Que la monnaie européenne, dans le fonctionnement actuel du l'Union, pose problème, surtout depuis la dernière crise, est régulièrement en question.
Jusque dans les cercles économiques les plus classiques, même si les avis sont souvent parfois partagés.
La question de la monnaie unique (et non pas commune) revient périodiquement sous la plume d'économistes reconnus.
Les faiblesses de l'euro fort ont maintes fois été soulignées.
La conclusion d' un dernier rapport allemand revient à constater que: à l'exception des années 2004 et 2005, l'Allemagne a bénéficié chaque année de l'introduction de l'euro, surtout depuis la crise de l'euro en 2011 : de 1999 à 2017, l'euro a permis à l'Allemagne un gain cumulé de 1,9 billions d'euros, soit 23 116 euros par habitant. Parmi les pays observés, c'est donc l'Allemagne qui a le plus profité de l'euro.
"...Vingt ans, le plus bel âge de la vie ? Pas pour l’euro si l’on en croit une brève étude publiée par deux économistes allemands sous l’étiquette CEP (Centre de politique européenne) : L’euro a vingt ans : qui sont les perdants ? qui sont les gagnants ?
Cette étude empirique démontre qu’en vingt ans, la monnaie unique a fait perdre à chaque Français environ cinquante mille euros, soit 10% de leur revenu. Mais ne nous plaignons pas, les Italiens ont encore plus perdu que nous. Selon cette même analyse, les Allemands et les Néerlandais sont les seuls Européens qui ont tiré un franc profit de l’euro avec un gain par habitant de plus de vingt mille euros.
En conformité avec les thèses « ordo-libérales » de l’école de Fribourg, les auteurs ont comparé les pays de la zone euro à des pays similaires étrangers à cette monnaie et en ont déduit ce qu’aurait été leur produit intérieur brut en l’absence de monnaie unique. La méthode est simple et réputée valide.
La conclusion qu’en tirent les auteurs est quant à elle abrupte : « Pour bénéficier de l'euro, la France doit poursuivre sur la voie des réformes engagées par le Président Macron. » La plupart des Français rejoignent cette conclusion, par attachement à la monnaie unique, soit parce qu’ils partagent les convictions néolibérales du président, soit parce qu’ils se félicitent de pouvoir emprunter de grosses sommes à des taux très bas, soit parce qu’ils pensent que son abandon porterait atteinte à leur patrimoine, soit enfin parce qu’en raison de leur âge, ils n’ont jamais connu que la monnaie unique.
Il est permis toutefois de s’interroger sur les résultats de l’euro, si contraires aux espoirs qu’avaient placés en lui ses concepteurs.
Quand fut signé le traité de Maastricht, en 1992, on annonça aux Européens un horizon de prospérité qui verrait les pays les plus pauvres rattraper les plus riches. C’est le contraire qui se produisit, dans un contexte plus explosif que n’en avait jamais connu le projet européen. Précisons d'abord que la monnaie unique n'est pas une nouveauté. Jusqu'au XIX° siècle, toutes les monnaies avaient une valeur à peu près stable, liée à leur poids en or.
Les souverains, pour leurs besoins et leurs plaisirs, imposaient leurs sujets et, mieux encore, taxaient les commerçants aux péages et aux frontières. C’est ainsi que le calife de Bagdad fonda sa richesse sur la taxation du commerce caravanier entre Orient et Occident (cf Gabriel Martinez-Gros).
Au XVIIe siècle, autour de la mer du Nord, des gouvernants comprirent qu’ils avaient plus à gagner en encourageant la création de richesses par leurs propres sujets. Les Néerlandais furent les premiers à agir en ce sens. Par des règlements très protectionnistes, ils assurèrent le succès de leurs marchands et de leurs armateurs dans les foires et sur les mers. Mais ils durent très vite compter avec la concurrence anglaise. Avec l’Acte de navigation de 1651, Cromwell entama une politique protectionniste qui ne prit fin que deux siècles plus tard, quand l’Angleterre eut acquis une suprématie incontestée sur l’économie mondiale
Dans ces siècles reculés, tous les États, à commencer par les deux précités, eurent à cœur d’ériger des barrières douanières à leurs frontières pour protéger leurs producteurs nationaux contre une concurrence trop agressive et aussi éviter qu’un excès d’importations ne se solde par une diminution de la quantité de monnaie disponible dans le pays (Richesse des Nations, Adam Smith).
Le libre-échange n’était jamais pratiqué que dans un objectif de domination, par exemple quand Napoléon Ier permit aux produits français d’inonder l’Europe continentale, protégée de la concurrence anglaise par le Blocus continental.
Mais la Première Guerre mondiale entraîna un brutal appauvrissement des grands pays européens, du fait des destructions et des dettes. La France et la Grande-Bretagne n’eurent plus assez de réserves métalliques pour garantir le cours de leur monnaie. Elles furent obligées de revoir à la baisse la contrepartie en or de celle-ci
C’est ainsi qu’en 1928, le président du Conseil Raymond Poincaré ramena de 322,58 à 65,5 milligrammes d’or la valeur officielle du franc Germinal, qui n’avait pas changé depuis sa création par le Premier Consul Bonaparte en 1803. De cette première dévaluation, il s’ensuivit un redressement rapide de l’économie française.
Les droits de douane ne suffisant plus toujours à préserver l’équilibre monétaire entre importations et exportations, la France allait dès lors enchaîner les dévaluations pendant six décennies. C’est ainsi qu’entre 1949 et 1999, le franc allait perdre les deux tiers de sa valeur par rapport au mark. Cette politique du franc « juste » allait être profitable à la France en préservant l’équilibre de la balance commerciale, autrement dit en protégeant les industriels contre leurs concurrents allemands et en dissuadant les citoyens de trop acheter de produits étrangers.
Mais il est à noter qu’en 1971, le renoncement du président Nixon à soutenir le cours du dollar, initialement fixé à 35 dollars l’once d’or fin, avait complètement libéré les monnaies de l’« étalon-or ». Désormais, les monnaies allaient « flotter ». C’est-à-dire que leur cours allait s’ajuster au jour le jour essentiellement en fonction de la balance commerciale de chaque zone monétaire.
Si l’Angleterre, par exemple, importe plus qu’elle n’exporte, ses fournisseurs se retrouvent avec un excédent de livres sterling dont ils n’ont que faire dans leur pays. Par l’intermédiaire des banques, ils vont se résigner à échanger ces livres sterling contre leur monnaie à un cours plus bas qu’au moment où ils les ont acquises. Ainsi se rétablit naturellement l’équilibre entre importations et exportations, les premières devenant plus chères et les secondes moins chères.
Avec les « changes flottants », les dévaluations ne sont plus utiles, sauf quand une banque centrale d’un pays a trop longtemps tenté de soutenir le cours de sa monnaie pour des raisons politiques. Les droits de douane eux-mêmes ne sont plus utiles sauf pour protéger une industrie naissante ou au contraire une industrie vieillissante.
Les monnaies fluctuent entre elles à notre insu. Ainsi, même si l’on ne parle plus de dévaluation ou de réévaluation, la monnaie de la France (l’euro) n’en finit pas de faire le yoyo avec les autres monnaies de la planète, dollar, yen, renminbi. Son cours par rapport au dollar fluctue parfois en quelques mois de plus de 10% (-24% entre janvier 1999 et mai 2000). Il vaut aujourd’hui 1,13 dollar au lieu de 1,59 en avril 2008… Tout cela afin de maintenir bon an mal an l’équilibre de la balance commerciale de la zone euro avec le reste du monde. Qui en parle ? Personne. Et c’est tant mieux.
Si des esprits aussi affûtés que le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz (Comment l'euro menace l'avenir de l'Europe) ont pu émettre les plus grandes réserves sur la pertinence de la monnaie unique, c'est que celle-ci a supprimé les régulations naturelles à l'intérieur de la zone euro et de ce fait amplifié la guerre commerciale entre les nations qui la composent.
Toutes les nations souveraines sont en conflit commercial les unes avec les autres et c’est bien normal ; aucune n’est prête à sacrifier le bien-être de ses habitants au profit de tels autres. Quand la guerre redouble de violence comme c’est le cas aujourd’hui entre les États-Unis et la Chine, les deux adversaires usent des mêmes armes : une monnaie et des outils réglementaires (normes, droits de douane etc.). Chacun peut ainsi simultanément se défendre et attaquer, de façon à arriver à un compromis admissible.
À l’intérieur de la zone euro, rien de tel. Avec la suppression des monnaies nationales et des outils réglementaires, les différents États perdent les armes qui leur permettraient sinon d’attaquer du moins de se défendre face à une attaque agressive de tel ou tel de leurs partenaires. Or, les nations étant ce qu’elles sont, elles n’ont pas les mêmes comportements en matière économique. Les Pays-Bas, depuis quatre siècles, et l’Allemagne, depuis deux siècles, ont par exemple fait de l’exportation un impératif national. Tout le contraire de la France ou de l’Italie. Pour les Français qui ont des revenus élevés, acheter une BMW ou une Mercedes relève de la bienséance ; pour les Allemands, cela relève du devoir civique. De la même façon, la grande distribution a convaincu les Français à revenus modestes d’acheter à moindre prix des produits de provenance chinoise ou allemande. Tant pis s’il s’ensuit du chômage pour leurs enfants ou petits-enfants, du fait de l’absence de débouchés pour les entreprises nationales.
Ces différences nationales et quasiment anthropologiques ne sont pas nouvelles. Mais avant 1999, elles étaient tempérées par la monnaie : la réévaluation régulière du mark limitait les possibilités d’exportation des Allemands tandis que la dévaluation du franc et de la lire dissuadait les Français et les Italiens de trop consommer de produits étrangers.
Avec la disparition du bouclier monétaire, les pays « cigales » perdent leurs défenses naturelles face aux pays « fourmis ». Leurs gouvernements tentent de freiner l’appauvrissement inéluctable et prévenir les révoltes (« Gilets jaunes ») en empruntant aux « fourmis » leurs surplus monétaires et en le redistribuant sous forme d’embauches, d’aides sociales et de commandes d’entreprises. Mais cet endettement croissant a des limites… Il s’ensuit ce qu’ont observé les économistes du CEP, une perte de substance des « cigales » au profit des « fourmis ».
Ce dilemme a été entrevu en 2015 par Joseph Savès dans son analyse : L’Europe à l’épreuve de la monnaie unique. L’auteur en a conclu à l’urgence de convertir la monnaie unique en une monnaie « commune » , adossée à des monnaies nationales à usage proprement interne, ajustables les unes par rapport aux autres. Ainsi l’Union européenne serait-elle conforme à sa belle devise : « Unie dans la diversité"....
Cette étude empirique démontre qu’en vingt ans, la monnaie unique a fait perdre à chaque Français environ cinquante mille euros, soit 10% de leur revenu. Mais ne nous plaignons pas, les Italiens ont encore plus perdu que nous. Selon cette même analyse, les Allemands et les Néerlandais sont les seuls Européens qui ont tiré un franc profit de l’euro avec un gain par habitant de plus de vingt mille euros.
En conformité avec les thèses « ordo-libérales » de l’école de Fribourg, les auteurs ont comparé les pays de la zone euro à des pays similaires étrangers à cette monnaie et en ont déduit ce qu’aurait été leur produit intérieur brut en l’absence de monnaie unique. La méthode est simple et réputée valide.
La conclusion qu’en tirent les auteurs est quant à elle abrupte : « Pour bénéficier de l'euro, la France doit poursuivre sur la voie des réformes engagées par le Président Macron. » La plupart des Français rejoignent cette conclusion, par attachement à la monnaie unique, soit parce qu’ils partagent les convictions néolibérales du président, soit parce qu’ils se félicitent de pouvoir emprunter de grosses sommes à des taux très bas, soit parce qu’ils pensent que son abandon porterait atteinte à leur patrimoine, soit enfin parce qu’en raison de leur âge, ils n’ont jamais connu que la monnaie unique.
Il est permis toutefois de s’interroger sur les résultats de l’euro, si contraires aux espoirs qu’avaient placés en lui ses concepteurs.
Quand fut signé le traité de Maastricht, en 1992, on annonça aux Européens un horizon de prospérité qui verrait les pays les plus pauvres rattraper les plus riches. C’est le contraire qui se produisit, dans un contexte plus explosif que n’en avait jamais connu le projet européen. Précisons d'abord que la monnaie unique n'est pas une nouveauté. Jusqu'au XIX° siècle, toutes les monnaies avaient une valeur à peu près stable, liée à leur poids en or.
Les souverains, pour leurs besoins et leurs plaisirs, imposaient leurs sujets et, mieux encore, taxaient les commerçants aux péages et aux frontières. C’est ainsi que le calife de Bagdad fonda sa richesse sur la taxation du commerce caravanier entre Orient et Occident (cf Gabriel Martinez-Gros).
Au XVIIe siècle, autour de la mer du Nord, des gouvernants comprirent qu’ils avaient plus à gagner en encourageant la création de richesses par leurs propres sujets. Les Néerlandais furent les premiers à agir en ce sens. Par des règlements très protectionnistes, ils assurèrent le succès de leurs marchands et de leurs armateurs dans les foires et sur les mers. Mais ils durent très vite compter avec la concurrence anglaise. Avec l’Acte de navigation de 1651, Cromwell entama une politique protectionniste qui ne prit fin que deux siècles plus tard, quand l’Angleterre eut acquis une suprématie incontestée sur l’économie mondiale
Dans ces siècles reculés, tous les États, à commencer par les deux précités, eurent à cœur d’ériger des barrières douanières à leurs frontières pour protéger leurs producteurs nationaux contre une concurrence trop agressive et aussi éviter qu’un excès d’importations ne se solde par une diminution de la quantité de monnaie disponible dans le pays (Richesse des Nations, Adam Smith).
Le libre-échange n’était jamais pratiqué que dans un objectif de domination, par exemple quand Napoléon Ier permit aux produits français d’inonder l’Europe continentale, protégée de la concurrence anglaise par le Blocus continental.
Mais la Première Guerre mondiale entraîna un brutal appauvrissement des grands pays européens, du fait des destructions et des dettes. La France et la Grande-Bretagne n’eurent plus assez de réserves métalliques pour garantir le cours de leur monnaie. Elles furent obligées de revoir à la baisse la contrepartie en or de celle-ci
C’est ainsi qu’en 1928, le président du Conseil Raymond Poincaré ramena de 322,58 à 65,5 milligrammes d’or la valeur officielle du franc Germinal, qui n’avait pas changé depuis sa création par le Premier Consul Bonaparte en 1803. De cette première dévaluation, il s’ensuivit un redressement rapide de l’économie française.
Les droits de douane ne suffisant plus toujours à préserver l’équilibre monétaire entre importations et exportations, la France allait dès lors enchaîner les dévaluations pendant six décennies. C’est ainsi qu’entre 1949 et 1999, le franc allait perdre les deux tiers de sa valeur par rapport au mark. Cette politique du franc « juste » allait être profitable à la France en préservant l’équilibre de la balance commerciale, autrement dit en protégeant les industriels contre leurs concurrents allemands et en dissuadant les citoyens de trop acheter de produits étrangers.
Mais il est à noter qu’en 1971, le renoncement du président Nixon à soutenir le cours du dollar, initialement fixé à 35 dollars l’once d’or fin, avait complètement libéré les monnaies de l’« étalon-or ». Désormais, les monnaies allaient « flotter ». C’est-à-dire que leur cours allait s’ajuster au jour le jour essentiellement en fonction de la balance commerciale de chaque zone monétaire.
Si l’Angleterre, par exemple, importe plus qu’elle n’exporte, ses fournisseurs se retrouvent avec un excédent de livres sterling dont ils n’ont que faire dans leur pays. Par l’intermédiaire des banques, ils vont se résigner à échanger ces livres sterling contre leur monnaie à un cours plus bas qu’au moment où ils les ont acquises. Ainsi se rétablit naturellement l’équilibre entre importations et exportations, les premières devenant plus chères et les secondes moins chères.
Avec les « changes flottants », les dévaluations ne sont plus utiles, sauf quand une banque centrale d’un pays a trop longtemps tenté de soutenir le cours de sa monnaie pour des raisons politiques. Les droits de douane eux-mêmes ne sont plus utiles sauf pour protéger une industrie naissante ou au contraire une industrie vieillissante.
Les monnaies fluctuent entre elles à notre insu. Ainsi, même si l’on ne parle plus de dévaluation ou de réévaluation, la monnaie de la France (l’euro) n’en finit pas de faire le yoyo avec les autres monnaies de la planète, dollar, yen, renminbi. Son cours par rapport au dollar fluctue parfois en quelques mois de plus de 10% (-24% entre janvier 1999 et mai 2000). Il vaut aujourd’hui 1,13 dollar au lieu de 1,59 en avril 2008… Tout cela afin de maintenir bon an mal an l’équilibre de la balance commerciale de la zone euro avec le reste du monde. Qui en parle ? Personne. Et c’est tant mieux.
Si des esprits aussi affûtés que le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz (Comment l'euro menace l'avenir de l'Europe) ont pu émettre les plus grandes réserves sur la pertinence de la monnaie unique, c'est que celle-ci a supprimé les régulations naturelles à l'intérieur de la zone euro et de ce fait amplifié la guerre commerciale entre les nations qui la composent.
Toutes les nations souveraines sont en conflit commercial les unes avec les autres et c’est bien normal ; aucune n’est prête à sacrifier le bien-être de ses habitants au profit de tels autres. Quand la guerre redouble de violence comme c’est le cas aujourd’hui entre les États-Unis et la Chine, les deux adversaires usent des mêmes armes : une monnaie et des outils réglementaires (normes, droits de douane etc.). Chacun peut ainsi simultanément se défendre et attaquer, de façon à arriver à un compromis admissible.
À l’intérieur de la zone euro, rien de tel. Avec la suppression des monnaies nationales et des outils réglementaires, les différents États perdent les armes qui leur permettraient sinon d’attaquer du moins de se défendre face à une attaque agressive de tel ou tel de leurs partenaires. Or, les nations étant ce qu’elles sont, elles n’ont pas les mêmes comportements en matière économique. Les Pays-Bas, depuis quatre siècles, et l’Allemagne, depuis deux siècles, ont par exemple fait de l’exportation un impératif national. Tout le contraire de la France ou de l’Italie. Pour les Français qui ont des revenus élevés, acheter une BMW ou une Mercedes relève de la bienséance ; pour les Allemands, cela relève du devoir civique. De la même façon, la grande distribution a convaincu les Français à revenus modestes d’acheter à moindre prix des produits de provenance chinoise ou allemande. Tant pis s’il s’ensuit du chômage pour leurs enfants ou petits-enfants, du fait de l’absence de débouchés pour les entreprises nationales.
Ces différences nationales et quasiment anthropologiques ne sont pas nouvelles. Mais avant 1999, elles étaient tempérées par la monnaie : la réévaluation régulière du mark limitait les possibilités d’exportation des Allemands tandis que la dévaluation du franc et de la lire dissuadait les Français et les Italiens de trop consommer de produits étrangers.
Avec la disparition du bouclier monétaire, les pays « cigales » perdent leurs défenses naturelles face aux pays « fourmis ». Leurs gouvernements tentent de freiner l’appauvrissement inéluctable et prévenir les révoltes (« Gilets jaunes ») en empruntant aux « fourmis » leurs surplus monétaires et en le redistribuant sous forme d’embauches, d’aides sociales et de commandes d’entreprises. Mais cet endettement croissant a des limites… Il s’ensuit ce qu’ont observé les économistes du CEP, une perte de substance des « cigales » au profit des « fourmis ».
Ce dilemme a été entrevu en 2015 par Joseph Savès dans son analyse : L’Europe à l’épreuve de la monnaie unique. L’auteur en a conclu à l’urgence de convertir la monnaie unique en une monnaie « commune » , adossée à des monnaies nationales à usage proprement interne, ajustables les unes par rapport aux autres. Ainsi l’Union européenne serait-elle conforme à sa belle devise : « Unie dans la diversité"....
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