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lundi 20 février 2012

Point d'histoire

Pourquoi?

D'une barbarie à l'autre, au coeur d'une guerre totale, d'un conflit lui-même barbare.
Dresde, Hiroshima: deux villes, deux théâtres d'opération, deux tragédies stratégiquement inutiles, en certains points comparables.

___A moins de trois mois de l'effondrement définitif d'un Reich moribond, la ville de Dresde subit pendant deux jours des bombardements alliés massifs terriblement destructeurs. La fin d'une longue série de villes anéanties: Hambourg, Cologne, Berlin...qui devait, pensait-on, outre ruiner l'appareil de guerre nazi, anéantir le moral de populations traumatisées et précipiter l'issue des combats. On reconnut que ce fut une erreur, que ces destructions urbaines engendrèrent le plus souvent l'effet inverse, la terreur et la propagande paralysant toutes réactions hostiles au régime.
Ce dernier bombardement massif, qui ne toucha que marginalement la zône industrielle d'importance mineure et le complexe ferroviaire visé officiellement, où l'on expérimente de nouveaux types de bombes incendiaires, a été (et reste encore parfois)une des opérations les plus controversées et instrumentalisées de la deuxième guerre mondiale.
__Sur la tragédie de Dresde, le point de vue de l'historien J.Pauwels, auteur de "Le mythe de la bonne guerre", vient apporter d'utiles précisions. Sans clore définitivement le débat, sans entrer dans une vaine bataille de chiffres, il apporte de nouveaux éclairages et correctifs.
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Hiroshima:
____________Le début d'une
nouvelle ère, par la nature de l'arme utilisée, dont la menace va planer sur la guerre froide, et continue de conditionner les rapports entre grandes puissances.
Pourquoi Hiroshima? La question s'est posée très tôt.
_Un drame évitable, décidée par Truman en dernière instance, malgré les craintes de Niels Bohr et de certains scientifiques du projet Manhattan, les réticences de certains conseillers et chefs militaires, faisant valoir des arguments contre cette première dans l'histoire humaine.
Par exemple, "le secrétaire d'Etat James Byrnes - qui, au Sénat, avait été le mentor de Truman avant que ce dernier n'accède à la présidence après la mort de Roosevelt le 12 avril 1945 - ne le cachait d'ailleurs pas. Leo Szilard, qui l'avait rencontré le 28 mai rapporte ainsi que "Byrnes ne prétendait pas qu'il était nécessaire d'utiliser la bombe contre les villes japonaises pour gagner la guerre. Son idée était que la possession et l'usage de la bombe rendraient la Russie plus contrôlable". Le mot-clé n'est ni "compromis" ni "négociation" mais "contrôlable". Ce que Truman confirma lui-même : "Byrnes m'avait déjà dit [en avril 1945] qu'à son avis la bombe nous permettrait de dicter nos conditions à la fin de la guerre."
La [destruction] d'Hiroshima et de Nagasaki servit donc de prélude et de prétexte à un déploiement mondial de la puissance économique et diplomatique américaine. Après
l'explosion, couronnée de succès, de la première bombe atomique, le 16 juillet 1945, dans les
sables du désert du Nouveau-Mexique, Truman avait décidé d'exclure l'URSS de tout rôle significatif dans l'occupation et le contrôle du Japon. Le même personnage, alors sénateur, répondant à Roosevelt qui plaidait pour un prêt-bail à une URSS en proie aux pires difficultés, s'était exclamé : "Si nous voyons que l'Allemagne est en train de gagner la guerre, il faudrait que nous aidions la Russie, et si la Russie est sur le point de l'emporter, il faudrait que nous aidions l'Allemagne, pour qu'ils s'entretuent le plus possible." L'arme [de destruction] massive ne fit pas l'unanimité au sein du petit noyau des décideurs..."
__Plus tard, en 1995, "dans ses mémoires, l'amiral Leahy, chef d'état-major particulier des présidents Roosevelt puis Truman, expliquait :
"Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. (...) L'utilisation à Hiroshima et à Nagasaki de cette arme barbare ne nous a pas aidés à remporter la guerre. (...) En étant le premier pays à utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique des barbares."
Quant au général
Eisenhower, qui dénonça plus tard les dangers du complexe militaro-industriel, il écrivait lui aussi dans ses Mémoires : "À ce moment précis [août 1945], le Japon cherchait le moyen de capituler en sauvant un peu la face. (...) Il n'était pas nécessaire de frapper avec cette chose horrible."
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"C'est un jour noir pour l'humanité." (Léo Szilard, initiateur du projet)
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On dira: toutes les guerres se ressemblent et dès que les hostilités sont déclenchées, le pire peut arriver, car la raison n'a plus sa place dans l'enchaînement des événements (Dresde répondait aussi à Coventry et Londres)...Les bombardements sur le Vietnam, aussi cruels qu'inutiles, furent là pour nous le rappeler.
Sortir de la logique de l'affrontement est toujours au programme de l'histoire de l'humanité...
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«Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moye
nne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles»
. (Albert.Camus)

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