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lundi 6 septembre 2021

Zig zag politico-industriel

Après la vente, le rachat

                      L'affaire Alstom est emblématique de la politique industrielle de la France ces dernières années. Ce fleuron de la production de turbines, essentielles aux centrales, donc hautement stratégiques, fut concédé à la puissante Général Electrique, contre des promesses qui ne furent pas tenues, et nous rendîmes dépendant d'une multinationale qui souvent n'a que faire des intérêts nationaux. E. Macon fut le maître d'oeuvre de cette tractation, dans le pur esprit de la mondialisation à tout va, qui passa inaperçue à l'époque mais qui suscita la réprobation de certains. Comment était-il possible de se rendre aussi dépendant d'un secteur d'activité en le laissant au bon vouloir de fonds apatrides? Ce scandale d'Etat ne manque pas de faire du bruit, à l'heure où il est question de recours au bercail. Une guerre économique sur fond de corruption. Le ministre de l'industrie de l'époque a été sommé de lâcher du lest sur cette affaire qu'il jugeait périlleuse.                                                                        L'opération n'avait pas obtenu le succès escompté et de forts soupçons continuent à peser....Les pressions américaines firent le reste. La fibre industrielle semble avoir disparu der Bercy, à l'heure où paradoxalement on reparle de souveraineté économique.                 L'affaire Alstom n'a pas fait grand bruit à l'époque. Qui se rappelle de l'abandon à Général Electric des trois quarts de son activité la plus sensible, celle qui concerne l'énergie, décisive pour les intérêts nationaux , pour les centrales nucléaires en priorité? 

                            Un document télévisé de LCP nous rappelle utilement les données d'un dossier peu glorieux pour notre indépendance énergétique, dans un secteur-clé.
        Une véritable affaire d’État, que décrit par le menu le livre de JM Quatrepoints. C'était l'époque ou Montebourg et un certain Macron étaient à la manoeuvre, sous l'arbitrage d'un Président -on va dire- sans doute mal informé ou peu combatif. On n'ose dire indifférent...
      Notre classe dirigeante, tant au niveau des grandes entreprises que de la haute administration, a joué les autruches. Les États- Unis imposent au monde occidental de nouvelles normes dans le droit des affaires, découlant directement d’une évolution récente du Droit américain. Comme la première puissance mondiale contrôle, à travers sa monnaie, l’ensemble des transactions internationales, elle impose ses normes juridiques. Des entreprises comme Alstom n’ont pris conscience que très tardivement de cette évolution, impulsée il y a plus d’une décennie déjà et qui bouleverse certaines de leurs méthodes commerciales.
     L’État a sa part de responsabilité dans cet aveuglement. N’ayant pas vu venir l’offensive judiciaire américaine, il n’a pas vraiment adapté notre droit à ce nouveau paradigme. Il n’a pas su, non plus, élaborer, de concert avec les entreprises, une stratégie globale pour s’adapter à cette nouvelle donne de la guerre économique. Un État qui ne veut plus, ne peut plus jouer son rôle de stratège, d’arbitre, de fédérateur des intérêts de l’entreprise France. Au colbertisme si décrié depuis vingt ans, pourtant synonyme de la grandeur de la France, a succédé le laissez- faire total. Les Allemands chassent en meute. C’est leur force. Aux États- Unis, ce qui est bon pour les entreprises est bon pour le pays et vice- versa. Dans ses fonctions de secrétaire d’État, de 2009 à 2013, Hillary Clinton n’hésitait pas à peser de  tout son poids pour que les grandes entreprises américaines obtiennent des contrats. General Electric en a largement profité. En France, nos managers, sortis des grandes écoles de la République, ont par trop considéré les entreprises comme leur propriété personnelle, alors qu’ils n’en sont que des salariés mandataires. À l’image de Patrick Kron, ils détestent généralement l’État, oubliant tout ce qu’il a fait pour eux et pour l’entreprise qu’ils dirigent. Sans l’État, Alstom, société anonyme à l’actionnariat privé, serait mort en 2004. Sans les coups de pouce de la Coface et les commandes publiques, l’entreprise ne se serait pas maintenue dans le peloton de tête des géants de la construction électrique.
      Voilà pourquoi, en négociant en catimini son accord avec General Electric, Patrick Kron a une responsabilité, au moins morale. Il a voulu mettre tout le monde devant le fait accompli. Il a finalement réussi. La préparation d’un accord a fuité. Le scoop de l’agence Bloomberg, le 23 avril 2014, n’a fait que repousser l’échéance....

     Une guerre-fantôme entre géants, où les responsables furent pris de court et lâchèrent prise assez vite sur cet épineux dossier, complexifié à souhait, dont on ne connaît pas encore sans doute toutes les ficelles.
       Un vrai scandale d'Etat, dont l'historique est parfaitement décrit par  Jean-Michel Quatrepoint, qui n'est pas tendre ni sur la direction du groupe ni sur le laisser-aller de l'Etat. Une vente "forcée" pour un plat de lentilles. le couteau sous la gorge, intimidé par le chantage et les énormes pressions américaines.
          Un exemple de plus de la  guerre économique livrée par les USA, aux moyens considérables et aux énormes pressions judiciaires, qui nous ont fait capituler plusieurs fois, notamment dans nos investissements en Iran.
      L'espionnage industriel joue là-bas un rôle crucial, largement encouragé en sous-main, et on sait bien que la NSA ne sert pas qu'à surveiller les terroristes ... Les USA ne sont pas les seuls à ce jeu-là, sauf que leurs moyens sont peu équivalents ailleurs. (*)
       Les lobbies savent y faire en matière de chantage et de pressions.
              On parlera après cela de déclin industriel, comme d'une fatalité....__
                      L'histoire continue...et Siemens a gagné une autre bataille.__
Et demain?...__
       (*) "Parmi les industries ciblées figurent l’aéronautique, l’énergie, les télécoms, le spatial, la robotique et la pharmacie. Des secteurs hautement stratégiques de par leur potentiel d’emplois et d’exportation. Jean-Marie Bockel, sénateur (UDI) du Haut-Rhin et auteur d’un rapport sur la cyberdéfence en 2012, estime le coût pour l’économie française entre 3 et 5 milliards d’euros par an.
     Dans un contexte global de guerre économique, tout le monde espionne tout le monde, y compris entre pays occidentaux pourtant alliés. La France fait partie du club des grandes puissances aux côtés des États-Unis, de la Russie, du Royaume-Uni, de la Chine et d’Israël. Selon Robert Guillaumot, la différence réside dans les moyens. "Le rapport est de 1 à 100 en faveur des États-Unis", précise-t-il.
    L’espionnage américain mobilise 14 agences gouvernementales, dont la NSA. L’avance de cette agence dans les moyens se double d’une supériorité technologique. Maîtres incontestables de l’informatique et de l’internet, les États-Unis disposent de capacités uniques de collecte et de traitement des données. "Ils ramassent tout ce qui passe, explique Robert Guillaumot. Ils ont des outils de traitement assez puissants pour analyser ce gigantesque gisement de données et en extraire en un temps record l’information utile au décideur. Et plus le volume de données est important, plus le résultat est pertinent. La France, qui ne dispose pas de ces capacités technologiques, privilégie une démarche sélective de stockage et de traitement des données."
     Le développement des technologies de l’information et de la communication démultiplie les cibles de collecte de données jusque dans la poche des dirigeants et des cadres d’entreprise, tous équipés de smartphones. Les systèmes d’exploitation de ces appareils (iOS, Android et Windows Phone) sont à 95% américains. Comme ceux des micro-ordinateurs ou des serveurs. Les États-Unis dominent aussi en matière de microprocesseurs, de logiciels applicatifs, d’internet et de services de cloud computing. Autant de monopoles exposant les entreprises françaises à des risques d’espionnage accrus puisque les entreprises américaines dans ces domaines sont suspectées d’offrir une porte dérobée à la NSA.
      Outre-Atlantique, gouvernement et entreprises sont soupçonnés de travailler la main dans la main. L’Advocacy Center se présente comme l’avocat des entreprises de l’oncle Sam à l’export. Selon Bernard Carayon, il va jusqu’à leur fournir des informations leur permettant de remporter des contrats ou des appels d’offres sur leurs concurrents étrangers...."   ________________________

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