Dans une Europe qui tangue, notre voisin d'Outre-Manche louvoie.
Certes, ce n'est pas nouveau. De Macmillan à Cameron, la Perfide Albion navigue au gré de ses intérêts, les yeux fixés sur l'horizon Nord-Atlantique plutôt que sur la proche Bruxelles.
Un jeu à part, qui lui a mérité un statut particulier dans la difficile élaboration d'une Europe en gestation.
Si l'opinion anglaise est encore partagée, certains souhaitent explicitement, surtout depuis les menaces de Grexit, sortit du cadre européen et de ses réglementations le plus tôt possible.
Un journaliste du Guardian fait état des contradictions qui affectent l'UE, telle qu'elle s'est construite, finalement sous l'impulsion de l'esprit ultralibéral thatcherien-reaganien, d'inspiration hayeckienne: "La Grande-Bretagne hors de l’UE diminuera (également ) la pression néolibérale sur l’UE car elle a toujours été plus libérale que la moyenne des pays membres. Mais ce ne sera que symbolique, car le traité de Lisbonne, là encore, a tout prévu, il a verrouillé le système pour que seules des politiques néolibérales soient possibles. Au total, c’est l’image, la crédibilité et l’avenir de l’UE qui seront atteints si le Royaume-Uni s’en va..."
Le royaume Uni a un temps souhaité construire un marché européen intégré (une zône de libre-échange essentiellement) et dominé par l’économie libérale pour avoir une meilleure compétitivité européenne dans la mondialisation et pour préserver une puissance économique et un niveau de vie élevé. Mais les intérêts de Washington ont interféré avec ce projet à géométrie variable, sans visée politique, sans projet fédérateur lointain.
Est-ce vraiment le début de la fin d'un partenariat parfois orageux, qui change de nature avec la dislocation larvée de l'UK et les fractures plus apparentes de l'UE?.
Il est vrai que l'ambigüité anglaise irrite souvent. Michel Rocard pestait contre le jeu ambigü des Britanniques, toujours un pied dedans et un pied dehors, qu'il voudrait voir quitter l'U.E., eux qui, toujours surtout soucieux des intérêts financiers de la City et de leurs relations privilégiées avec les USA, ont tant oeuvré pour les choix néolibéraux de la Commission de Bruxelles, cheval de Troie des intérêts d' Outre-Atlantique sur le vieux continent.
Il oublie de signaler l'objectif de Cameron: toujours plus de dérégulation.
Mais Bruxelles est aussi divisé. Le Brexit serait-il pire que le Grexit?
Le double jeu du royaume accusé parfois de casser la baraque n'est pas nouveau.
Déjà De Gaulle, cédant sur le principe européen, a mis son veto à l'entrée du proche voisin, voyant derrière les velléités anglaises les projets à long terme des intérêts multinationaux des grandes firmes US.
Si, aujourd'hui, la Commission est sous influence ultralibérale et le Parlement sous zizanie souverainiste, c'est en grande partie le fait de Londres. Pendant ce temps, la City, cet Etat dans le royaume, ce puissant paradis fiscal, prospère, notamment grâce aux dispositions communautaires, qui lui permettent d'attirer un maximum de liquidités, d'écraser les places continentales.
Tony blair avançait des thèmes conciliateurs. Avec David Cameron, le machiavélisme avance chaussé de gros sabots.
Il tente de fracturer l'axe franco-allemand, comme lors des
négociations budgétaires; il essaie d'entraver les rares avancées
démocratiques convenues entre tous, telle la désignation par chaque
camp, avant les élections au Parlement, de son candidat pour présider la Commission;
il pratique le chantage, via la menace d'un référendum pour quitter
l'Union si celle-ci ne se réforme pas à sa convenance. Il ne lui suffit
plus que l'Europe rapporte, il faut qu'elle obéisse.
Mais les dysfonctionnements et les contradictions des institutions européennes, telles qu'elles vont, n'expliquent-ils pas pour une part les réactions d'une frange de l'opinion britannique?
Après les brouilles et les menaces, le divorce est-il pour demain? Ou les intérêts deLondres la City finiront-ils par l'emporter? Le choc d'un possible départ anglais lâchant ses fragiles amarres pourrait-il obliger l'UE à se réformer enfin en profondeur et à prendre un nouveau chemin?
On peut en douter, au vu des intérêts des pays du Nord, Allemagne en tête...
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Mais les dysfonctionnements et les contradictions des institutions européennes, telles qu'elles vont, n'expliquent-ils pas pour une part les réactions d'une frange de l'opinion britannique?
Après les brouilles et les menaces, le divorce est-il pour demain? Ou les intérêts de
On peut en douter, au vu des intérêts des pays du Nord, Allemagne en tête...
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