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mardi 24 mai 2016

Rêves californiens

 Nouvel eldorado?
                              Sun, Sand and...Digital technology.
                                                       La Californie a fait rêver et continue à le faire. D'une manière différente des années 70, qui virent éclore les rêves hippies, celles de société différente, dégagée des contraintes institutionnelles, étatiques.
   Une nouvelle utopie,  innovante celle-là, connaît aujourd'hui le succès que l'on sait.
      La concrétisation la plus connue est celle de la Silicon Valley notamment, ce technopole autour de San Francisco, qui a vu naître et se développer, d'abord pour des raisons de recherches militaires, un nombre considérable de start up liées directement ou indirectement au numérique, un technopole de pointe gérant un budget impressionnant, équivalent au budget d'un pays comme le Chili.
    Là continuent à s'épanouir les technologies numériques les plus révolutionnaires mais aussi les projets les plus fous, parfois fantaisistes ou pas toujours innocents. On est parti là-bas de rêves libertaires pour aboutir aux outils capitalistes les plus innovants, les plus pointus, dont les applications actuelles ou prochaines sont loin d'être toujours rassurantes.
    C'est aussi un monde où on se propose d'élaborer, jusque dans la plus grande naïveté et le scientisme le plus archaïque, les grandes lignes de ce qu'on pense devoir être le monde de demain, hautement sélectif et profitable.
   D'un côté, on y trouve les recherches les plus prometteuses, comme dans le domaine médical.
Mais aussi s'y développent des pouvoirs qui inquiètent légitimement, comme chez Google, et des projets qui mélangent le meilleurs et le pire, comme les ceux de transhumanisme.
          Certains sont plutôt élogieux vis à vis  de ce qu'ils jugent être comme une révolution collaboratrice et un levier pour un capitalisme d'un nouveau genre.
     D'autres mettent l'accent sur les dangers de ce nouveau monde fonctionnant en mode ultralibéral, avec des moyens dépassant parfois ceux de certains Etats:
        C’est le souffle de la contre-culture des années 60 qui va donner ses contours à l’utopie numérique. En 1964, pour les étudiants de Berkeley qui défilaient avec, autour du cou, de fausses cartes perforées IBM, l’ordinateur symbolisait le complexe militaro-industriel ; une décennie plus tard, pour les hackers californiens du Homebrew Computer Club - dont les fondateurs d’Apple, Steve Jobs et Steve Wozniak -, il est une promesse d’émancipation.
     Avec l’ordinateur personnel, il s’agit de «redonner à l’individu le pouvoir d’organiser lui-même, par le bas, ses connexions avec les autres» et de libérer sa créativité, résume Dominique Cardon, chercheur au laboratoire des usages d’Orange Labs et auteur de la Démocratie internet, promesses et limites (Seuil, 2010). De cela, les patrons démiurges de la Silicon Valley sont bel et bien les héritiers - via «l’alliance entre un projet d’émancipation libertaire et une économie libérale qui s’y est greffée dans les années 80», poursuit Cardon. Dès lors, aux Etats-Unis, «la sensibilité hacker a été mise à contribution dans un modèle où le "bien social" est atteint à travers le capitalisme, et dans une culture de la start-up», expliquait à Libération en février la chercheuse américaine Gabriella Coleman. S’y ajoute la foi dans la science comme levier de transformation sociale. Connecter la planète, défier la maladie et la mort, répondre au changement climatique, aller sur Mars – «changer le monde», voire le sauver – est l’affaire non des Etats mais d’individus créatifs, des «innovateurs».
   Il y a des similitudes entre l’image que donnent d’eux-mêmes les hérauts de la Valley et les héros de papier d’Ayn Rand, relève Dominique Cardon - Travis Kalanick ou Peter Thiel, le fondateur de PayPal, sont d’ailleurs des admirateurs de l’œuvre de la philosophe et romancière libertarienne...
      Ces services et ces pouvoirs qui montent sont d'une profonde ambivalence.
            L'absence de régulation a favorisé un développement inouï, mais l'absence de régulation actuelle présente des aspects qui peuvent menacer nos libertés et nos valeurs démocratiques.
     La fascination naïve, ou l'inconscience, est la pire des réponses.
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