de la construction d’une Grèce moderne, c’est la plus traditionnelle dont les intérêts sont sauvegardés. Michalis Chrissohoïdis, le ministre grec de l’économie, vient de déclarer au Frankfurter Allgemeine Zeitung que « si nous continuons à couper encore et toujours dans les revenus des gens, et que nous amenons la Grèce de la récession à la dépression, la question la plus grave à laquelle ce pays sera confronté sera prochainement le maintien de la paix sociale »."
Tout se passe comme si la Grèce devait servir de laboratoire, être un cobaye pour expérimenter une "faillite contrôlée": "Nous vivons sous une dictature économique. Et la Grèce est le laboratoire où l’on teste la résistance des peuples. Après nous, ce sera le tour des autres pays d’Europe. Il n’y aura plus de classe moyenne."disent certains responsables.
" Nouveau plan de rigueur, nouvelles restrictions budgétaires, nouveaux sacrifices : la population grecque déjà au bord de l'asphyxie ne voit pas la fin de ce goulot d'étranglement. Car comment relancer la croissance si la population a à peine de quoi vivre ? Panagiotis Grigoriou n'en finit pas de dénoncer les décision politiques prises dans les hautes instances, et voit son pays comme le « premier cobaye dans le processus du démantèlement des règles démocratiques en Europe ».
Mais l’Europe joue avec le feu, car, "contrairement à ce que déclarent Sarkozy et Merkel, l’Europe n’est pas « sauvée ». Bien au contraire, elle sacrifie aujourd’hui son « âme », son projet fondateur d’un espace de mieux vivre partagé, sur l’autel de la créance, en choisissant pour des raisons comptables à courte vue de plonger dans la misère tout un peuple, de tolérer des taux de chômage des jeunes avoisinant les 50% dans plusieurs pays. Ce n’est pas un hasard, si Martin Wolf a mentionné hier dans Le Monde Heinrich Brüning, dernier Chancelier de la République de Weimar, dont la désastreuse politique de déflation a propulsé Hitler au pouvoir. L’Europe a appris au prix fort que misère, désespoir et démocratie ne font pas bon ménage. Ce fut l’ardente obligation ayant présidé à la refondation du contrat social de l’après guerre : éradiquer les causes du désastre. Hélas, nos dirigeants de l’heure paraissent avoir oublié cette terrible leçon. On se prépare aujourd’hui à saigner à mort la Grèce pour la « guérir » - à enterrer du même coup ce qui reste de l’idéal européen, en prenant le risque insensé de réveiller les vieux démons. "
Ce "sauvetage" accule la Grèce
"Le plan de réforme structurel n’apporte aucun soulagement aux maux de la Grèce. Les mesures imposées par la Troïka sont déjà considérées comme inapplicables. En contrepartie d’une nouvelle aide de 130 milliards d’euros, de nouvelles « réformes structurelles » sont exigées. Ainsi, le salaire minimum dans le privé doit être diminué de 22 %, pour être ramené à moins de 600 euros. Les contrats de travail dans le privé seront révisés pour permettre une nouvelle flexibilité. Les droits à la retraite, qui ont déjà été révisés, seront revus à nouveau à la baisse. Les dépenses publiques doivent être réduites derechef de plus de 3 milliards d’euros dès 2012. Après l’éducation, les transports, c’est la santé qui est visée. 1,1 milliard d’économies a déjà été approuvé sur les dépenses de santé, alors que plus d’un tiers des Grecs sont déjà exclus du système, faute de moyens. Les dépenses dans la défense vont être réduites de 400 millions d’euros, tout comme celles des collectivités territoriales. Alors que 30.000 emplois ont déjà été supprimés dans la fonction publique, 15.000 autres devraient à nouveau disparaître....
Résultat : l’économie grecque est exsangue. Le pays entame sa cinquième année de récession consécutive, les faillites s’accumulent dans les entreprises et les commerces, la production industrielle a chuté de plus de 11 % en décembre. Les dernières statistiques publiées aujourd’hui font état d’un taux de chômage dépassant les 20 % de la population active et touchant 48 % des jeunes. « La chute de l’emploi en un mois est sans précédent », assure un analyste. En dépit de ces chiffres, le FMI et l'Europe tablent sur un scénario d'un excédent budgétaire primaire (hors charges d'intérêts) de 4,5 % en 2014 dans le cadre du plan de sauvetage. Même avec beaucoup d'imagination, cet objectif paraît surréaliste. « Nous allons vers un autre drame en Grèce avec beaucoup de questions non résolues. C’est une situation insoluble où on leur demande de réduire leur déficit sans croissance. C’est un piège », expliquait Patrick Legland, responsable de la recherche à la Société générale sur Bloomberg TV. « Ces mesures n’aident pas au sauvetage de la Grèce », estime de son côté la banque UBS qui estime désormais à 50 % – contre 22 % auparavant – l’éventualité d’une sortie de la Grèce de la zone euro dans les dix-huit mois. Il est rare que les populations et le monde financier partagent les mêmes analyses.
Même le FMI a des doutes sur la voie empruntée par l’Europe. « Beaucoup de critiques à l’étranger sous-estiment le fait que la Grèce a déjà fait beaucoup, à un prix très élevé pour la population », a reconnu Paul Thomsen, chef de mission du FMI. De nombreux experts s’interrogent sur le bien-fondé de toutes les mesures d’austérité exigées par l’Europe...
L’idée semble désormais cheminer dans la tête des politiques. Mardi, la commissaire européenne grecque, Maria Damanaki, a reconnu dans un entretien au journal To Vima tis Kyriakis que des scénarios alternatifs d’un abandon de l’euro par la Grèce sont «ouvertement étudiés »...la chancelière allemande, Angela Merkel, a de plus en plus de mal à convaincre sa majorité de soutenir la Grèce. Pour eux, toute aide supplémentaire n’est que gaspillage d’argent. Les dernières tractations des partis politiques grecs, jugés irresponsables, risquent d’accroître leur résistance. D’autant qu’ils estiment qu’après deux années de crise, le système financier a eu le temps de préparer la sortie de la Grèce de la zone euro. Selon eux, les conséquences seraient moins graves aujourd’hui qu’en 2010. « Nous voulons que la Grèce reste dans l’euro », a répliqué José Manuel Barroso, président de la commission européenne, avant d’ajouter cet argument définitif qui en dit long sur l’état d’esprit européen : « Les coûts d'une sortie de la Grèce de l'euro seraient plus élevés que les coûts pour continuer à soutenir la Grèce. »
Y a-t-il encore un responsable européen qui se rappelle les principes fondateurs qui ont présidé à la construction européenne ?" (Martine Orange)
Mais Mr Barroso a du souci à se faire: en Grèce elle-même on étudie la sortie de l'euro . "Nous vivons sous une dictature économique. Et la Grèce est le laboratoire où l’on teste la résistance des peuples. Après nous, ce sera le tour des autres pays d’Europe. Il n’y aura plus de classe moyenne." pense-t-on de plus en plus à Athènes, où on n'oublie pas l' histoire...
___Άγαθῇ τύχῃ! Courage au peuple grec!
_____________________
-Modélisation du désastre grec
-L'Europe saigne la Grèce pour sauver l'euro
-Grèce, bientôt la solution finale?
-Grèce : on ne rit plus
-La Peau de la Grèce
-Grèce - AgoraVox
-Le laboratoire grec sert à radicaliser des politiques d’austérité
2 commentaires:
Bonjour ZEN,
C'est une bonne idée de ta part de parler de cette impasse absolument sans issue, qui concerne la Grèce et tout l'Occident. Faut-il rappeler le déficit budgétaire japonais, de mémoire dans les 9%, ou la dette américaine qui quand on cumule celle de l'état, des organismes qui en dépendent, des entreprises, collectivités territoriales et particuliers, est supérieure à 50 000 milliards de dollars, et l'"on" fait comme si elle pouvait être remboursée, alors que tout le monde sait que ce sera soit la transformation en monnaie de singe, soit le défaut de paiement.
Bonjour Wald,
Oui, mais le Japon est moins lié à la spéculation. La monnaie de singe aux USA peut durer encore un temps: pourquoi se gêner tant que le dollar est roi?
Je ne donne pas un mois à la Grèce pour quitter l'euroland. Delors reconnut que ce fut une erreur de l'intégrer.
Merkel ne résistera pas longtemps aux pressions internes. Sarko suivra...
Enregistrer un commentaire