Le mal-entendu.
Pas toujours facile de comprendre l'humour, dans son sens le plus profond.
Il peut prendre bien des formes, pas toujours saisissables d'une culture à l'autre, d'un individu à l'autre. " Si quelqu'un me demandait quelle est la cause la plus fréquente des malentendus entre mes lecteurs et moi, je n’hésiterais pas : l’humour.” , disait Kundera, dont on peut dire que certains épisodes de sa vie ne devaient pas le pousser vers l'euphorie. L'humour chez lui côtoie le plus grand sérieux et même souvent le tragique. Loin d'être une échappatoire, il est régulièrement un mode d'existence qui lui permet d'éviter l'accablement qui peut naître à la vue de l'histoire souvent tragique, il représente un pas de côté, un écart, une distance intérieure permettant de ne pas être happé par le pire ou l'insignifiant, de rester au dessus de la vague, de se situer "au dessus du destin" sur lequel on n'a pas de prise.
Car l'humour est libérateur, s'il n'est pas cynique ou blessant. Il rejoint la dérision relativiste sans entamer la capacité d'autodérision. Ne pas se prendre au sérieux, ne rien prendre (trop) au sérieux. Même la vie, passagère et aléatoire, jusqu'à son terme, qui ne représente rien. La prise de conscience de la fondamentale contingence des choses, de l'histoire et de soi-même peut être désencombrée de sa gravité habituelle, du sentiment paralysant du tragique ou du vide. La prise de conscience de l'in-signifiance des choses peut mener au mysticisme de Pascal ou au tragi-comique de Ionesco, comme au rire libérateur de Nietzche. Le dés-enchantement n'a pas forcément comme suite la paralysie de l'"aquoibonisme", mais peut être un stimulant vital. Même s'il le rire déclenché peut être parfois "jaune" Finalement, dire que le monde n'est pas sérieux ne retire rien à notre responsabilité, au contraire, cela la stimule dans le cadre de notre finitude. Le rire et ses avatars l'intéressent. Il arrive souvent que le comique et le tragique se rejoignent. " L'attitude face à la mort n'est pas un problème métaphysique, c'est une question existentielle. «Être mortel est l'expérience humaine la plus élémentaire, écrit-il dans son roman L'Immortalité (1990), et pourtant l'homme n'a jamais été en mesure de l'accepter, de la comprendre, de se comporter en conséquence. L'homme ne sait pas être mortel. Et quand il est mort, il ne sait même pas être mort. La mort ne change que les masques qui recouvrent nos visages.» Chez Kundera, La Plaisanterie annonce La légèreté de l'être.... ______________
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