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lundi 13 février 2012

Quand l' Empire s'effrite...

On achève bien les empires...

__A Davos, ce n'est plus ce que c'était.
L'ambiance est morose, les cénacles sont désertés. La messe est triste.
Les représentants des USA y font des constats désabusés, comme en 2009 déjà. La foi au développement économique n'y est plus. Le rêve américain s'étiole.
Même les secteurs de pointe se font rejoindre ou doubler par les puissances montantes. Le dépassement par la Chine, qui talonne déjà l'Oncle Sam dans certains secteurs, est programmé pour plus tôt que prévu. Les universités perdent leur substance, des cerveaux fuient et le recrutement d'élites étrangères se tarit ou ne fonctionne plus.
Si on ajoute à cela un endettement phénoménal, une monnaie en péril, des institutions dégradées, le tableau est sombre pour l'avenir de ce pays aux clivages toujours plus marqués. L'économie US, ou ce qu'il en reste, ne pourra durer que tant qu'elle sera financée par les créanciers. La montée en puissance des rivaux met en péril le monopole qu'elle exerçait sur les affaires mondiales. La dépendance économique par rapport à la Chine notamment la rend vulnérable aux vicissitudes de sa "partenaire", atelier du monde, fournisseur essentiel de Wall Mart et bailleur de fonds, sans lequel le niveau de vie plongerait dangereusement. Le pays vit sous perfusion et ne tient que par le souvenir de son aura passé, par le pouvoir de battre monnaie à son gré et par sa puissance militaire déclinante.
____Le thème du déclin de l'empire est récurrent aux USA depuis la fin de la guerre du Vietnam, mais se renforce depuis une dizaine d'années et ne semble plus un mythe aujourd'hui.
Il n'y a pas que des intellectuels, tel Paul Craig Roberts, Robert Reich ou certains responsables politiques qui font ce constat, le pessimisme gagne toutes les couches de la population:
"
Insidieusement depuis la crise financière, le "déclinisme" s'est introduit dans le débat public américain. Appuyée par une abondante littérature, l'idée a fait son chemin dans l'opinion publique : selon un sondage publié en octobre par le magazine Time, 71 % des Américains pensent que leur pays est en déclin. Une idée que relayait d'ailleurs Freedom, le roman de Jonathan Franzen, publié aux Etats-Unis en septembre 2010 (éditons de l'Olivier, 2011). Ce roman, qui a remporté un immense succès, scrutait les dérives de la société américaine, et la fragmentation des idéaux sous l'effet de l'argent et du consumérisme...En 1978, l'adoption d'une série de lois a consacré l'emprise de l'argent sur la politique. Pour George Packer, "l'argent organisé et le mouvement conservateur ont saisi ce moment pour ent
reprendre un transfert massif, générationnel, de la richesse du pays vers les Américains les plus riches". Toujours dans Foreign Affairs, d'autres intellectuels, Francis Fukuyama - qui, après avoir annoncé la fin de l'Histoire, pose à présent la question de "l'avenir de l'Histoire : la démocratie libérale peut-elle survivre au déclin de la classe moyenne ?" - et Charles Kupchan, qui décrypte "le malaise démocratique", font des analyses proches de celle de Packer...
Barack Obama, succédant à George Bush qui voyait dans les Etats-Unis le pays "choisi par Dieu et par l'Histoire pour servir de modèle au monde", veut, lui, plus modestement, que l'Amérique reste "la nation indispensable".

_Comme la France est devenue une puissance (très) moyenne, depuis la fin de la décolonisation et la montée des pays émergents, les USA peuvent assez vite et peut-être brutalement perdre leur hégémonie économique et financière, la crise pouvant rebondir. L'hégémonie militaire qui resterait serait juste capable, à grands frais, d'en préserver des lambeaux.
Le déclin est-il vraiment programmé ? Difficile de faire dans la voyance, mais quand un pays doute ainsi de lui-même, quand l'ennemi est intérieur, on peut légitimement se poser la question.
Le leadership mondial de l'empire se réclamant naguère d'une destinée manifeste essaie désespérément de durer. Le keynésianisme militaire ne saurait durer. Le miroir est brisé.
"En janvier 1900, le sénateur américain Albert J. Beveridge déclarait, à propos de l’annexion des Philippines par les États-Unis : « Dieu a fait de nous les maîtres organisateurs pour établir un système dans un monde où le chaos règne. Il nous a insufflé l’esprit du progrès pour renverser les forces de la réaction sur toute la Terre. Il a fait de nous les adeptes du gouvernement que nous devons administrer sur les peuples sauvages et séniles. Sans cette force, le monde sombrerait à nouveau dans la barbarie et l’obscurantisme. » Plus de quatre-vingt-dix ans plus tard, à l’issue de la guerre du Golfe, le général américain Colin Powell annonçait à son tour : « L’Amérique doit assumer la responsabilité de sa puissance. Nous devons diriger le monde. (…) C’est notre rendez-vous avec le destin. (…) Nous ne devons pas laisser l’Histoire nous échapper. »
_____Too big to fail ?
Combien de puissances n'ont pas survécu à leur obésité et leurs dysfonctionnements?
Sic transit...
E.Todd ne manquait pas de clairvoyance.
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_Le déclin du rêve américain

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