Vente à la découpe, au meilleur prix!
C'est la souveraineté qui part en lambeaux au pays de la démocratie inventée.
Un processus qui a commencé depuis plusieurs années, malgré les protestations, les résistances.
Une opération de grande envergure, menée de l'extérieur, qui se révèle déjà bien moins intéressante que prévu et dont les effets risquent d'être terriblement destructeurs.
Tsipras, héritier d'une droite dispendieuse et corrompue, le couteau sous la gorge, s'est plié aux oukases de Berlin, qui en profite pour faire de bonnes affaires.
Faute de vue politique à long terme et de simple bon sens, aveuglé par les dogmes de Lisbonne, cette vente à la découpe, déjà entamée en 2012, risque d'avoir des effets dévastateurs, de par la vassalité qu'elle met en place, avec des sociétés avides d'affaires.
C'est la grande braderie grecque. Après les installations olympiques et un aéroport à Athènes, après Le Pirée, une purge mortelle se mettait en place. Les médecins européens, qui savaient depuis longtemps le mal et son origine, ont commencé à appliquer des remèdes de cheval qui peuvent se révéler fatals, avec le risque des extrêmes.
Dès 2014, les privatisations s'accélèrent pour toucher tous les secteurs vitaux
L'État grec se sépare de ses bijoux de famille, et la liste ne se
limite pas à Elliniko. À vrai dire, elle ne cesse de s'allonger. On y
trouve – sous forme de cession complète ou de prise de participation –
la compagnie des eaux d'Athènes, celle de Thessalonique, les compagnies
de gaz et d'électricité, l'exploitation et l'entretien des chemins de
fer, l'aéroport international d'Athènes, les aéroports régionaux, des
dizaines de ports de province, l'exploitation de monopoles commerciaux,
mais aussi un catalogue de 900 biens fonciers et immobiliers, plus ou
moins épais...
Le tsunami des privatisations frappe le pays
Tsipras a dû céder et passer sous les fourches Caudines d'une Europe où
l'Allemagne donne le ton, au point d'organiser la curée à son profit.
Des âmes sensibles n'aiment pas qu'on leur rappelle ce simple constat.
Il leur faudra méditer ce passage d'une récente tribune publiée dans le Monde par Romano Prodi, ex-président de la Commission de Bruxelles : « L'Europe allemande est maintenant sur le point de prévaloir sur l'aspiration d'une Allemagne européenne. »
On brade l'argenterie et ce n'est qu'un début:
Ulrich
Wilken, membre du parti de gauche Die Linke, déplore “la liquidation de
l’argenterie grecque”. Selon le député, “les bénéfices ne vont pas
aller aux Grecs mais à l’économie allemande”... ou chinoise..
Une opération insensée, selon certaines voix d'Outre-Rhin
On savait pourtant que l'Allemagne avait déjà bien profité de la dette grecque, malgré ses prétentions officielles.
On a pu parler d'une fin des idéaux européens, d'une Europe kidnappée -
La politique est désertée. Les financiers ont pris le pouvoir.
Dans un
article intitulé « Un Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe
centrale », Kundera s’élevait en 1983 la coupure artificielle de l’Europe
en deux, qui avait eu pour effet de déporter à l’est de l’Europe la
mosaïque de petites nations situées géographiquement au centre,
culturellement à l’ouest et politiquement à l’est, et qui se sont
trouvées de ce fait projetées en dehors de leur propre histoire. « Une petite nation, écrivait Kundera, est celle dont l’existence peut être à n’importe quel moment mise en question, qui peut disparaître, et qui le sait. »
Ce que ces petites nations avaient de commun, ce n’était donc ni une
identité ni une langue, mais une expérience de la faiblesse face aux
grands empires qui les entouraient..
Jamais l’Union, sans doute imparfaite, n’était apparue comme une
organisation aux mains des banques et des marchés financiers. Un voile
se déchirait. Le vainqueur n’est plus tout à fait sûr de sa victoire. Il
a obtenu gain de cause. Mais il a perdu sa légitimité démocratique. Et
si le vaincu n’a pas réussi à faire valoir ses droits, dans son combat,
il a démystifié son opposant, que l’essayiste allemand Hans Magnus
Enzensberger a qualifié de « doux monstre de Bruxelles » dans un
essai récent. La crise grecque lui donnait raison. Dans son pamphlet,
Enzensberger ne critiquait-il pas le caractère non démocratique de
l’Union européenne, son opacité, son langage sclérosé, sa bureaucratie,
une bureaucratie qui, sous prétexte d'harmoniser, auraient détruit peu à
peu l'idéal qui a présidé à la construction de l'Union et qui selon
Enzensberger travaillerait à sa perte ? Selon lui, l’Europe était
engagée dans un projet sans précédent : la première forme non violente
de gouvernance non démocratique. Ce régime, il le qualifiait de monstre
moderne, à la fois « gentil » et géant, ami et ennemi, le « doux monstre de Bruxelles ».
Si la crise grecque a confirmé les analyses d’Enzensberger, elle a en
revanche fait mentir son titre. Le monstre de Bruxelles n’a rien de
doux. Si c’est un géant, il n’a rien d’aimable. Et il n’est pas l’ami de
la Grèce mais son ennemi déclaré, acharné à sa perte. Il est féroce,
agressif, impitoyable. La crise grecque aura moins servi à ça. Elle a
arraché le masque de civilité et de courtoisie de l’Union européenne.
Ses marathons nocturnes dont on ne voyait ni le bout ni le sens, ses
communiqués incompréhensibles rédigés dans cette langue que de Gaulle
qualifiait d’espéranto ou de volapük intégrés, ses décisions sans
visage, ne peuvent plus se prévaloir de la bonne volonté qui anime les
constructeurs ni de la complexité de la tâche...
La Grèce a capitulé, mais c’est le projet européen qui a été défait. »
Au nom de principes néolibéraux qu'on applique partout, même quand ça ne marche pas.
En France, c’est bien application des directives européennes qu’ont été privatisés France Telecom, EDF, GDF, ainsi que les autoroutesl ou encore Aéroports de Paris privatisés en 2005 pour satisfaire aux critères de Maastricht. La loi de transition énergétique qui vient d'être promulguée acte la privatisation des barrages hydro-électriques français.
Et la transposition en cours des derniers paquets de directives
européennes concernant les transports ferroviaires avec la réforme
ferroviaire conduit à la privatisation rampante de la SNCF. Tout cela en application des traités européens.
Le crépuscule d'une époque?...
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- 25 vérités de l’économiste Thomas Piketty sur la dette grecque
- Les idées reçues sur la crise grecque
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