Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

mardi 10 juillet 2018

Stupéfiant!

Fantastique découverte!
                                             Le petit génie qui parle à l'oreille des banquiers, des financiers et de Jupiter sort de sa réserve très monacale pour annoncer le pire: le risque d'insurrection, la révolte des pauvres, la colère des gueux. 
        Diable! Voilà qu'il sonne le tocsin, lui qui se déclare sans rire comme libéral de gauche (sic!), mais qui n'a eu de cesse jusqu'ici de faire les louanges de l'économie mondialisée financiarisée et déréglementée, donc heureuse, celle de l'OCDE et de Pascal Lamy.

    Repentance? Que nenni! Mais il est très préoccupé. Il y aurait péril en la demeure. Lui, qui s'était laissé aller à commettre naguère un petit pamphlet sur l'argent fou, lorsque la crise était à son zénith. Mais c'était autrefois...
     Il nous met en garde contre les inégalités trop fortes, qui minent nos sociétés et qui peuvent s'avérer sources de révoltes, dangereuses pour le système qu'il défend.         On a bien compris que ce qui l'inquiète, c'est le statut des plus privilégiés, qui risquent de perdre beaucoup lors de révoltes qui menacent. Il ne partage pas le triomphalisme indécent de Waren Buffet, qui clamait sans vergogne que la lutte des classes, c'est les plus riches qui l'avait gagnée...
        Alain Minc, qui sait-tout-sur-tout, plagiaire à ses heures, ami et conseiller des banquiers, grand redresseur du Monde, inspirateur de Jupiter, est plein de sollicitude pour la  souveraineté  (sous contrôle) de la Grèce, qu'il prétend respecter....
       Serait-il prêt à s'en prendre au putain de pognon dépensé? Il ne faut pas exagérer non plus. Il n'est pas prêt à critiquer non plus le pognon de dingues pour l'aide sociale. Du moins publiquement.
        Il a presque raison, Minc, même s'il n'analyse en rien les causes du problème de la montée spectaculaire des inégalités et les effets de la forme de mondialisation qu'il défend. Si peu de personnes n'ont encore partagé autant de richesse au détriment de la plus grande masse.
             Mais pas très original, mise à part la dramatisation surfaite. C'est déjà ce que signalait l' OCDE depuis un moment, une organisation des plus conventionnelle, jugeant que les dérives actuelles étaient, non pas injustes moralement ou politiquement, mais contre-productives à terme, du simple point de vue de l'économiste de base. A la suite des études fouillées depuis longtemps de Thomas Piketty.
      Même au FMI, gardien de l'ordre financier, certains se sont mis, entre de nombreuses contradictions, à remettre en cause les principes économico-financiers de l'ordre mondial actuel, celui de l'après-crise qui n'a rien appris. Pascal Blanchard notamment, qui y va de sa petite musique.
     Certains, se demandant à quoi sert cette institution, n'hésitant pas à en critiquer le fonctionnement. Même dans la sphère d'économistes reconnus et parfois issus du sérail, comme Stiglitz et d'autres...
Les fondamentaux ne semblaient pas devoir changer. 
          Et pourtant l'organisation critique en interne la gestion de la crise de la zone euro. 
   Cela ne reste pour l'instant que des réactions individuelles, mais c'est nouveau.
    Mieux: elle met en évidence cette idée révolutionnaire: les inégalités nuisent à la croissance.
               Selon Martine Orange, "... Est-ce le constat de l’impuissance des gouvernements et des banques centrales de relancer leur économie, après la crise financière de 2008 ? Le fonds monétaire international (FMI) paraît en tout cas tellement secoué par la crise qu’il s’engage dans une révolution copernicienne. Après avoir souligné la sous-estimation des effets récessifs des coupes budgétaires, puis avoir remis en cause la ligne de conduite de l’Europe dans le sauvetage de la Grèce, l’institution internationale est en passe de dynamiter une des grandes théories du libéralisme : celle qui assume que l’augmentation des inégalités et l’accumulation des richesses dans les mains d’un petit nombre de plus en plus réduit profitent à l’économie et au bout du compte à tout le monde, et que la redistribution est contre-productive.
                 Dans un long papier théorique, Jonathan Ostry, chef du département recherche du FMI, et les économistes Andrew Berg et Charalambos Tsangarides prennent le contrepied de ces croyances. « Si des incitations positives sont certainement nécessaires pour récompenser le travail et l’innovation, des inégalités excessives risquent de peser sur la croissance, par exemple en réduisant l’accès à la santé et à l’éducation, en provoquant de l’instabilité politique et économique qui réduit l’investissement et en mettant à mal le consensus social requis pour faire face à des chocs de grande envergure », écrivent-ils. Selon eux, les pays qui supportent un niveau élevé d’inégalité connaissent une croissance plus faible et plus volatile que les pays qui pratiquent une redistribution élevée afin de réduire ces inégalités....
       Reprenant de nombreux travaux d’économistes qui se sont penchés sur les inégalités, les chercheurs du FMI constatent après eux que les inégalités de marché – c’est-à-dire avant impôts, avant redistribution – n’ont cessé de se creuser au cours des dernières décennies. Le fossé s’élargit partout dans le monde entre les plus pauvres et les plus riches. Le changement de ces trente dernières années est particulièrement frappant dans les pays de l’OCDE, où les salariés, soumis à la grande compression, ont connu une chute spectaculaire de leur niveau de vie, allant jusqu’au déclassement d’une partie d’entre eux, les politiques de redistribution ne permettant plus de compenser l’explosion des inégalités. 
Dans le même temps, comme le soulignait l’étude de l’ONG Oxfam, à la veille du sommet de Davos, les plus riches ont atteint un niveau d’accumulation jamais connu depuis la Première Guerre mondiale. Les 85 personnes les plus riches totalisent une fortune équivalente à celle de la moitié de l’humanité.
Loin d’avoir les effets bénéfiques escomptés, cette concentration de richesses entre si peu de mains engendre une croissance économique de plus en plus faible et de plus en plus volatile sur le long terme, selon les économistes du FMI. « De récentes études montrent comment les inégalités ont intensifié le cycle d’endettement et de financement, devenant la source de la crise, ou comment des facteurs d’économie politique, en particulier l’influence des riches, ont permis aux excès financiers de s’accumuler avant la crise », disent-ils, mettant leurs pas dans ceux de Stiglitz notamment. .."
                   Intéressants constats, qui tombent sous le sens, mais ce n'est pas encore un retour de veste.
On attend impatiemment l'avis de Madame Lagarde, pas très bavarde...... 
   A quand un tout autre FMI, garant d'une autre mondialisation, indépendant de la Fed, pour une aide et une régulation efficaces des pays en difficulté, après une profonde réforme de la finance internationale.
         Il serait intéressant de lire aussi le rapport de l'Inse sur la nécessité de l'aide sociale et de repenser le lancinant problème de l' égalité des chances et des déterminismes sociaux.
_____________________

Aucun commentaire: