Un homme meurt en plein Paris
Seul, blessé, livré à lui-même...Dans des circonstances encore mal définies Ce qui est sûr, c'est que nombre de passants ne se sont pas arrêtés, ne serait-ce que pour s'enquérir de l'état de santé de l'homme étendu. Effrayant! ...ou révélateur d'une époque où l'indifférence devient la règle, l'attention à l'autre s'émousse, les exclus ne sont pas vus. Surtout dans les grandes villes où ils sont légion, livrés à eux-mêmes, victimes d'exclusions diverses, dormant parfois à même le sol...Pas seulement des clochards. Maintenant des jeunes aussi. Bien visibles, mais ignorés. L'indifférence qui fait qu'une personne âgée peut décéder sans que ses voisins s'inquiètent de son absence anormalement longue...La solidarité n'a jamais été une valeur phare en ville, mais cela s'aggrave, même dans nos villages.....L'individualisme "moderne" est renforcé par les valeurs marchandes dont nous sommes devenus les victimes...et les complices. Tout à l'égo...
Point de vue sur ce fait divers, présenté anonymement sur FB par M.Chillaud, qui peut être médité et discuté, montrant toute l'ambiguïté que soulève ce problème:
"......J'ai fait la réponse suivante, que je vous partage ici :
"Honte ? Sans doute un peu. Indifférence ? Aussi sans doute un peu. Mais pas tant que ça.
Quiconque vit à Paris sait pourquoi personne ne s'est arrêté. Des hommes qui gisent par terre, il y en a juste trop.
Et on va faire quoi ?
Leur demander s'ils vont bien ? "Oui bien sûr connard. Je dors dehors, il fait -1°C, ça va super"
Appeler le 115 ? J'y ai travaillé, je sais très exactement à quel point c'est inutile. Sans parler des heures d'attente pour que quelqu'un décroche.
Appeler les pompiers ou le Samu ? Le Samu ne se déplacera que s'il y a un risque médical et nous demandera d'appeler le 115. Les pompiers, peut-être qu'ils viendront. Ou pas, s'ils en ont un peu marre de ramasser des mecs de la rue. Et s'ils viennent, ils l'emmèneront à l'hôpital si c'est nécessaire, sinon ils le laisseront là.
Ce n'est pas une question d'indifférence, c'est une question de sentiment d'impuissance.
Impuissance voulue par les gouvernements.
Le Budget Opérationnel de Programme qui finance l'hébergement et le logement d'insertion est financé à hauteur de 2 Md € chaque année. D'après mon évaluation, pour éradiquer le sans abrisme il "suffirait" de 2 à 4 milliards de plus.
C'est l'équivalent de la baisse de recettes due à la réforme de l'ISF (enfin, sa transformation en IFI).
C'est 10%-20% de ce que coûte chaque année la réduction de cotisations patronales sur le chômage au nom de la compétitivité qui doit permettre de créer des emplois... Mais qui n'en crée pas (les études les plus optimistes évaluent à 100 000 emplois créés/sauvés, pour les autres c'est zéro. Aucun. Nib).
C'est 10%-20% de la réduction prévue de l'Impôt sur les Sociétés. Y compris celles du CAC 40. Parce qu'elles ne sont que championnes d'Europe des dividendes. Faut faire mieux...
Et pourtant la loi est claire : "toute personne sans abri en situation de détresse physique, sociale ou psychologique, a accès à tout moment à un dispositif d'hébergement d'urgence". Article 345-2-2 du Code de l'action sociale et des familles.
Le vrai coupable dans cet affaire, celui dont la responsabilité est indubitable, c'est l'Etat.
Alors oui, ça ne nous dédouane pas de nos petites lâchetés.
Mais celle de ne pas s'arrêter voir tous les hommes à la rue n'est pas pire que celle de ne pas s'intéresser à la politique, de voter sans savoir, de laisser faire plutôt que de militer.
Tous les abandonnent : certains en ne s'arrêtant pas, d'autres en ne faisant rien pour qu'ils n'y soient pas.
Alors ne soyons pas trop prompts à condamner les autres. Qui peut dire qu'il s'arrête voir tous les SDF et milite activement pour un monde meilleur ? Pas moi en tout cas." ______________
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