Pouvoirs sous influences
____Les lobbyistes, ces hommes de couloirs, ne sont pas seulement et surtout ceux qui viennent donner des conseils aux hommes politiques, éclairer leurs choix sur des questions qu'ils méconnaissent, avant de voter une loi ou de prendre une décision, ils se comportent, surtout s'ils ont de forts intérêts économiques ou idéologiques à faire valoir, comme de véritable chevaux de Troie. Comme le groupe Monsanto ou telle secte religieuse, par exemple. Tout un métier...
Dans sa lutte anti-crise, il est arrivé qu'un président des USA se dresse avec vigueur et détermination contre leur pouvoir envahissant et contradictoire avec l'intérêt général:
"Lutter contre les vieux ennemis de la paix - le monopole industriel et
financier, la spéculation, la banque véreuse, l'esprit de clan. Ceux-là
considèrent le pouvoir [...] comme un simple appendice de leurs affaires
privées. Jamais dans toute notre histoire ces forces n'ont été aussi
unies contre un candidat, unanimes dans leur haine à mon endroit. Et
leur haine me fait plaisir." (Franklin Roosevelt_ discours prononcé au Madison Square Garden en octobre 1936)
___La République est perméable aux lobbies, de manière très peu apparente.
Certains, très puissants, tiennent la France et rencontrent souvent une oreille attentive, vu la porosité qui s'est installée entre le public et le privé, où s'opère la circulation des élites, et le recul du sens de l'intérêt général, par affaiblissement des institutions et plus grande soumission de l'Etat à la puissance des intérêts privés,voire à la corruption.
En cette période de nouvelle donne politique, ils s'activent plus que jamais pour poser des jalons, tester leur pouvoir d'influence, nouer des relations utiles, comme les banquiers, la grande distribution, les grands groupes industriels, pharmaceutiques, du bâtiment...
"... A l'ivresse rooseveltienne de défier tous les lobbys semble succéder
aujourd'hui le besoin de les rassurer, l'obligation de composer avec
eux. Sous surveillance - forcément négative -, le prochain président de
la République, au seuil de lendemains redoutables, se prépare
fébrilement à les rencontrer. Certains y verront la couardise d'une
classe politique française désarmée. Peut-être. Mais ce sont surtout les lobbys qui se sont renforcés par rapport au passé.
Plus nombreux, mieux organisés, plus riches aussi. Quelques chiffres
suffisent à s'en convaincre : capitale européenne du lobbying, Bruxelles
compte environ 30 000 lobbys, soit en moyenne 40 par député européen,
et un pour deux fonctionnaires. En France, au registre légal de
l'Assemblée nationale, ouvert en 2009 pour améliorer la transparence,
figurent seulement 153 "pros" de l'influence. Chiffre officiel. L'Assemblé est largement ouverte aux "visiteurs". Mais rien n'empêche les lobbys non inscrits d'aller frapper à la porte d'un député. Et ils se font rarement prier..."
____________Le lobbying europeen est intense et permanent. Bruxelles en est le grand centre.
" Les cabinets de lobbying l’ont bien compris qui sont nombreux à
disposer d’une représentations dans la capitale belge. 15.000 lobbyistes
professionnels sont présents dans la ville pour porter la bonne parole
de leurs intérêts : cela va de la région Bretagne aux producteurs de
lait, aux fabricants d’acier, aux défenseurs des femmes ou à Volkswagen
et aux chimistes...
Dans cette ville de pouvoirs où se négocient les futures
réglementations européennes, les enjeux sont cruciaux pour quantités
d’acteurs. Le grand public se désintéresse trop de cette question
pourtant essentielle : comment les lois sont-elles votées ?.."
Raoul Marc Jennar, ancien cadre européen a bien décrit ce qu'on peut appeler souvent une certaine trahison des élites.
L'urgence, plus qu'à l'époque de Roosevelt: encadrer le lobbying, briser son pouvoir de nuisance, le cas échéant et d'abord, informer.
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