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lundi 24 septembre 2018

Allemagne: un croisement périlleux.

Crise et incertitudes                             [Revue de presse]
                  Difficile d'y voir très clair dans la crise qui traverse la vie politique allemande, surtout de ce côté du Rhin. Adieu Mutti?
     Une scène politique éparpillée, qui n'inquiète pas que des Allemands. L'histoire ne se répète pas, mais elle peut bégayer.
   Le pays de Goethe nous avait habitué depuis des années à des coalitions sans difficultés majeures entre des partis de gouvernement qui menaient conjointement sans grand bruit la conduite d'un Etat et d'une société devenus prospère, du moins pour une partie de la population,
    Depuis les lois Hartz, sous Schröder, l'ordolibéralisme a régné comme une règle intangible, reléguant de plus en plus de travailleurs à vivre dans une précarité de plus en plus marquée, surtout dans les régions de l'Est, où les stigmates de la réunification restent encore présentes.
    Faut-il y voir la cause souterraine d'une insatisfaction débouchant sur ce à quoi on assiste aujourd'hui en Saxe et qui explose ici où là par des manifestations d'un racisme que l'on croyait dépassé, même si ce phénomène ne date pas d'aujourd'hui.
    En partie sans doute localement. Mais le phénomène de montée de revendications régionalistes et identitaires en Bavière, par exemple, ne répond pas à ces critères.
    Dans la presse allemande, on parle de situation volcanique, tant les tensions sont fortes: une coalition sur un volcan, écrit-on çà et là, les passions tendant à prendre le dessus sur une raison qui a eu tant de mal à s'exercer lors des dernières élections, où il a fallu marier non sans mal la chèvre et le chou, mettant la chancelière en grande difficulté.
   L'opposition avec la CSU bavarois, surtout sur la question de l'immigration, fragilise la coalition et occasionne des dérapages verbaux.
       ....Conservateurs et sociaux-démocrates, menacés à l’extrême droite par Alternative pour l’Allemagne (AfD) et à gauche par les Verts, s’accrochent donc à cette grande coalition emmenée par une Angela Merkel qui accomplit sans doute son dernier mandat et tente de préserver son bilan.  « La grande coalition est comme un vieux mariage où les époux ont trop de biens en commun pour pouvoir se séparer sans subir de lourdes pertes », résume l’éditorialiste de Die Zeit, Josef Joffe. « Ils se feraient étriller en cas d’élections anticipées et ne pourraient trouver partenaire plus docile parmi les quatre partis d’opposition. »    Deux mois avant l’affaire Maassen, la CSU et la CDU s’entre-déchiraient au sujet de l’immigration, sujet éminemment sensible depuis qu’Angela Merkel a décidé d’ouvrir les frontières aux demandeurs d’asile fuyant les violences du Proche et du Moyen-Orient.  « La seule chose qui reste grande dans cette coalition, c’est la détermination absolue de continuer à surnager », jugeait mardi le quotidien Bild.
   La crise migratoire, conséquence d'une affaire mal gérée par la chancelière, a fracturé le paysage politique allemand, à moins qu'elle ne soit qu'un révélateur de plus anciens problèmes sous-jacents
   Le rêve allemand serait-il en train de devenir un cauchemar européen?
     La chancelière, qui n'a rien fait, empétrée, semble vaciller comme les institutions européennes, même si la situation est grave mais pas désespérée, comme le titrait le Frankfurter.
   L'affaire Maassen n'a rien arrangé.
   Les raisons de la crise politique, qui affecte aussi le SPD, sont à chercher à plusieurs niveaux. Le prétendu modèle économique ne fait plus trop illusion, malgré les avantages monétaires.
   Le rêve allemand a du plomb dans l'aile, la faillite des partis traditionnels est patente, favorisant une certaine montée des extrêmes.
   L'extrême droite veut donner le ton, tétanisant la droite, et semble supplanter le SPD dans les sondages. L'AFd semble sans complexe, malgré les réactions.
   On critique là-bas souvent les positions de Sahra Wagenknecht, qui dérange, mais qui demande surtout un traitement modéré et intelligent d'une immigration mal gérée. Ce qui n'exclut pas des ambiguïtés à l'intérieur de Aufstehen.
     De plus la crise politico-économique turque jette le trouble.
            Berlin est en crise, Bruxelles est en panne.
                  L'un explique l'autre dans une large mesure.
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