Au nom de la légèreté
La légèreté de l'être, façon Kundera. Tout nous pousse à l'esprit de sérieux: l'image par trop positive que nous avons de nous-mêmes, la conscience de notre inévitable échéance, qui peut devenir une hantise et, aujourd'hui, les nuages immenses qui s'accumulent à notre horizon; une guerre en Europe, dont on voit mal l'issue et les graves problèmes que vont inévitablement générer l'évolution climatique, qui joue de plus en plus en notre défaveur. Bref tout nous pousse à l'esprit de sérieux permanent et même au pessimisme le plus noir. Il y a bien des raisons de devenir schopenhauerien. Même si nous avons tendance à surdramatiser. Plus ou moins, selon l'humeur du moment et notre réceptivité aux médias.
C'est là que l'humour peut venir nous sauver. Nous sauver de nous mêmes. Qu'il se manifeste par le rire, par une certaine dérision et autodérision, par la distance ironique que nous pouvons entretenir avec ce qu'on nous dit du monde tel qu'il va. Comme le disait un certain Abba Euloge: “Ne me parlez pas des moines qui ne rient jamais, ils ne sont pas sérieux.”. On se souvient du film Le nom de la rose, où un frère prêcheur plutôt sinistre rappelait que le rire est satanique, qu'il est à bannir, la vie devenant exercice ascétique et préparation à la mort et au jugement qui devrait suivre. Dès que la vie n'est plus vue ainsi, la mort perd sa connotation ascétique et l'esprit est libéré de son poids, disponible pour le Gai savoir. la création de soi et la distance par rapport à soi. La mort étant ramenée à la condition nécessaire à la vie, elle libère l'esprit et le rend disponible pour la vie hic et nunc. L'humour noir peut même librement s'exercer, à la Desproges ou non. C'est la meilleur des parades vis à vis de craintes qui récidivent. Mourir? Plutôt crever! ...disait l'autre. Contre l'adversité, il n'y a pas meilleur remède. Même si l'humour est noir. La philosophie n'a pas négligé cet aspect ludique de la vie, qui vient à sa rescousse. Même si la philosophie se doit d'être modeste et s'assigner des limites. Comme le disait Romain Gary:
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