Une sortie du pire?
Si la tendance se poursuit, il se pourrait bien que la Grèce nous étonne par sa remontée des enfers en cours. Relativement. Elle qui fut vilipendée, ostracisée, humiliée, sommée de se soumettre aux diktats d'une UE qui voulait la mettre à genoux pour ses écarts jugés non orthodoxes aux yeux du FMI, des banquiers du Nord de l'Europe, des pays qui la jugeaient comme un "paradis" de paresseux, tout juste bon à aller s'y faire bronzer, sans rigueur budgétaire aux yeux des normes de rigueur imposées par l'Allemagne notamment. Que faisait d'ailleurs ce pays sans le club des pays industrialisés? certains estimaient qu'on l'avait fait entrer par erreur ou par sentimentalisme. On fit tout pour précipiter sa chute, pour privatiser l'essentiel de ses infrastructures, au nom d'un libéralisme "bien compris", on installa la pauvreté jusqu'au coeur des hôpitaux. Merci Mr Shaüble! On voulut faire un exemple à destination des pays du Sud et ou n'y alla pas de main morte, dans le silence parfois embarrassé de la France notamment. Et puis, il fallait sauver quelques grandes banques "imprudentes"...sur les ruines d'un petit pays exsangue. ____Mais voici , nous dit-on, les signes d'un certain renouveau, après les effets dévastateurs de la crise de 2008 et les menaces de Bruxelles. si l'on en croit le Monde: Une-chance-de-"redemption"...
"...Malgré la terrible récession historique qu’elle a connue, la Grèce est aujourd’hui un pays stable, pro-européen. Alors que l’agence de notation américaine S&P a sorti la Grèce de son statut de junk bond (« obligation pourrie »), c’est-à-dire la catégorie la plus risquée, vendredi 20 octobre, symbole d’un vrai début d’amélioration, le constat mérite de s’y arrêter. Le choc économique a été exceptionnel, de quoi faire émerger les pires noirceurs de l’histoire : la chute du produit intérieur brut (PIB) de 28 % entre 2008 et 2016 a été de la même ampleur que la dépression américaine de 1929, mais elle a duré deux fois plus longtemps. Aujourd’hui encore, l’économie demeure 20 % au-dessous de son niveau de 2007. La population reste très largement plus pauvre qu’elle ne l’était il y a quinze ans, les services publics, en particulier les hôpitaux, sont exsangues et un demi-million d’habitants ont émigré. « Si je vous avais dit en 2008 que l’économie connaîtrait une telle chute, que notre politique s’approcherait du précipice [en flirtant avec la sortie de l’euro], mais que la société finalement tiendrait, ça aurait été dur à croire », témoigne Dimitri Papalexopoulos, le président du SEV, le patronat grec. A l’écouter, l’expérience de la Grèce est celle d’un pays qui a « essayé le populisme » et qui en est revenu. « Nous avons aujourd’hui l’un des premiers gouvernements postpopulistes, continue M. Papalexopoulos. Kyriakos Mitsotakis [l’actuel premier ministre de centre droit] a été élu en 2019 sur la base de sa compétence et réélu sur sa compétence. » Ce portrait flatteur du leader du gouvernement grec doit être relativisé. M. Mitsotakis a été éclaboussé pour avoir mis sur écoute des journalistes et des opposants. Un drame ferroviaire qui a fait 57 morts a mis en évidence une administration des chemins de fer encore sclérosée. Son administration a mal fait face aux feux et aux inondations, cet été. Il n’empêche. Dans un pays qui n’a émergé de la dictature qu’en 1974, il n’était pas difficile d’imaginer un scénario alternatif, où la Grèce serait sortie de l’euro en 2015 et se serait retrouvée, quelques années plus tard, plus ou moins alignée avec la Russie ou la Chine. Rien de tout cela ne s’est produit....." Mais la grande pauvreté n'a pas disparu. A Bruxelles on applaudit, mais le chantier reste immense, après la potion amère du néolibéralisme financier, qui laisse encore des traces vives ... __________________
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