__ Révélateur
__ Tour de vis
__ On débaptise
__ GNL en question
__ Débat impossible
__ Comment l'arrêter?
__ Escalade périlleuse
__ Inégalités sociales
__ Feu le plan Borloo
__ Peut-on s'y fier?
__ Montée bolloréenne
__ Armes condamnées
__ Enfin! Mais comment?
__ Pénuries de médicaments
__ Tripatouillage des notes du Bac
________ Revue de presse ___________________
* Tenter de comprendre, malgré tout
Des événements multifactoriels qui demandent interprétation. Les voix sont multiples. Sur le groupe d'échanges Au coeur de la philo, j'ai relevé des éléments de réflexion à prendre en compte, me semble-t-il, A propos de la police et des émeutes, notamment le cas de la BRAV-M:
Point de vue: " D’ordinaire, je préfère m’abstenir de réagir immédiatement lorsque surviennent des événements tragiques ou non dans l’actualité. Je considère que cette impulsion à réagir instantanément est l’une des plaies de notre société contemporaine. Qui plus est dans le domaine médiatique, où des journalistes vont souvent inviter à la télévision des « personnalités publiques” qui vont s’empresser de nous délivrer des clichés à foison, des généralisations abusives, des fantasmes voire des contre-vérités, au lieu d’inviter des chercheurs ayant consacré leur vie à l’étude de certaines réalités territoriales, les membres d’associations, les habitants et les jeunes qui y résident. Cela semble être d’ailleurs, hélas, la dure et triste loi immuable de l’espace médiatique. Chaque fois que des problématiques touchant les quartiers populaires sont en effet placées sur le devant de scène; les principaux concernés (jeunes, bénévoles, chercheurs etc.) sont presque toujours négligés ou boudés par les grands médias nationaux alors que ces derniers me semblent au contraire plus qu’essentiels pour comprendre ce qui se passe (et ainsi participer à trouver donc des solutions durables pour que ce genre d’événements ne survienne plus dans l’avenir ) Pierre Bourdieu disait d’ailleurs déjà de son temps : “Le problème que je pose en permanence est celui de savoir comment faire entrer dans le débat public cette communauté de savants qui a des choses à dire sur la question arabe, sur les banlieues, le foulard islamique… Car qui parle (dans les médias) ? (…) Ce sont des sous-philosophes qui ont pour toute compétence de vagues lectures ! (…) Ce sont des demi-savants pas très cultivés qui se font les défenseurs d’une culture qu’ils n’ont pas, pour marquer la différence d’avec ceux qui l’ont encore moins qu’eux. Ces gens-là s’approprient l’espace public et en chassent ceux qui ont des choses à dire. Avant de parler du «mal des banlieues», avant de proférer toutes ces conneries qu’on entend chez les intellectuels français, il faut d’abord y aller! Ceux qui portent ainsi des verdicts font du mal parce qu’ils disent des choses irresponsables. Et, en même temps, ils découragent l’intervention des gens qui sont sur le terrain, qui travaillent et qui ont des choses à dire. Actuellement, un des plus grands obstacles à la connaissance du monde social, ce sont eux. Ils participent à la construction de fantasmes sociaux qui font écran entre une société et sa propre vérité.». En soi, cela ne me gène guère que la vox populi s’empare de ce genre de sujets et que chacun y aille de son commentaire sur les réseaux sociaux. Cela fait partie du jeu démocratique, je présume. Ce qui m’ennuie davantage, c’est que des journalistes, qui plus est du service public, qui sont censés nous éclairer et nous informer au mieux, contribuent et continuent au contraire à véhiculer des préjugés, des contre-vérités et des commentaires absurdes. Des commentaires dignes des conversations de comptoir, quand bien même ces commentaires seraient revêtus de l’étiquette “philosophique” (cf BHL, Enthoven et cie). Quoi qu’il en soit, et pour en revenir au sujet de cet article, je souhaite simplement énoncer quelques points – nullement à titre d’expertise, j’en conviens – mais à titre d’opinion. De nos jours, dès qu’il est question de police dans le débat public, les esprits s’enflamment assez rapidement. Dès lors que vous remettez en question la doctrine actuelle de maintien de l’ordre, les faits de racisme abondamment documentés et étayés, ainsi que l’utilisation de certaines armes (LBD, grenades, Flash-ball), vous êtes immédiatement dépeint comme un militant « anti-flic ». Avant d’aborder la question épineuse de la police, je souhaite d’abord rappeler quelques chiffres. La France se situe « dans le tiers inférieur de l’Union européenne pour la qualité de la relation entre la police et la population, et en matière de discriminations ethniques, nous sommes le dernier pays de l’UE », comme l’a récemment affirmé le criminologue Sebastian Roché. Selon un sondage (Opinionway) publié en 2020, près de 80% des jeunes estimaient que les « violences policières » étaient une réalité. Ils considéraient également que les bavures policières de certains agents étaient souvent couvertes par la hiérarchie. Un tiers des 18-30 ans ont même avoué avoir déjà ressenti de l’inquiétude pour leur sécurité en présence des forces de l’ordre, ce sentiment d’inquiétude étant particulièrement prononcé lors de manifestations. Dans un sondage récent (Yougov), un peu plus de 7 Français sur 10 estiment qu’il y a du racisme au sein de la police. A l’évidence, un malaise s’est installé entre la police et le reste de la population. Un malaise ne datant d’ailleurs pas d’aujourd’hui, pour être tout à fait honnête. Sans même évoquer les événements liés aux gilets jaunes (mains arrachées, nombre d’éborgnés et de blessés parmi les manifestants, etc.), nous nous souvenons tous des émeutes de 2005 qui ont éclaté dans les banlieues françaises suite à la mort de deux adolescents. Ces événements avaient déjà mis en lumière un certain nombre de pratiques problématiques, le racisme et les tensions entre la police française et certaines catégories de la population. Déjà dans les années 80, Coluche dénonçait les violences policières, notamment à l’égard des Français « de couleur » (bien que je n’apprécie pas cette expression). De manière plus générale, de nombreux rapports ont été rédigés par le passé par des ONG et des associations telles que l’ACT (Action Chrétienne contre la Torture), Amnesty International, le Défenseur des Droits (institution française !), ainsi que d’autres organismes (français et internationaux !), qui ont constaté – et continuent de constater – de nombreux abus en termes de violences disproportionnées et de discrimination de la part de la police française. De nombreux sociologues ont également souligné le manque de formation des policiers (que ces derniers reconnaissent d’ailleurs). La formation initiale des policiers français dure seulement 8 mois, contrairement à leurs homologues allemands (2 ans et demi) ou scandinaves, qui sont d’ailleurs sensibilisés aux questions relatives aux libertés fondamentales, aux droits de l’homme, aux violences faites aux femmes, aux questions éthiques, aux discriminations, et bien d’autres sujets. Alors oui, les policiers exercent un métier extrêmement difficile, pénible et dangereux, mais cela signifie-t-il que nous devons fermer les yeux sur un certain nombre de pratiques ? C’est peut-être triste, mais de mon point de vue, les policiers ne sont malheureusement pas des fonctionnaires comme les autres. Les policiers sont dotés d’armes létales, ce qui leur confère le pouvoir d’ôter des vies. Partant de là, questionner un certain nombre de pratiques, remettre en cause la doctrine en matière de maintien de l’ordre, s’alarmer des bavures policières, tout cela ne relève en aucun cas d’une position « anti-flic ». Bien au contraire. Le contrôle rigoureux de ceux qui détiennent le « monopole de la violence légitime » me semble être le minimum à accomplir au sein d’un État se prétendant « démocratique ». Dans un État démocratique, une fois encore, il n’est pas normal que des citoyens – ou plutôt certaines catégories de la population – ressentent de la PEUR, de l’INQUIÉTUDE face aux policiers, qui sont, après tout, des agents censés assurer notre protection. Quant aux émeutes survenues il y a quelques jours, évidemment, comme tout le monde, je suis par principe hostile aux violences, aussi bien les atteintes aux personnes que les dommages matériels d’ailleurs. Cependant, je trouve assez risible et hypocrite tous les discours que nous avons entendus ici et là, en particulier de la part de certains politiques émanant du pouvoir. Nelson Mandela disait autrefois : « Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c’est l’oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l’opprimé d’autre recours que d’utiliser les méthodes qui reflètent celles de l’oppresseur. » J’ose affirmer que c’est le pouvoir actuel qui, par ses mesures – ou son inaction – passée, ainsi que par son attitude, porte une part de responsabilité quant aux violences perpétrées. Bien sûr, les responsabilités gouvernementales ne justifient en aucun cas les actes de violence ou les pillages, mais je constate – avec un sourire teinté d’amertume – que quel que soit le moyen utilisé par les manifestants par le passé pour faire entendre leur voix, ceux-ci ont toujours été diabolisés par l’espace politico-médiatique d’une part, et réduits au silence ou ignorés par le pouvoir d’autre part. Le pouvoir s’étonne aujourd’hui que des personnes en viennent à la violence, au lieu d’engager le dialogue… Pour ma part, je n’ai pas oublié… Lorsque des salariés et des syndicats ont décidé de faire grève, qu’ai-je entendu de la part de certains ? Les grévistes étaient littéralement comparés à des terroristes qui prenaient en otage la population française. Lorsque des millions de Français ont pacifiquement manifesté dans les rues pendant plusieurs mois contre un projet de loi rejeté par la majorité de la population, quel a été le résultat ? Des coups de matraque à foison et le mépris du gouvernement, affichant un mépris style -« Cause toujours, tu m’intéresses ! » Lorsque des protestataires ont recouru à des casserolades, là encore, ils ont été traités de tous les noms, accusés de populisme, de violence verbale, de sortir de « l’arc républicain ». Lorsque des mouvements écologistes se sont mobilisés – et continuent de se mobiliser – pour nous alerter sur le péril imminent, un péril attesté par des scientifiques qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme, lorsque ces mouvements entreprennent des actions de désobéissance civile, ils sont comparés à des éco-terroristes, on utilise des lois issues de législations relatives à la lutte contre le séparatisme, et on cherche à dissoudre ces mouvements (en somme, à casser le thermomètre). Et ensuite, tout ce beau petit monde s’étonne du recours à la violence ou à des moyens plus musclés utilisés par certaines catégories de la population pour faire entendre leurs voix. Mais à qui la faute ?! Alors, à tous ces gouvernants, à tous ces esprits brillants qui prétendent tout savoir sur tout et connaître les meilleurs moyens de se faire entendre, j’ose poser ingénument la question : Puisque les manifestations pacifiques ne fonctionnent pas, que les grèves sont diabolisées, que les actes de désobéissance civile sont réprimés et diabolisés, que les alertes des scientifiques et des sociologues tombent dans l’indifférence générale, que même le parlement est piétiné à coups de 49.3, bref que rien ne semble fonctionner si ce n’est le – pour le pouvoir – le recours à la soldatesque et aux matraques, que faut-il donc faire pour que nos dirigeants entendent raison ? " ____________
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