Il a choisi l'option la plus dure, prenant le contre-pied des évolutions diplomatiques longues et difficiles de ces dernières années.
On devait assister au réveil d'un géant, longtemps soumis aux pressions de Washington et aux vieux intérêts pétroliers remontant à Mossadegh, en passant par le Shah.
Sous la pression de la coalition hétéroclite de circonstances géopolitiques sunnite et israëlienne, Trump a choisi l'option la plus dure, poussé par ses conseillers volontairement choisis pour leurs positions extrémistes, comme Mike Pompero.
C'est une guerre économique aussi contre tous les pays qui contribuaient à l'investissement dans ce pays ou s'apprêtaient à le faire, pour créer les conditions d'un renouveau et d'une nouvelle ouverture. Mais l'Europe étant déclarée "ennemie"...les menaces et les lourdes sanctions sont brandies
C'est peu dire que nous entrons sans un monde inconnu. C'est un monde dangereux qui se prépare, surtout si Netanyahu continue à surenchèrir pour poursuivre ses manoeuvres en Cisjordanies, notamment.
L'iran est secoué par de graves tensions internes et externes. Elle se trouve au centre de conflits et peut se trouver confrontée à des risques de guerre. Trump a trouvé son bouc émissaire, en donnant des chances aux extrêmistes iraniens...
Il n'y avait pas pire solution...
......Les visites successives d'Emmanuel Macron, d'Angela Merkel et de Boris Johnson pour l'en dissuader n'y auront rien fait. Dans un discours prononcé mardi soir depuis la Maison-Blanche, le président américain Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, qui avait été pourtant arraché de haute lutte par les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) et la République islamique, en juillet 2015, mettant fin à treize ans d'une crise diplomatique unique, démarrée en 2002 avec la révélation d'un programme nucléaire clandestin en Iran.
« Le fait est que c'est un accord horrible et partial qui n'aurait jamais dû être conclu, a martelé le président américain. Il n'a pas apporté le calme. Il n'a pas apporté la paix. Et il ne le fera jamais. » Première mesure décidée par le pensionnaire de la Maison-Blanche, le rétablissement des sanctions américaines unilatérales liées au programme nucléaire iranien (contre la banque centrale iranienne et surtout les ventes de pétrole iranien, NDLR). « Nous allons instituer le plus haut niveau de sanctions économiques », a averti le président américain en rappelant qu'il était déterminé à « empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire ».
Accord gagnant-gagnant ?
« Les mesures contre la banque centrale iranienne n'auront que des conséquences limitées, car, depuis la conclusion de l'accord sur le nucléaire, elle n'a pas pu véritablement rétablir de liens avec le système bancaire international », rappelle au Point depuis Téhéran Hamze Safavi, professeur de sciences politiques, membre du Conseil scientifique de l'université de Téhéran et directeur de l'Institut pour les études futures du monde islamique (IIWFS). « En revanche, les sanctions contre les exportations iraniennes de pétrole auront des effets importants. » En effet, l'accord sur le nucléaire iranien, également connu sous le nom de Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), a permis à l'Iran de doubler ses ventes de pétrole (à 2 millions de barils par jour), lui permettant d'engranger 56 milliards de dollars pour l'exercice 2016-2017.
En échange, l'Iran a drastiquement réduit ses activités nucléaires sensibles. La République islamique s'est engagée à ne conserver qu'une seule usine d'enrichissement d'uranium, celle de Natanz (au centre de l'Iran), où elle ne peut enrichir qu'à 3,67 % pendant quinze ans (un taux supérieur à 90 % est indispensable à la production d'une bombe). Pour s'assurer que la République islamique ne cherche pas la bombe, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a instauré en Iran le système d'inspection le plus poussé jamais soumis à un pays. À onze reprises, l'AIEA, le gendarme du nucléaire mondial qui dépend de l'ONU, a certifié que l'Iran respectait bel et bien ses engagements.
Des « révélations » pas nouvelles
Mais Donald Trump n'en démord pas. Depuis la Maison-Blanche, le président républicain a repris mot pour mot les propos prononcés la semaine dernière par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a exposé dans un grand « show » à l'américaine ses « preuves » des mensonges iraniens. « Au cœur de l'accord iranien, a rappelé le président américain, il y avait un énorme mythe selon lequel un régime meurtrier ne cherchait qu'un programme pacifique d'énergie nucléaire. (…) Aujourd'hui, nous avons la preuve définitive que la promesse iranienne était un mensonge. »
Lire aussi Iran-Israël : qui ment sur le nucléaire ?
Problème, les « révélations » israéliennes ne sont pas nouvelles. Elles rappellent ce que savaient déjà les services de renseignements occidentaux et l'AIEA, à savoir que la République islamique, malgré ses dénégations répétées, a développé entre 1999 et 2003 les prémices d'un programme nucléaire militaire visant à produire cinq têtes nucléaires. Sous la pression des Occidentaux, déjà engagés à l'époque dans des discussions avec Téhéran, l'Iran avait finalement suspendu ses recherches en 2003. Ces révélations, portées en 2008 à la connaissance de l'Agence internationale de l'énergie atomique, et qui ont fait l'objet d'un rapport de l'AIEA en 2011 (et d'une évaluation finale en 2015), ont alimenté les doutes quant à la sincérité de l'Iran, qui jure ses grands dieux ne vouloir développer que du nucléaire civil (ce que lui garantit le traité de non-prolifération nucléaire qu'il a signé en 1970). Elles ont fini de convaincre l'AIEA de l'urgence du règlement de la crise du nucléaire iranien par la voie diplomatique, pour éviter une nouvelle guerre au Moyen-Orient. [ le Point]
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