C'est devenu une évidence pour tout le monde
On ne compte plus les anciennes civilisations qui lui ont rendu un culte.
Mais l'étoile de moyenne grandeur, situé en bordure de notre galaxie, dont nous savons qu'il y en a des milliers seulement dans la portion d'univers actuellement connu, n'a rien de spécifique par rapport aux autres. Elle transforme son hydrogène en hélium par un phénomène de fusion dégageant une chaleur intense.
Nous en profitons, à bonne distance. C'est un hasard. Un peu plus près de cette chaudière nucléaire, et aucune vie ne serait jamais apparue sur terre. Un peu plus loin, et le même phénomène se serait produit par températures trop basses. Nous ne serions pas là pour en parler. Un petit "miracle" existant peut-être à d'autres exemplaires. On cherche.
Mais quand notre solaire se fait trop ardent, la vie souffre. La végétation stresse par manque d'eau. Les hommes sont aussi en souffrance, plus ou moins selon les régions, pour des raisons pluri-factorielles.
Même dans l'hémisphère nord, comme cet été. La Suède ou le Canada, entre autres, sont à la peine, ce qui n'est pas courant.
Mais les records de température extrêmement élevés peuvent être partout. Avec leurs cortèges de malaises et de décès pour les plus fragiles et les plus exposés. Avec parfois des conséquences très inhabituelles
On se souvient de l'été 2003. Les périodes d'intense chaleur sont-elles destinées à se répéter et à s'approfondir. Certains scientifiques le pensent. Mais nulle certitude absolue. C'est peut-être un phénomène cyclique, analogue en un certain sens au petit âge glaciaire en Europe. Ce qui n'exclut pas la part hautement vraisemblable des facteurs anthropogènes, si l'on en croit le GIEC, assez réservé cette fois-ci.
Le climat obéit à des lois qui nous échappent dans une large mesure encore.
On ne peut jamais exclure le facteur histoire présent au coeur d'événements climatiques quels qu'ils soient.
Les conséquences parfois tragiques de ces phénomènes ont bien des rapports avec les conditions de vie, les structures sociales, l'environnement urbain, etc...
Le problème est aussi culturel et politque au sens large.
La Grèce a souvent été débordée par des feux meurtriers par manque de moyens liés aux restrictions des budgets publics. Les personnes âgées meurent plus dans certains quartiers de Chicago qu'en Espagne, où la solidarité familiale et de voisinage joue un rôle important de prévention.
...Entre 1979 et 1992, (les vagues de chaleur ) ont provoqué la mort de 5 379 personnes aux Etats-Unis. « Ces décès, conclut le rapport , peuvent facilement être prévenus. » Moins de deux semaines plus tard, Chicago est frappée par l’une des vagues de chaleur les plus redoutables de son histoire. Par endroits, les températures atteignent 46 degrés. Nuages épars et absence de vent : pendant une semaine, la ville se transforme en fournaise. La chaleur fait ses premières victimes le 13 juillet. Dès le lendemain, le matraquage médiatique commence lorsque deux nourrissons, oubliés dans une camionnette par la directrice de leur crèche, périssent suffoqués par une chaleur de 73 degrés. A la fin de la semaine, la canicule a provoqué la mort de cinq cents à sept cents personnes selon les estimations. Et des milliers d’hospitalisations.
La seule météorologie ne saurait expliquer ces décès. La mort est à mettre en relation avec un type de séparation (sociale, spatiale, raciale et politique) identique à celui qui régit la vie de certains habitants de la ville. La canicule meurtrière de 1995 a illustré les nouvelles formes de marginalité et d’abandon social propres aux grandes villes américaines et particulièrement marquées à Chicago (1). Une calamité plus « structurelle » que « naturelle » qui non seulement souligne la relation évidente entre la pauvreté et la souffrance, mais révèle également les mécanismes sociaux et institutionnels qui sous-tendent l’insécurité américain
Mardi 12 juillet, Chicago halète sous un soleil de plomb. Les rues sont en feu. Plusieurs jours auparavant, les météorologues, alertés par une masse d’air chaud venant du sud, ont annoncé la vague de chaleur. A temps pour que les autorités diffusent des messages de prévention. Certains habitants sont donc prêts. D’autres réagissent promptement, dévalisant en un après- midi tous les magasins de climatiseurs et de ventilateurs. La population envahit les bords du lac : on dénombrera jusqu’à quatre-vingt-dix mille personnes entassées sur une seule plage. Ceux qui sont trop éloignés des plages se mettent en quête de fontaines, de piscines municipales ou de bouches d’incendie… Alors que la ville fait provision de climatiseurs, sa consommation d’énergie atteint un niveau qui excède vite les capacités de la compagnie d’électricité. Ses équipements se détraquent au moment où les gens en ont le plus besoin. Apparues dès le mercredi 13 juillet, les pannes se répètent les jours suivants. Le vendredi, deux grands transformateurs disjonctent en moins d’une heure. Des quartiers entiers se retrouvent sans électricité - et donc sans climatiseur, sans ventilateur et sans télévision pour les informer des moyens de se protéger. Dans certains cas, durant deux jours. Jeudi est le jour le plus chaud. Par endroits, les températures affichent 41 degrés — et jusqu’à 44 degrés dans certains immeubles non climatisés. Les pompiers doivent faire usage de leurs lances à incendie pour asperger les voyageurs, accablés, d’un car scolaire coincé dans les embouteillages de la mi-journée. Cette technique du jet sera largement imitée par la population — surtout par les jeunes des quartiers les plus défavorisés. N’ayant guère les moyens de se prémunir contre la chaleur, ils ouvrent grandes les bouches d’incendie, créant ainsi des fontaines publiques, des parcs aquatiques, des oasis improvisées où les personnes valides viennent se rafraîchir. Cette stratégie de survie a une conséquence désastreuse : asséchant les réserves d’eau de la ville, elle prive des quartiers entiers d’eau courante pour une durée prolongée. Le jeudi chaud, trois mille points d’eau sauvages sont ainsi ouverts. La « guerre de l’eau » commence. Equipes de surveillance et policiers parcourent les rues pour sceller les bouches d’incendie, menaçant d’une amende de 500 dollars quiconque les ouvrirait. Cela n’arrête pas la population : craignant de perdre sa meilleure arme contre la chaleur, elle recourt à tous les subterfuges : torches acétylènes, perceuses, scies, marteaux-piqueurs. Des groupes de jeunes attaquent neuf camions-citernes et blessent quatre ouvriers qui tentaient de sceller les bouches d’incendie.
Rapidement, la canicule vient à bout des maigres résistances opposées par les personnes les plus vulnérables : après quarante-huit heures d’exposition ininterrompue, la chaleur amenuise les défenses de l’organisme. Les services d’urgence et les morgues de la ville sont submergés. A Chicago, le taux de mortalité de base, assez stable, est de soixante-douze décès par jour. Vendredi 15 juillet, on en enregistre cent quatre-vingt-huit. La morgue doit alors réorganiser ses locaux pour recevoir les nouveaux arrivants. Le week-end sera particulièrement meurtrier avec trois cent soixante-cinq décès dans la journée du samedi, et deux cent quarante et un le dimanche. La fièvre retombe le lundi, avec cent quatre-vingt-treize décès. Mardi, on n’en compte plus que cent six. Et quatre-vingt-dix les deux jours suivants. En période normale, les médecins légistes autopsient environ dix-sept corps par jour. La morgue, organisée en conséquence, se retrouve donc assez vite débordée par l’afflux de ces centaines de cadavres qu’elle ne peut pas stocker. Située en plein centre-ville, en face du plus grand hôpital public de Chicago, elle devient le symbole même du délitement du corps municipal. Journalistes, infirmiers et hommes politiques se précipitent pour assister au spectacle......
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